Le lendemain matin, son ministre des finances, Bill Morneau a fait la même chose avec son énoncé économique (comme on les appelle de nos jours).
"Dessine-moi un mouton" demande le petit prince lors de sa première rencontre avec le narrateur du classique de la littérature française. Après quelques essais infructueux, le pilote lui dessine finalement une boîte et suggère à l'enfant que le mouton s'y trouve dedans.
Morneau, échoué dans le désert morose de notre économie, nous est arrivé avec une boîte lui aussi, sous la forme d'une banque fédérale afin de financer les projets majeurs d'infrastructures.
Tout de suite, Néo-Démocrates et Conservateurs, deux partis sans chefs de tribus. ont tous deux discrédités l'idée en disant que c'était une manière déguisée de privatiser les infrastructures canadiennes déjà en place.
L'idée ne se mettra pas en branle avant 2018 et ça prendra une autre 10 ans avant que les Canadiens puissent prendre la mesure de leurs investissements. Les remontrances de l'opposition sont de bonne guerre. Ils auraient critiqué peu importe l'annonce, c'est la nature de l'opposition. Mais cette fois ils ont un peu raison. Il s'agit d'une diversion d'attention politique.
Comme toute annonce d'énoncé économique, on se flattait de vertus auto-proclamées et on parlait de projet avec optimisme dans pas plus loin que...2028. Comme si les Libéraux s'y trouveraient assurément...
Mais..,mais...mais de quoi n'avons nous pas du tout parlé donc?
Oui, cet éléphant blanc dans le salon rouge?
L'équilibre budgétaire, lui? ce n'est plus un souci?
Avec l'économie actuelle en Amérique du Nord, aucun des partis n'auraient nécessairement mieux fait que les Libéraux et leur déficit de 29 milliards au printemps dernier. Harper, au même endroit que Trudeau en ce moment, dans son mandat de 2009, avait un déficit de plus du double. Mais il faut dire, à la défense de Harper, que l'économie du monde entier plantait aussi à ce moment.
Par le passé, Brian Mulroney, a eu toute la misère du monde à joindre les deux bouts pendant toute la durée de ses deux mandats en raison du trou économique monstrueux dans lequel Trudeau, père, avait laissé le pays. Ce n'est que vers la fin des années 90 que l'on remonte à la surface et que le Canada peut se garder la tête hors de l'eau. Mais reste en dette. Pas de quoi pavoiser. Chrétien/Martin doivent prendre des mesures drastiques et impopulaires pour y arriver. Les Conservateurs de Harper ont considérés les déficits comme des maux nécessaires et si ils avaient pu ne pas en parler, ils l'auraient bien fait. Mais l'éléphant est dans le salon. Ne pas en parler? pas question.
Et bien pour l'équipe de Justin, qui avait annoncé presque avec honneur qu'ils crééraient des déficits. il tient promesse. Pas un mot sur l'équilibre budgétaire. On est prêt à vivre à crédit pour un mandat, un second, un troisième et même un fort improbable quatrième puisque que l'on a planifié pour 2028.
Trudeau fils suit les traces de Trudeau père qui a mis le pays dans le trou pour toute une génération (la mienne, qui est aussi celle de son fils, entre autre).
Quand les journalistes posent les questions que je me pose, Morneau répond vaguement, semblant consulter une boule de cristal fort brouillée. Il semble surtout désintéressé.
Même quand Trudeau père saignait le pays, son gouvernement parlait d'échéance et de projets de remboursement de la dette. Il faut remonter à la fin des années 70 pour trouver un ministre des finances qui ne parlerait pas de l'équilibre budgétaire.
Le silence autour du déficit fait peur. D'autant plus que les milliards mis de côté en cas de détérioration majeure ont tous été dilapidés dans les derniers mois. Le Breixit a eu un impact. Une victoire de Donald Trump demain serait aussi une catastrophe économique mondiale, notre économie pourrait y goûter très tôt.
Pour le moment, le gouvernement de Trudeau fils traite le déficit comme une bagatelle, seul le temps nous dira si il ne s'agit pas plutôt d'une insouciance qui laissera les prochaines générations dans la dèche.
La pomme ne semble pas tomber très loin de l'arbre.
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