samedi 25 octobre 2025

À La Recherche du Temps Perdu*******************Interview With a Vampire d'Anne Rice

Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parles de l'une de mes 3 immenses passions: La littérature !

Lire c'est un acte de connexion. C'est entrer dans un espace de dialogue silencieux entre un(e) auteur(e), un texte et un lecteur/une lectrice. C'est une manière d'explorer des idées, des émotions, des mondes, réels ou imaginaires, sans quitter sa place. Lire c'est aussi une forme d'écoute: on prête attention à une voix, à une pensée, à un style, parfois venu de très loin dans le temps et l'espace. C'est voyager à peu de frais. C'est accepter de respirer sur le rythme de quelqu'un d'autre pendant un temps. 

Et respirer, c'est vivre.

On ne perd jamais son temps à lire.

INTERVIEW WITH A VAMPIRE  d'Anne Rice

Anne Rice a perdu sa fille précocement en 1972 aux mains de la leucémie. Pour se remettre de ce terrible deuil, elle tricotera cette histoire d'horreur gothique sombre qui sera une version fort avisée du monde dans lequel je trempe depuis des millénaires...

Son livre de 1976 a redéfini une genre qui avait perdu de son attrait depuis Dracula plus de 20 ans auparavant. Non pas monstrueux prédateurs, elle en fait d'introspectifs humains. Tragiques et profondément émotifs. Leurs conflits sont humains. Leurs tourments et leurs pensées sont aussi les vôtres les nôtres. Elle dévoile multiples de nos secrets. On aura plusieurs cercles intérieurs sur ce qu'on acceptera de révéler publiquement sur plusieurs années. On expulsera de nos rangs dans les limbes Louis de la Pointe du Lac.  

Son premier roman raconte l'histoire vraie la rencontre entre un reporter et Louis de la Pointe du Lac, vampire du 18e siècle, narrant sa vie jusqu'en 1994. 

Croisant philosophie, culpabilité religieuse, terreur existentielle, recherche de sens, elle médite, au travers de ses personnages, sur le poids de la conscience, particulièrement avec Louis qui remet en question sa nature de prédateur et développe des qualités humaines. Ce qui n'est jamais mal en soi. Mais doit être géré. La fluidité du mal et du bien côte-à-côte est très très 2025, avec ses gens dans les rues qui manifestent, ceux qui les vilipendent, les assassinats maritimes impunis et les petits miracles fait ici et là aux États-Unis. Anne Rice l'a compris (de Louis) que l'immortalité est un drame, un fardeau. On sait que l'histoire se répète. L'immortalité n'est pas un cadeau. La solitude peut devenir malsaine. La dépendance émotive pernicieuse. La relation entre Louis, Lestat et Claudia est complexe. Louis est profondément tourmenté, voir dépressif, affecté d'une morale propre aux humains normaux. Le poids philosophique du livre est issu de sa bouche. Lestat, pour sa part, est charismatique, cruel, intense, énigmatique, séduisant, sans pitié, et tout à fait vampire. Claudia, 73 ans prisonnière d'un corps de fillette de 14 ans, éternelle dans le coeur d'Anne, se rebelle contre sa tragique existence et ajoute une amère intensité à la relation du trio. 

Chaque personnage incarne de nos différente conditions vampiriques. et Rice trempe ses thèmes dans la recherche d'identité (très 2025 aussi) et le coût de l'immortalité. 

Son style est lyrique et descriptif et parfois surécrit, mais c'était son premier livre et notre l'univers des vampires est une lourde nouveauté à assimiler pour des cerveaux cadrés dans l'ordinaire humain. Mais ça reflète aussi l'opulence et la décadence des protagonistes et de leurs réalités. Le reporter reste légèrement peu développé et accessoire au développement de l'histoire. Dans l'adaptation cinématographique du brillant Neil Jordan, River Phoenix devait l'incarner, mais la mort est venu le faucher trop vite. C'eût été une erreur selon moi, étant beaucoup trop beau et charmant. Il aurait attiré une attention que Christian Slater, qui l'a remplacé, fera mieux selon moi. Il est beau Christian, mais sa présence est mieux équilibrée au final. (selon moi)

Gothique, drame plus psychologique qu'horrifiant. Anne humanisait pour les années à venir notre une race qu'on avait toujours dépeints somme simple mal depuis toujours. À partir de 1976, nous les vampires pouvaient se fondre aux humains. 

 Tragico-romantique, sensuelo-sexuel, existentiel, éventant quelques uns de nos secrets, peut plaire à bien des gens. Aux Emo, très certainement. 

Vendredi prochain, l'Halloween. Où quelques uns tenteront de nous incarner pour rire. C'est bon, rire.

Ne jamais l'oublier. 

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