dimanche 2 juillet 2017

Simone Jacob Veil (1927-2017)

On ne choisit pas l'époque dans laquelle on naît.
Mais on peut choisir comment on la vit.

Quand la France déclare la guerre à l'Allemagne, en 1939, Simone a 12 ans. Son père, d'origine juive, perd le droit d'exercer sa profession sous le régime de Vichy. La famille fuit vers Carcassonne avec un oncle et une tante. La famille subit peu à peu les contrecoups de la ségrégation anti-juive. Maman est toute aussi juive que papa. Les Jacob sont tous juifs. Bien que les enfants soient très actifs parmi les scouts et guides, la ségrégation est réelle.

À 16 ans, sous la fausse identité de Simone Jacquier, à Nice, elle est arrêtée. Dans les heures qui suivent, le reste de la famille aussi. Sa soeur Denise est envoyée in extremis dans un réseau de résistance à Lyon, mais sera aussi déportée à Ravensbrück, mais survivra.  Simone en reverra jamais plus ni son père, ni son grand frère. Sa mère, sa soeur Madeleine et elle sont envoyées à Auschwitz. Un soldat français lui conseille de dire qu'elle a 18 ans afin d'éviter l'extermination. Elle y fera du travail forcé. En juillet 1944, les trois femmes sont transférées à Bobrek. Sa mère meurt du typhus. Madeleine, atteinte de la même chose, est sauvée de justesse par la libération des alliés.

Simone, Madeleine et Denise sont les seules survivantes de la Guerre de leur famille. À son retour en France, elle est tout à faite prête de parler de son horrible expérience mais à l'impression que personne ne veut entendre leurs histoires. Parce qu'elles sont femmes.

Seule diplômée de l'Académie en 1944, la veille de son arrestation, elle s'inscrit avec succès à la Faculté de Droit de Paris et à l'Institut d'Études Politiques de Paris. C'est là qu'elle y fait la rencontre d'Antoine Veil futur inspecteur des finances et chef d'entreprise qu'elle épouse en 1946.

Sa soeur Madeleine se tue avec son fils, en voiture, rendant visite à Simone. Ceci l'atterre. Antoine et Simone auront 3 fils.

Elle passe avec succès le concours de la magistrature en 1956. Elle sera haute fonctionnaire à l'administration pénale jusqu'en 1964. Elle y protègera la vie de plusieurs prisonnières de la guerre d'Algérie, pendant le conflit, en les transférant de cellules afin de ne pas les exposer aux mauvais traitements et aux viols. Elle passe ensuite aux affaires civiles. Elle sera du conseil d'administration de l'Office de radiodiffusion-télévision française (L'ORTF). Elle s'opposera à la diffusion du documentaire The Sorrow & The Pity qu'elle juge injuste et partisan.

Elle sera nommée ministre de la santé dans le gouvernement de Jacques Chirac où elle brillera en dépénalisant l'avortement. La loi dépénalisant tout ça entre en vigueur en janvier 1975. l'hypocrisie est immense alors que la haine suscité par la décriminalisation de l'avortement offre des orateurs qui sont contre l'idée, demande aussi en privé des adresses pour faire avorter leurs maîtresses.
 Elle rééquilibre les comptes de l'Institut Pasteur et met en place des aides financières à destination des mères en bas âge. Dans une société lente sur la progressions des relations hommes-femmes, elle fait faire de très grands pas à la reconnaissance sociale des femmes de France. Elle fait aussi échouer le projet de retour forcé en Algérie de 100 000 Algériens. Elle sera présidente du parlement européen.

Elle fait beaucoup pour les femmes, pour la France, mais restera rétrograde à l'égard des minorités sexuelles. Elle s'opposera au mariage homosexuel et à l'homoparentalité en France. Ce qui reste une aberration de nos yeux d'Amérique. Elle ne reconnaît pas non plus le mouvement aujourd'hui connu sous l'acronyme LGBT.

Elle s'oppose (heureusement) à l'idée d'associer la mémoire d'un enfant juif assassiné dans la Seconde Grande Guerre, à chaque enfant de France. Tout son engagement sera toujours hanté pas la Shoah.

Retirée de la vie publique autour de 2007, elle sers votée femme préférée de la France en 2014.
En 2008, elle devient la 6ème femme (seulement) à être élue à l'Académie Française.

La France aura perdu une femme d'exception, un grand témoin et une militante de toute sorte, surtout de la mémoire de la Shoah, qu'elle a vécue de trop près.

La France honorera sa mémoire nationalement mercredi prochain.

C'est dire l'importance qu'elle aura eu pour son pays.

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