Je venais de perdre un chat de 20 ans, et je me couchais tard dans la nuit dans une nouvelle stupeur, celle de la défaite d'Hillary Clinton.
J'attendais ses mots, son post mortem, annoncés pour 10h30 le lendemain matin.
J'étais baboune. Je ne voulais pas penser ce, à quoi je pensais.
Je pensais à l'échec féminin.
À l'échec féminin aux États-Unis.
En Amérique du Nord.
À Marcia Clark.
O.J. Simpson, si il n'a pas tué, en 1994, de ses mains son ex-femme et son nouvel amant Ronald Goldman, sait, qui l'a fait. Les preuves contre lui étaient majeures. Il avait des coupures inexplicables aux mains (les deux ont été assassinés au couteau), son sang se trouvait sur la scène du crime, le sang des victimes a été retrouvé dans sa voiture, 26 des cheveux d'O.J. Simpson sont retrouvés dans une tuque trouvée près des 2 cadavres, sa réaction, lorsque les corps ont été trouvés, a été de fuir et de menacer de se suicider, ses bas étaient couverts de sang, son propre alibi le plaçait directement sur les lieux du crime, son locataire, Kato Kaelin, dans une résidence derrière le plaçait aussi sur les lieux, son chauffeur l'attendait à l'heure des crimes...bref...rarement pouvait-on trouver plus coupable que ça.
Toutefois, en cour, tout ce qui devait mal tourner a mal tourné. Les gens devant manipuler les échantillons de sang et de DNA, ont non seulement fait le travail de manière absolument tout croche, laissant à peu près tout le monde contaminer à peu près tout, mais en plus, l'équipe de Johnny Cochrane et Robert Kardashian a déniché que l'agence traitant les échantillons avait un historique peu glorieux de cas de contamination de scène de crimes. Le jury devait décider si il y avait un doute raisonnable ou non. En ce qui concernait le sang, ils ne pouvaient donc rien conclure.
Par la suite, le triste agent de police Mark Furhman, un cochon raciste, a pris sur lui d'escalader la clôture de chez O.J. sans mandat, afin d'aller enquêter sur les lieux tout seul. Suggérant qu'il aurait pu planter tout le sang d' O.J. retrouvé sur place, simplement pour coincer un "nigger". Lorsqu'amené à la barre des témoins, il a affirmé n'avoir jamais prononcé le mot "nigger" dans les 10 dernières années. Mais la défense avait fait ses devoirs, ils étaient fortement préparés, ce que la couronne de Marcia Clark n'était pas tant que ça. La défense a trouvé un enregistrement de communication radio où Furhman rage contre les noirs, portent des jugements racistes et prononçant le mot "nigger" pas moins de 44 fois dans une seule conversation. Plusieurs témoins viennent aussi confirmer le lourd racisme de Furhman. Celui-ci lorsqu'accusé de parjure a par la suite exigé son droit au silence, ce qui l'a évidemment fait passer pour le tricheur et le menteur qu'il était. Le pire témoin possible, un témoin destructeur pour une couronne fort mal avisée.
Comme la triste affaire Rodney King qui avait acquitté déloyalement 4 policiers blancs qui l'avait gratuitement battu était fraîche à la mémoire de tous les gens de la Côte Ouest des États-Unis, il était facile de croire que la police du secteur (le même) avait une tendance raciste. Du point de vue du jury. Le doute persiste alors encore.
Finalement, la couronne elle-même assassine son cas en amenant une preuve "irréfutable" qui se retourne contre sa cause. On présente un gant qu'aurait utilisé O.J., retrouvé sur les lieux. On prouve que son ex-femme l'a acheté. Mais la défense, affreusement abrutie, demande à O.J. de l'essayer, là, maintenant. Un gant qui a passé plusieurs mois au frigo, et dont le cuir a été si refroidi, mouillé, puis refroidi à nouveau et déséché, qu'il a effectivement rétréci depuis le soir du 12 juin 1994. O.J. y va de son meilleur rôle à vie et par magie le gant ne se moule pas à sa main. À la défense de Miss Clark, c'était son partenaire Chris Dardens qui avait eu cette idée et menait cette démonstration fâcheuse. Et fatale.
Dardens se plante tant que c'est Marcia qui fera principalement l'argument de clôture. Mais il est trop tard. Le jury doute. Et l'homme le plus coupable sur terre sera trouvé non coupable parce qu'il y a doute raisonnable. Mais on le sait si coupable quand même qu'il ne sera pas innocenté pour autant. On a juste pas réussi à prouver hors de tout doute qu'il a commis lui-même les meurtres. On le jugera responsable de la mort de Brown et Goldman.
Avant de le coincer des années plus tard et de le coffrer pour d'autres types de crimes qui ont prouvé le malsain et le brutal de l'ancien athlète.
Le jury donnera un verdict qui présente davantage une défaite de l'équipe de Marcia Clark qu'une victoire du clan O.J.
C'est comme ça que je vois aussi ce qui s'est passé avec Hillary.
Clark a fait des conférences dans les dernières années sur le leadership féminin et je me suis toujours demandé comment elle composait avec cet échec majeur et internationalement vu. Échec qui n'était pas strictement le sien, mais en conférence, seule à travers l'Amérique du Nord, qui l'était, oui.
On ne connait Marcia Clark que de par ce cas perdu de ce côté de la frontière.
On ne peut pas lui en vouloir de vouloir se réinventer en tournée, mais on ne peut pas non plus parler de large succès au niveau du leadership féminin. Notre association mentale à son nom, c'est un échec.
Je pensais aussi à Pauline Marois et à Kim Campbell,
Deux femmes qui ont respectivement été la première Première Ministre du Québec, et la seconde fût la première Première Ministre du Canada (mais non élue celle-là).
Pauline a été élue avec un mandat minoritaire, un désaxé a tué inutilement un brave machiniste le soir de sa promise gloire et moins de deux ans plus tard, elle est détrônée par les rats actuels.
Kim servira comme chef du Parti Progressiste-Conservateur Canadien en 1993 quand Brian Mulroney abandonne son poste de Premier Ministre. 4 mois et demi plus tard, elle sera facilement battue par les Libéraux peu de temps après avoir été sondée comme la Première Ministre la plus populaire des 30 dernières années au pays.
J'attendais Hillary en pensant à tout ça. J'ai écouté son discours.
D'une dignité étrangère au Président qui l'a battue.
C'était difficile de perdre contre cet olibrius.
Elle n'a jamais rassemblé les pro-Bernie Sanders. Elle se les ai même aliénés. Son propre parti avait pipés les dés. Son parti a payé le prix de la défaite pour avoir tassé Bernie.
Elle n'a jamais rejoint la jeunesse. Et très peu les cols bleus ou les gens ruraux. Rien au centre. Rien chez les négligés.
Elle a passé plus de 271 jours sans s'adresser aux journalistes en point de presse.
Elle a commis de lourdes bourdes qui ne sont rien à côté des ignominies quotidiennes ou passées de son rival.
Elle a perdu l'imperdable.
Elle ne pouvait pas perdre. Mais l'a fait.
Elle est momifiée dans l'échec à son tour.
Ses leaders, qui ont de fameuses grandes qualités, ont toute échoué.
Ça m'a assombri ce lourd mercredi.
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