Punkee & Monkee sont chez les grands-parents pour 7 dodos.
Nous sommes dans la période creuse où les camps de jours, les services de gardes et les écoles laissent tomber les parents. Toute la semaine y aura des enfants dans nos pattes au boulot. On a choisi l'exode pour les deux nôtres.
En moins de temps qu'il fallait pour écrire "jeunes célibataires" la belle et moi dévalions la rue Saint-Laurent fermée aux voitures. Ça m'a fait réfléchir à nouveau sur l'idée que l'île de Montréal devrait donner droit exclusivement aux karts de golf, aux Segway, aux vélos, aux patins et aux mobilettes de circuler et installer de larges stationnement incitatifs aux voitures. Au moins sur la surface qui couvre tout le métro. Les voitures sont un calvaire pour l'île et les rues marchantes un pur bonheur.
La rue Saint-Laurent est merveilleuse. C'est un tour du monde en quelques pas. Les parfums, les couleurs, les concerts de langues, la planète entière dans le nez, les yeux et les oreilles et tout ça chez nous. Je marchais derrière une scandinave en tentant de déchiffrer quelle langue slave discutait-elle avec son amoureux et leur papa et un sourire béat m'habitais le visage. Bon l'amoureuse pourrait témoigner que c`étais aussi en partie grâce à l'extrême minceur de sa mini-jupe et elle aurait raison mais là aussi il y a quelque chose de merveilleux.
On a retiré le mot "gai" dans ce que l'on appelle maintenant "la semaine de la fierté". Et jamais plus qu'hier n'avais-je trouvé que cette semaine avait autant de sens. Dans cette vraie première journée d'été, je n'ai croisé que des gens fiers. Des obèses en bedaines ou en micro-jupes, des quinquagénaires aux cheveux mauves, un black avec un chapeau de type gangster des années 50 rose, de jeunes hommes trop hirsutes, des filles franchement trop maquillées,un couple où lui faisait 7 pieds et elle 5 pieds 4...(et avec un nouevau-né!) beaucoup de très jolies personnes de toût âge, beaucoup de gens en manque d'amour et en besoin d'attention. C'est ça les grandes villes, c'est ce permettre tous les possibles. Et il s'y trouvait hier assurément les plus belles femmes du monde. Trop souvent en train de se prendre en photo eux-mêmes mais bon des jeunes femmes fières je suppose. Pour chaque produit jugé hautement inutile par la belle et moi on trouvait quelques mêtres plus loin un client qui en avait acheté le produit et le portais. Fièrement toujours. Comme ses lunettes en plastiques aux lignes verticales qui laissent de minces ouvertures pour y voir. Deux séries de stores vénitiens devant les yeux.
En cassant la crôute sur la terrasse du Bâton Rouge en face de la Place-Des-Arts, les gens s'installaient peu-à-peu devant l`écran géant qui allait projeter Some Like It Hot suivi de Tous Les Matins du Monde en plein air lorsque la nuit draperait le ciel de sa lumière sombre. Une parade de splendeurs mâles comme femelles à nos côtés avec la plus agréable des créatures assise à ma table. Me regardant de ses splendides yeux verts océans mer et commandant encore et toujours une assiette trop grosse pour son estomac. Plus loin, ce vieux monsieur qui danse toujours sur n'importe quel beat (électro-lounge hier) et n'importe comment. Il se bouge avec une vitalité et l'assurance que les gens apprécient ses déhanchements le rendant divertissant. Comme un petit chien fou ou un bébé qui apprend à marcher tout excité. Entertainer cherche public. Et le gagne à l'usure.
En me rendant à la voiture porter quelques commisssions improvisées j'ai acheté un livre de Graham Greene même si je cherchais un vieux Norman Mailer. J'ai failli acheter un disque de Freddie Hubbard à l'aveuglette. 200 gros sous en jeu. J'ai croisé deux adorables françaises qui se partagaient un Ipod et chantaient du Benjamin Biolay main dans la main. J'ai souri à une future mariée et à ses amies qui l`avaient déguisée en fille de Pigalle avec voile. Je crois qu'elles ont appréciées que je me limite à un sourire. J'ai croisé quelques pas plus loin un groupe de gars qui faisaient la même chose avec un futur marié et qui étaient beaucoup plus vulgaires, saoûls et aggressifs avec leur victime en couche avec des selles de dessinées sur les fesses. Je suis tombé amoureux de toutes les libraires à qui j'ai demandé mon livre de Mailer.
J'ai surtout fait un gros french kiss à une ville que j'adore démesurément.
Nous sommes allés voir Un Été Sans Point Ni Coup Sur, le dernier film de Françis Leclerc en fin de soirée. On a bien tenté de prendre un verre sur la terrasse-trottoir de Chez Roger mais la pauvre serveuse a mis plus de vingt minutes à nous amener nos consommations et on a dû filer à l'anglaise pour ne pas manquer notre film. La nuit étais si belle. Et ma compagne si délicieuse avec les étoiles dans ses yeux qui surclassaient toutes celles du ciel onctueux Le film me faisait à nouveau réaliser à quel point nos artisans peuvent être talentueux par chez nous. A regarder la télé on se convainc souvent du contraire. Le film est d`abord un livre que je voulais lire (et que je lirai peut-être quand même)de Marc Robitaille. Un voisin d'un de mes plus grands copains qui a situé l'action (autobiographique)dans le champs où deux de mes copains d'enfance et moi allions frapper des balles de baseball plus jeunes. Tout juste si nous ne faisons pas parti de l'histoire nous-même.
Tant de repères. Tant de voyage dans le temps. Tant de noms associés à mon passé. Tant d'amour dans une même journée.
J'ai regretté de ne pas avoir les enfants avec nous.
Mais quand on se promène avec son amoureuse et ses maitresses, les enfants ne devraient pas jamais impliqués de toute façon.
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