dimanche 9 février 2020

Entendez Vous les Chinois Chanter?

La mort (du coronavirus) du jeune médecin de 34 ans Li Wenliang, qui avait annoncé la gravité du coronavirus aux autorités chinoises, fait capoter un peu tout le monde. Les Chinois surtout.

On parle là-bas de la mort d'un martyre.

Rappelons nous que lorsqu'il a alerté le gouvernement du mal à venir, il a d'abord été arrêté pour avoir lancé de fausses rumeurs et avoir tenté de déranger l'ordre social.  Avant d'ensuite avoir été libéré et pris au sérieux. En traitant les malades, il a lui-même contracté le virus et en est décédé la semaine dernière. C'est l'émoi partout.

Le deuil a fait place à la colère. Et aux demandes express à la liberté d'expression. Fortement réprimée en Chine. Les protestations sont vite étouffées par les autorités gouvernementales.
Le Parti Communiste, reconnu pour sa discipline interne brutale et sans compromis, a annoncé vouloir envoyer des enquêteurs à Wuhan, épicentre du virus, afin d'écouter ce que les masses ont à dire sur la mort de Li. C'est une manière de garder le pouls du peuple entre ses doigts. Et de peut-être ficher aussi les frustrés.

Comme par le passé, dans les scandales au niveau de la santé publique,  le gouvernement chinois risque de limoger quelques officiels locaux afin de doser la colère et garder le couvert stable sur la marmite qui bout.
Le vrai problème est ailleurs.

Les Chinois veulent être respecté dans la liberté d'expression.

Il y a 16-17 ans, lors de la crise du SRAS, qui avait aussi sa source en Chine, 8000 personnes en était mortes et 800 autres sur 17 pays différents. On a nié le problème pendant des mois avant qu'un autre docteur n'expose le problème et que ça sorte des filets serrés du contrôle gouvernemental.

La Chine n'a rien apprise de cette crise.

Malgré l'épanouissement et le développement des réseaux sociaux, le contrôle de l'information en Chine est plus serré que jamais. En 2013, le document #9 du Parti Communiste ordonnait aux cadres d'identifier 7 prétendues influences subversives sur la société. Parmi elles, les notions occidentales de liberté de presse, les valeurs universelles des droits humains, les droits civiques et les participations civiques. À même le Parti Communiste, des mesures disciplinaires étaient prévues contre ceux et celles qui auraient fait valoir une opinion différente du leadership.

Li a été arrêté quelques jours après avoir annoncé, le 30 décembre dernier, que 7 travailleurs d'un marché local d'animaux avait contracté un virus parent du SRAS, et étaient maintenant en quarantaine. Il a dû signer une humiliante rétractation disant que si il restait têtu et refusait le repentir en continuant ses activités illégales, il serait discipliné par l'État. Il est mort de ce qu'il prévenait.

Quelle horrible fin de vie. Moins de deux mois plus tard, celui qu'on ne voulait pas entendre chanter est parti pour le ciel.

Si on tape trop vite au clavier "Chine", parfois ça donne "Chien".

L'économie Chinoise est aujourd'hui 8 fois plus forte que celle de l'époque du SRAS, mais les droits sur la liberté d'expression n'ont pas suivi la croissance. Ils auraient même régressés. L'argent ne règle pas tout.

Si le Dr. Li avait vécu dans une société où les citoyens pouvaient s'exprimer librement sans crainte d'être puni pour avoir exposé un problème que les autorités ne voulaient pas voir, et si son alarme avait alors été prise au sérieux dès le départ, le virus serait peut-être aujourd'hui maîtrisé. Au contraire, au moment d'écrire ceci, on atteint les 800 morts et on a infecté autour de 40 000 autres dans le monde. Et le virus, qu'on disait moins dangereux que le SRAS, n'est pas encore maîtrisé.

Si la liberté d'expression est toujours réprimée en Chine, si ce type de base sociale est toujours non respectée, ce type de crise va se reproduire plusieurs fois. Et la magnitude de la globalisation fera de ces crises des crises toujours plus grandes. On a déjà battu les chiffres du SRAS.

Pas mal pour une maladie "moins pire" non?

L'absence de liberté des citoyens Chinois est au coeur de ce désastre.

On entend ici les échos de l'homme libre en Chine.
Mais en Chine, on fait la sourde oreille.

Que les chaînes se brisent dans l'Empire Céleste.

 

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