lundi 27 octobre 2025

Kétamine

Avec cet imbécile comme président d'un endroit que certains appellent "l'Amérique" même si nous sommes tout aussi Américains qu'eux, on a tous besoin d'évasion. Il ne se passe pas une seule journée sans qu'on ait envie de lui péter la gueule. Pour des raisons différentes chaque fois. Vendredi, après une crise juvénile suite à des images qui montrent Ronald Reagan décrier le concept des tarifs, en 1987, crise qui lui a fait couper les ponts pour des négociations commerciales avec le Canada, on a vu des images de lui niant connaitre le fondateur de Binance, condamné depuis 2023 à la prison pour blanchiment d'argent, car la crypto, c'est ça, déguisé autrement. 

Le président dément connait très très bien Changpeng Zhao qu'il vient de pardonner, car toutes ses entreprises et toute sa famille sont gérées par ce criminel, Entre filous, on joue doux. Le président crétin s'est justifié en disant qu'il n'était coupable de rien finalement, "celui qu'il ne connaissait pas", oubliant que Zhao avait plaidé coupable à tout ça. Zhao pourra tricher en toute impunité entre escrocs. Le même jour, on parlait du 3e mandat de l'imbécile. Folie qui doit être aussi vraie que l'annexion du Canada aux États-Unis. Une pensée stupide qui ne se réalisera jamais. 

Les hors-la-loi sont au pouvoir. On a besoin d'évasion sociétaire plus souvent. 

Il y a ce morceau de 1992, que j'ai découvert seulement cette année, occupé en 1992, à tomber en amour avec celle qui partage ma vie encore aujourd'hui, de la formation Drop Nineteens, qui sera peut-être la chanson que j'aurai le plus écouté cette année. Spotify me le confirmera bientôt. 8:55 de pure bonheur pour moi. Parfaitement aérien. Avec un passage vocal parlé vers le milieu que je croyais de la part de la jeune modèle sur la pochette qui semble avoir à peu près 19 ans, ce que la femme sur la chanson, dit. Mais en creusant, ce serait plutôt la co-chanteuse du band, Paula Kelley, qui avait 2 ans de plus que 19 ans, en 1992, et qui a une soeur. Ce qui est aussi raconté dans la chanson Kick The Tragedy. Qui porte bien son nom. J'ai envie, tous les jours, de botter toutes tragédies. Car on en a tous les jours relayées de partout. Trop. Le simple visage de leaders politiques peut être perçu comme de véritables tragédies tellement le moulin a vent mondial vire mal. 

On a besoin de ruptures. Et avec nos semaines d'idiots au boulot, j'ai encore plus besoin de choses qui iront changer ma structure de pensée, dont les nuits me font parfois victimes de moi, en train de penser que je travailles. 

La musique, beaucoup, beaucoup, beaucoup, all day, mais aussi les films, très très très souvent, les livres aussi, ont des effets de kétamine sur moi. Je le sens comme ça pour l'esthétique hors du commun mais aussi pour la forme qui se rapproche plus près de l'expérience que du désir d'impressionner. Leurs logiques, leurs rythmes, leurs cadrages,  leurs lumières, leurs mise en scène, leurs plongées dans les consciences. 

Twin Peaks et tous les films de David Lynch, ceux de Stanley Kubrick les 12, que j'ai aussi, sont comme ça pour moi. L'angoissant inexpliqué, l'irrationnel,  la part sombre chez l'Homme, l'ambiante électricité qui menace toujours de tout faire brûler, les brouillées identités, souvent dans le même personnage, les dopplegänger qui ne sont pas réponses à des mutations. Le temps comme un écho. Le rêve, comme on les vit, passage conscient/inconscient Mullholland Drive, le film de gens qui veulent être dans un film. Jusqu'à ce que le film les mange. La personnalité qui se scinde en deux. Le deuil qui plane. La logique qui fraye mais laisse beaucoup de choses en suspens. La boite qui ouvre mais qu'on ne sait pas à quoi elle mène comme nos têtes ouvrent leurs sens dans l'absolu. Tu es personne et pourtant ça fait mal. La dissociation comme dans Lost Highway. La perception, traffiquée quand on est un artiste et qu'on a tant de regards sur soi. Tu étais quelqu'un, puis tu ne l'es plus. Tu es dans une maison dans laquelle tu n'a jamais vécu. Ce n'est pas complètement l'amnésie, c'est l'instabilité mentale. Le miroir difforme.  

Dans Altered States, de Ken Russell, l'ego meurt en clinique avant d'être un code à barres. On ne voit pas complètement un voyage hallucinogène, on voit l'échafaudage d'une identité qui se fond en protomatter. Des hommes champignons. De la régression animale, chimpanzée.  Le désintégration factice comme rituel religieux par la science et la fragilité humaine. Le piège chimique. 

Westworld, le film original. Des hommes (surtout) riches comme ils sont dorlotés en ce moment aux États-Unis, se paient des fantasmes dans des aires d'époques peuplées par des robots qui leur feront revivre le far-west, les époques victoriennes ou autres, jusqu'à ce que les robots dysfonctionnent et veulent prendre le contrôle. Parfait Yul Brenner. Encore aussi pertinent qu'Handmaid's Tale pour leur pertinences métaphoriques. On ne se doutaient pas. On avait été avertis.

Woody Allen 27 fois en DVD, Oui je l'adore. Tout Kubrick. Parce qu'il a peint sur pellicules les plus belles images qui ont révolutionné le cinéma. Il était parfait. Visionnaire. Humaniste. Perfectionniste. La lumière était magique dans ses films. Son cerveau comme une horloge mécanique scintillante qui nous apprenait à réfléchir. Paysages de rêves qui m'offrent des voyages, tellement, mais tellement pas chers.  

Antonioni, Fellini, Tarkovsky, Paolo Sorrentino, Tim Burton, Wes Anderson, Cronenberg, tant de portes qui s'ouvrent...

Quand j'ai finalement vu le clip de Kick The Tragedy, j'ai encore plus aimé. J'ai même presque été ému.

Parfois les clips tuent les morceaux musicaux parce nous amenant ailleurs que là où on allait au son.

Mais cette fois, le clip est tout simplement parfait. 

Guérisseur.

Kétamine.    

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