jeudi 2 août 2018

Papier Bulle

J'ai entendu la plus belle expression pour décrire quelqu'un cette semaine.

"T'es mon papier bulle"

Je ne crois pas que ça a été dit comme ça, mais je l'ai entendu comme ça. On parlait de confort. De quelqu'un qui est là pour vous. Pour vous protéger. Comme un papier bulle empêche un produit de se briser dans la circulation d'une livraison.

Cette phrase (non dite, sinon par moi, dans ma propre tête) m'est revenue plusieurs fois en mémoire. Je voulais la dire à l'amoureuse. En fait, je voulais lui dire "Je suis ton papier bulle". Mais je ne l'ai pas fait. Premièrement parce que mes journées, du lundi au jeudi, sont ignobles. Je ne vois presque personne et je cours après ma queue comme un âne court après la carotte qui lui est attachée dans le dos. Comme un christ d'innocent. (cette chronique sacrera).

Lundi, ma journée a débutée à 5h38. J'ai repunché en soirée à 19h03. 78 adresses de livraison. 283 kilomètres. 4 municipalités. Mais voilà, le match de soccer de ma fille, équipe pour laquelle je suis (contre mon gré) assistant entraîneur, commençait son match à 19h30. Je ne me suis pas rendu à temps. En retard de 6 minutes. Et ma fille qui ne joue même pas puisqu'elle est en France encore jusqu'à dimanche.

J'ai oublié pas eu le temps de manger convenablement, mais surtout de boire. Faisait chaud. J'ai passé très près de m'évanouir. À la fin du match il était 21h29. Je rentrais à la maison. Dans le pire des états. Pas vu l'amoureuse. Pas pu lui parler de papier bulle. J'étais trop celui des filles de l'équipe de soccer de ma fille.

Mardi a été une rude journée de 11h55 de travail. Trop de gens en vacances à l'entrepôt, mal géré, donc on travaille trop. Additionnez le nombre d'heures des deux premières journées. Qu'y comptez vous? De la fatigue extrême. C'est ce qui m'attendait mercredi matin. Et à 8h57, camion en main, j'ai bien arraché le pare-choc d'une voiture garée en coin dans une ville où les rues sont beaucoup trop petites pour mon camion beaucoup trop gros. Pour bien faire les choses, j'ai aussi écorché le flanc de sa voiture.
Oh oui, tout est couvert par la compagnie, mais ça m'a mis dans un état de total choc. Je n'ai jamais vécu une telle chose. Je ne savais même pas comment remplir un constat à l'amiable. Je l'ai appris. Tremblant comme une feuille. Respirant difficilement.

J'ai surtout géré un ascenceur de panique montant à une vitesse effrayante. Toutes les heures qui ont suivi. Si moi j'étais bouleversé, le pauvre travailleur conctractuel qui a assisté à ma mégarde, impuissant, qui n'avait rien demandé à personne, voulait tout simplement me tuer. Je l'ai invité à le faire. Il n'y avait donc pas seulement moi qui transpirait la potentielle panique.

J'ai jamais tremblé autant. L'angoisse me tétanisait. J'ai failli vomir.

Chrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrist que je lui ai déconcalissé son char. Il avait des raisons de me tuer. Ma journée en est morte. Vers 12h55, je suis revenu à l'entrepôt. Après avoir freiné l'ascenceur de la panique dans un silence de moine et avec une hypersensibilité auditive et visuelle qui m'ont crevé mais complètement crevé. Vers 14h00, mon corps sentait qu'il était plutôt 4h00 du matin. J'en avais le vertige.

J'ai complètement perdu la notion du temps. J'ai quitté vers 17h, dans un état de fatigue inégalable. J'avais tellement peur au volant. Mes sens étaient hypervigilants. Beaucoup trop aiguisés. Je réagissais à tout. On échappait un marteau au sol et je sursautais. Chaque son me rendait trop alerte.

J'avais tout de même bien géré ma panique intérieure. Il y a bien pire ailleurs dans le monde. Mais dans le mien, ce jour-là., c'était la mort.

Voilà, c'était donc moi qui avait besoin d'un papier bulle. Hier.

Mais y a toujours quelques petits cons qui s'amusent à péter les bulles une par une. Malicieusement.

Je tombe en vacances en fin de journée today.
Chrrrrrrrrrrrrrrrrrrrist que je suis dû.

Qu'est-ce que ma vie me draine.


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