dimanche 16 juillet 2017

Escalader Les Murs, Toi & Moi

"These are the days, it never rains, it pours"
-F.M. & D.J. 

Mon père était hyperactif. J'essaie de concentrer cet héritage filial de manière cérébrale.

Les horizons nous semblent en ce moment diffus, l'amoureuse et moi. Comme parents nous vivons un titanesque défi par rapport à notre fille. Le stress est immense. Des résultats la concernant d'ici la fin juillet détermineront les conditions de la santé mentale de notre famille pour des années à venir. L'amoureuse et moi ne faisons que freiner des attaques de panique. Nous sommes bien seuls, mais côte à côte dans tout ça.

À moitié éveillé et presque mort, je me comporte comme mon père le jour de sa mort. Le 17 décembre 2009, Bevan Jones allait régler pour une toute dernière fois la vente du chalet du Lac St-Joseph. Dans la même foulée, lui et ma plus jeune soeur, Greenjelly, le même matin, en arrivait aussi à un accord entre eux, sur des prêts et des transactions financières récentes. Ensuite, il allait jouer au volley ball avec des amis de mon autre soeur, Janiper Juniper, puis, tout de suite après, disputait un match de hockey, au terme duquel son corps lui disait c'est assez pour moi. 365 jours intenses comme ça par année, je démissionne.

Je me fais des journées du genre en zone de stress. Jeudi dernier, j'ai fait une journée à la Bevan.

C'était le Festival d'Été de Québec pour lequel, l'amoureuse et moi nous étions acheté un laissez-passer que nous avons honoré jusqu'à hier. De 273 kilomètres plus loin.

Rendu au jeudi, avec des journées de travail à la ville de plus de 10 heures, la route, avec la vie dans le chemin, et l'angoisse au coeur, j'étais nettement crevé. Physiquement et mentalement. J'ai bossé de 5h30 à 13h30 à l'entrepôt de Montréal.  Puis, j'ai réussi à m'extirper du boulot pour ensuite quitter vers Québec, dans un trafic anormal, (J'en quittais un pour en trouver un autre!), qui me ferait faire la run d'habituellement 2h30, en 4 heures. Me rendant avec des amis pour 19h00 sur le site du spectacle de The Who, je coordonnais avec l'amoureuse nos déplacements.
L'amoureuse avait choisi de travailler auprès de ses clients de Québec, depuis le mercredi d'avant dans la zone du 418, couchant chez sa maman. Prisonnière du bureau jusqu'à 19h00, nous ne voyions pas comment on ferait pour se trouver dans la jungle de la foule. Jungle qui n'était pas encore celle de Metallica le lendemain, mais qui restait un important défi. Jusque là, pure fun me diriez vous?
En partie.

Parce  que le dessin de ma journée se résumait à un homme en voiture. Depuis 5h00 le même matin. Puis, à pied avec des amis avec lesquels on passera de délicieuses vacances à partir du 10 août prochain. Ceux-ci avaient d'ailleurs très envie de partager la frénésie de ce moment à venir. Ce que je m'empêchais de vivre pleinement, toujours étouffé par un stress sur lequel nous avons une emprise limitée.

La magie de nos téléphones nous as permis de communiquer dans la gigantesque foule avec plusieurs autres amis, sans les voir pour autant, aussi sur place pour voir et entendre le légendaire groupe rock qu'on a pas présenté sur scène. Ce qui me laisse croire très fort que The Who était probablement le groupe le plus insupportable dans le conflit de l'affiche du Festival. Affiche qui a été abandonnée quand les équipes de marketing des bands ne sont pas arrivés à une entente sur qui aurait le plus gros lettrage sur la dite affiche maudite. (Éradiquée cette année, je le répète).

L'amoureuse a réussi à se frayer un chemin, toujours grâce à la magie des téléphones, et sous la douce lumière d'un lampadaire, nos regards de parents fatigués se sont retrouvés. Le spectacle ne l'a pas épaté, les morceaux qui lui plaisait le plus ayant été surélectrifiés. La voix de Daltrey étant plus bluesy que haute, et le band restant toujours au seuil de l'impatience par rapport au son du spectacle. Ombre de diva, planant sur le devant. La guitare de Townshend a été formidable, la batterie de Zak Starkey (fils de Ringo Starr) était extraordinaire. Il avait les souliers de l'animal Keith Moon à chausser et l'a fait oublier tellement il était grandiose. Eminence Front a été le moment fort de la soirée (Townshend se plantant vocalement avec un "Teenage Wasteland" sec, court et à bout de souffle, lancé au micro qui trahissait ses 72 ans un peu plus tard). Mais en somme, c'était un grand rendez-vous avec deux hommes qui ont bouleversé l'histoire du rock mondial.

La fatigue a fait son chemin dans mon corps qui devait retourner 273 kilomètres plus loin...

...le soir même!

Car dès 5h30 le lendemain, je me levais pour travailler comme col bleu.
(Venez dire maintenant qu'on ne se donne pas!)

J'ai conduit dans une nuit bercée de pensées envers mon défunt père. De prières.
Afin qu'il vienne en aide à ma fille.
Je trempais dans l'irradiation d'un cauchemar qui n'est pas obligé de se produire.

Je suis rentré à 2h48 du matin, me suis aussitôt couché, pour me relever 2h45 plus tard. Travaillant vendredi jusqu'à 14h30.

Mon coeur ne me le pardonnera plus un jour.

Je suis traducteur, col bleu, blogueur, amoureux, vampire, martien mais surtout papa ces temps-ci.

Et jamais je ne l'oublie.
Ce mur sera anéanti, mes chéries. Parce qu'ensemble, on le surpassera. On réinventera le monde ensemble, on bâtira de nouvelles rues.

Quand les résultats entreront, peu importe ce qu'ils seront. nous pleureront. Nous déferont les noeuds.
Parce que tout ce qui s'accumule en nous est une montagne de nerfs qui se tendent.

Une montagne ça se conquiert.
Aide-nous, mon père.

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