Parce que pas de pub parce que court 22 minutes.
Scénarisé par Kim Lévesque Lizotte et Louis Morissette.
Je l'ai commencée, emballé par l'idée, que j'imaginais plus progressiste, plus osée, plus indépendante des idées préconçues sur les femmes. Je la suis encore afin de me rendre jusqu'au bout. Des fois qu'il y ait une trouvaille. Mais je ne vois pas beaucoup le côté Simone de Beauvoir auquel le nom de la série fait allusion. Et je dois avouer que de voir des gens texter à tout bout de champs, je ne trouve pas que ça fait de la bonne télé. Je m'attendais à plus de Mary Louise Parker dans Weeds. Plus de chien et moins de politically correct.
Au 9ème épisode on dit enfin quelque chose comme "eille, 50 ans de lutte pour l'égalité pour en arriver à ça, wow!"
Cette phrase est à la fois un lourd cliché, et à la fois très applicable à la série. Nous y suivons les crises existentielles de trois jeunes femmes, très différentes les unes des autres, et une quatrième en banlieue, mais toutes liées entre elles, surtout par les hommes.
Je pensais y trouver des femmes plus intéressantes d'elles-même.
C'est là que leur existentialisme me décourage un peu. Mais je préfère encore mieux un essai du genre (non terminé de toute manière) à bien des rôles féminins au Canada anglais ou encore aux États-Unis.
Je voulais me tromper mais je disais bien, avant Trump, que les États-Unis n'étaient tout simplement pas prêts à élire une femme comme Présidente. Les É-U. sont beaucoup trop sexistes.
Leur séries télé le sont d'une manière assez subtile et perverse.
Explorons le pernicieux de la chose.
-La sexualité des femmes est encore méconnue:
Hollywood se vante d'explorer les transgenres et les homosexuels, mais quand vient le temps de parler du simple désir sexuel des femmes, la télé est encore extrêmement conservatrice. Les femmes seront plus souvent brutalisées, kidnappées, violées, assassinées ou tout ça en même temps, bien avant d'initier une toute simple relation sexuelle. La sexualité y est traitée comme on le faisait dans les années 40. Comme une hantise. Un piège.
Pensez à comment les hommes ont du sexe à la télé. Ils baisent, ils se sentent fameusement bien. et deux choses surviennent: ou bien il sont traités en champion, ou bien on se moque d'eux parce qu'ils fûrent moches au lit (ou pire! il a couché avec une fille jugée laide!!!). Mais pour une femme. le concept de plaisir dans le sexe reste inexistant.
Le sexe est d'abord terrifiant. True Blood* et toute série sur les vampires traite toujours de sexe. Et on frisonne sans arrêt. Le plaisir sexuel féminin semble un concept parfaitement nébuleux aux auteurs de séries. Regarder simplement une série comme Game of Thrones. Le ratio hommes nus/femmes nues est largement disproportionnés. Et on frôle le moins de 10% quand vient le moment de trouver une femme dans cette série, initiant l'acte sexuel, ayant du plaisir à faire l'amour ou étant même tout simplement consentante.
Ce qui était peut-être propre à l'époque se défendra-t-on, mais qui y était pour en témoigner?
Ça pue le fantasme projeté.
-Les femmes n'ont plus besoin d'être obligatoirement des mères.
En fait oui, elles doivent l'être...
Des enfants c'est merveilleux. Mais en télé, doivent ils absolument être une finalité en soi pour un personnage féminin? Ce qui est parfois complètement farfelu. Prenez la série Park & Recreation. avec le personnage d'April, la jeune stagiaire toute juste sortie de l'adolescence, incarnée par Aubrey Plaza. Son personnage ne parle aucunement des enfants pendant TOUTE la série, il est même plutôt inimaginable de la penser mère tellement de simples responsabilités lui échappent grossièrement. Voilà qu'en 5 minutes, pendant l'épisode final, on lui tricote une maternité, en panne d'idées.On fera aussi de Leslie une mère dans les saisons suivantes. Mindy Kaling fera la même chose dans son Mindy Project, comme on cocherait la case "développement du personnage féminin" davantage qu'en suivant une cohérence caractérielle du personnage. Mindy n'a pas d'excuses, elle écrit les épisodes.
Dans How I Met Your Mother, on passe 9 saisons à regarder Robin faire la paix avec l'idée qu'elle ne pourra pas avoir d'enfants et que de toute manière, elle n'en aurait pas voulu, puis elle fait la rencontre de Ted et se voit imposer deux enfants. Pendant ce temps, Lily peine dans son rôle de mère et voudrait souvent tout laisser tomber. Ce qui est un portrait réaliste du rôle de parent. Mais je dis bien parent. Dans la série, tous les papas sont cools, travaillent fort et font la fête. Pas les mamans.
-La Menstruation explique toujours une attitude et un comportement jugés déplacés.
Ce si peu vrai. Et pourtant on étire le gag de Family Guy à New Girl en passant par Modern Family, The It Crowd, et Everybody Loves Raymond et Married With Children avant eux. Tout ça traité à 100% sous l'angle de l'humour et demandez à n'importe quelle femme. Rien n'est drôle là-dedans,
-Nous détestons les personnages féminins qui ne seront pas "fortes" de la "bonne manière".
Aux États-Unis de Donald Trump, au diable les bonnes manières.
On veut tous voir mourir l'impitoyable Giancarlo Esposito dans Breaking Bad ou le petit voyou blond, roi dans Game of Thrones. On adore les haïr. Mais les personnages féminins imparfaits, on haït les haïr. La pauvre Anna Gunn, qui incarne Skyler White, femme de Walter White dans Breaking Bad, a reçu tant de haine virtuelle, qu'elle a dû se plaindre du boulet de son personnage en achetant une page du NY Times. Pourquoi? parce que son personnage s'inquiétait (à très juste titre) des idées de son époux, qui n'étaient pas de prendre un bière de trop avec les potes mais de mettre la vie de sa famille en péril en tout temps en opérant un empire de drogue en secret.
Sarah Jessica Parker, dans la peau de Carrie Bradshaw, dans Sex in the City, a touché une corde sensible chez les boys. "de quel droit se permet-elle de coucher ici et là et d'y prendre goût?" Du droit des femmes d'Amérique. C'est pas un réflexe exclusivement masculin de vouloir se faire plaisir. Et ça ne fait pas d'elle une pute.
Family Guy et South Park ont tous deux fait des associations douteuses sur les traits faciaux de SJP, comparés aux traits d'un cheval. Quand un homme incarne l'imperfection, ça fait de la sacré bonne télévision, mais quand une femme sort des rangs, Zoe Barnes et son éthique douteuse dans House of Cards, Carrie Mathison et son absence de talent maternel dans Homeland, Betty Draper et sa victimisation dans Mad Men, Hannah Horvath qui serait trop laide pour la télé dans Girls; on dérape dans les propos fort mal avisés. Et d'une immaturité rare.
Des propos que l'on pourrait aujourd'hui appeler Présidentiels.
Avec intention péjorative.
Pendant ce temps, Walter White laisse mourir une jeune femme et projette de tuer un enfant et il est simplement un bad ass dans Breaking Bad...
Heureusement que The Walking Dead nous offre un peu de femmes kick ass. Mêmes de puces hors normes. Games of Throne a (avait?) aussi une grande blonde et une autre minuscule qui détonnent. Mais dans la première série, La femme de Rick, fait de mauvais choix de vie et leur fils n'a pas un père clair. Elle sera haïe pour ça et célébrée lorsque morte. Dans la seconde, tout le monde répudie l'adolescente mariée de force au roi, Sansa Stark, parce qu'elle ne saisit pas les complexités et subtilités politiques qui lui tombent dessus ou parce que de temps à autres, elle désire jouer du couteau dans le cou des hommes.
Si l'homme est bad ass ou intelligent, des traits assez simples et direct, il est des nôtres. On l'aime, Dexter.
Mais si la femme est vulnérable, a aussi confiance en elle, peut être agressive, être la maman et la putain en même temps, et dans le même épisode; même si elle peut absolument tout faire, ce n'est pas assez pour nous. Alicia Florrick, tu peux faire mieux, disons nous encore.
Alors comment arrive-t-on à tant de subtil sexisme dans les séries des États-Unis?
-Les auteurs sont à 88% mâles.
Donc ils écrivent sur les impressions qu'ils ont des femmes, impressions qui glissent petit à petit dans le stéréotype facile. Seulement 27% de femmes travaillent dans l'industrie de la série télé aux USA. Parmi les actrices, passée 35 ans, vous devrez être plastifiée, chanceuse avec votre corps naturel ou encore drôle comme un pet inattendu. Les auteures féminines se retirent aussi beaucoup plus tôt que leur confrères mâles. Passée 40 ans, même si on ne leur voit pas la face, elles disparaissent des génériques.
Ça n'est plus à prouver, les consommateurs de télé sont d'abord majoritairement des consommatrices.
Une série ose en ce moment, en présentant la première (fictive) femme à percer l'alignement dans la Ligue Nationale de Baseball.
Mais cette série est signée par deux hommes...
C'est con, mais chaque fois que je trouve une faiblesse dans Les Simone, je vise mentalement Louis Morissette.
Ce qui reste injuste.
Mais pas encore aussi injuste que le traitement des femmes aux États-Unis.
Et tellement pire ailleurs.
Mais concentrons nous chez nous.
Des années de lutte pour l'égalité et la reconnaissance, ça mérite mieux.
Et de l'imparfait, ça peut être beau pour tout le monde.
C'est aussi pour ça que je colle aux Simone.
*La saison 1 de True Blood fait de multiples clins d'oeil à l'homosexualité en société avec ses fa(n)gs affichés partout.
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