À 14 ans, il fréquente déjà beaucoup les bouquinistes, les salles d'un cinéma naissant, les salles de théâtre, d'exposition, de concerts, une passion se développe. Il abandonne l'école secondaire à 17 ans et s'investit dans les oeuvres de Victor Hugo, Michelet ou Michel-Ange. Il travaille pour un libraire-éditeur et fait le commerce du livre rare. Il fait ainsi la connaissance de l'occultiste Max Jacob. Son patron chez le libraire-éditeur fonde sa revue en 1920 et Malraux y signera ses premiers articles.
Ses écrits sont de son propre aveu, farfelus. Petits essais de théorie littéraire, compte rendus critiques, proses poétiques influencées par l'expressionnisme allemand et de la poésie cubiste d'Apollinaire ou de Max Jacob. Il n'a que 18 ans quand il publie son premier livre Les Lunes de Papier qu'il dédie à Max Jacob.
À 19 ans, il devient directeur littéraire et côtoie Cocteau, Morand. Radiguet, Reverdy, Salmon, Suarès, Derain, Léger & Vlaminck, On lui confie la direction artistique des Éditions du Sagittaire où il y publiera de Gourmont, Tailhade, Baudelaire ou Sade. Il joue au Père Ubu pour Alfred Jarry et adhère au collège de pataphysique. Il fait la rencontre de Clara Goldschmidt qu'il épouse pour son argent en 1921. Le couple ne durera que 15 ans. Il est engagé comme éditeur chez le marchand de tableaux de la Galerie Simon. Il fait la rencontre de Charles Maurras dont il partagera le nationalisme et l'aversion de l'anarchie. Il réussit à faire ajourner son service militaire jusqu'à sa démobilisation en 1929.
La richesse de sa femme ayant fondu, il quitte pour l'Indochine avec un ami, afin d'y voler des statues et de les revendre. grâce un habile stratagème de filou, il se fait offrir la mission du voyage par le Ministère des Colonies qui ignore que les deux iront voler. Ils se font coincer. Malraux écope de 3 ans de prison. Sa femme réunit les voix d'André Breton, Marcel Arland, Louis Aragon, Charles du Bons, François Mauriac, André Gide, Jean Paulhan et Max Jacob afin que l'on réduise sa peine. Ce qui sera fait: 1 an et 8 mois au bagne.
Il fait ses débuts à la NRF et fait la connaissance de Picasso. Il vendra de faux Picasso et de faux Derain afin de se faire un peu d'argent pour retourner en Indochine. Il y fondera là-bas un journal qui dénonce le colonialisme et ses abus. Il reviendra en France en 1926 et se remet à l'édition où il y publie Mauriac, Samain, Gide Giraudoux et Pia. Il produit encore des faux, comme un faux journal de Baudelaire. Il entre au comité de lecture de Gallimard et y devient directeur artistique, chargé des édition et des expositions d'arts . Il a 26 ans. C'est l'année suivante qu'il connait un grand succès littéraire personnel avec Les Conquérants, roman racontant les affrontements nationalistes du Kuomintang et communistes dans la Chine de 1925. À cette époque il voyage beaucoup en Chine, en Europe centrale et orientale, en Afrique du Nord, le Proche-Orient, l'Arabie et la Perse. Tout en continuant d'écrire il visite le Japon, les Indes et les États-Unis avant ses 30 ans. Il connait un autre gros succès avec La Voie Royale et édite Apollinaire. Son père se suicide 5 jours avant Noël.
Il voyage en Afghanistan, en Inde, en Birmanie, en Malaisie, à Singapour, à Hong Kong, en Chine et au Japon et en revient avec des oeuvres d'art gothico-bouddhique "trouvées" là-bas et qu'il exposera à Paris. Le commerce d'oeuvre d'art le met très à l'aise financièrement. Il écrit La Condition Humaine, inspiré du massacre de Shangaï il y a 6 ans, et gagne le prix Goncourt. Sa fille Florence naît au printemps 1933.
Dès qu'Hitler prend le pouvoir en Allemagne, Malraux milite contre la fascisme et le nazisme. En 1934 il tente, avec Gide, de rencontrer Hitler ou Goebbels, sans succès. En 1935, il publie avec succès Le Temps du Mépris. Il rencontre Gorki et Eisenstein. Ce dernier veut faire avec lui une adaptation cinématographique de La Condition Humaine. Ça ne se fera jamais, Eisenstein découvrant les intentions trop anti-Staliniennes.
Quand la guerre civile d'Espagne éclate, il en devient colonel de bataillon chez les Républicains. Bien que n'ayant jamais tenu une arme dans ses mains, pas plus que piloté un avion, il participe à 65 missions aériennes et combats anti-franquistes. Ses hommes le comprennent peu, mais salue son courage. Ses patrons le détestent. Ils veulent le réduire à la discipline, l'expulser ou le faire fusiller. Il quitte l'Espagne pour l'Amérique du Nord, où il multiplie les conférences cherchant des appuis en faveur des Républicains Espagnols. Inspiré de son expérience espagnole, il publie L'Espoir.
Quand la Seconde Guerre Mondiale éclate. Malraux, bien que réformé en 1929, est accepté comme tankeur. Il est fait prisonnier en 1940, mais réussit à se sauver en se déguisant pour fuir. Malraux a un fils de sa maîtresse.
De retour en France, Sartre, Bourdet, Astier et de Beauvoir l'empressent de joindre les rangs de la résistance, mais en raison de son implication dans la Guerre Civile Espagnole. il se méfie de la confiance qu'on lui accorderait. Il flirte même avec les collabo. Sa maîtresse et lui ont un second fils en 1943. Quand ses 2 demis-frères sont arrêtés par les Allemands, Malraux passe officiellement à la résistance. Il sera fait prisonnier dans une embuscade en juillet 1944. On simule de le fusiller et on le questionne. Les Allemands qui l'ont fait prisonnier doivent fuir précipitamment et Malraux est encore tiré d.embarras. Il fait la rencontre d'Ernest Hemingway. Les deux ont des parcours qui se ressemble et ont la Guerre Civile Espagnole en commun. Leur rencontre est toutefois hostile et ils ne se reparleront plus jamais. Malraux est très impliqué dans l'Alsace-Lorraine jusqu'à la fin de la guerre et sera décoré en conséquence.
Autrefois copain du communisme, il lui voue maintenant une haine soutenue. Il se fait militant Gaulliste, qui en fera son ministre de l'information jusqu'en 1953. Il perd ses deux fils et sa maîtresse. Il épouse la veuve de son demi-frère et adopte leur fils. Les nouveaux époux sont invités à l'ouverture du Metropolitan Museum of Art de New York. Le couple voyage en Grèce, en Iran, en Égypte et en Italie. Il se dresse (avec Sartre, Martin du Hard, Mauriac) contre la torture en Algérie exercée par le président Coty. Quand De Gaule revient au pouvoir en 1958, il redevient ministre délégué à la présidence du Conseil et le charge de l'information. Il est aussi le phare de l'expansion et du rayonnement de la Culture française. De Gaulle créé le Ministère des Affaires culturelles sur mesure pour Malraux en 1959.
Il écrit toujours, mais maintenant presqu'exclusivement sur l'art.
Ministre, il mêlera politique de prestige et oeuvre sociale. L'OAS fait sauter sa demeure en 1962, mais Malraux ne s'y trouvait pas. En mai, il est reçu par JFK aux États-Unis. En 1965, Malraux a perdu tous ses enfants sauf sa fille avec laquelle il s'est brouillé en raison des ses positions sur l'Algérie, et se retrouve souvent en boisson et déprimé. On lui offre un congé en forme de voyage en Extrême-Orient qu'il connait bien. Il y fera une rencontre avec Mao Tsé Toung qui ne lui montre aucun intérêt.
En 1966, Malraux se sépare. Il écrit ses Antimémoires, pleines de candides inventions. Il louange tant Mao qu'on lui prête la Maolâtrie qui balaiera l'Europe dans les années à venir. Il renoue amoureusement avec une vieille flamme, Louise de Vilmorin. Il sera du côté des mauvais garçons du gouvernement qui veulent soutirer la Cinémathèque Française à Henri Langlois. Il fera finalement marche arrière sous la pression. En 1969, De Gaulle se retire de la politique et Malraux fait de même. Louise de Vilmorin décède le lendemain de Noël.
Il prend parti pour l'indépendance du Bangladesh et veut même se battre en Inde (il a 70 ans!) Indira Gandhi le remercie de son appui et le raisonne.
Richard Nixon invite Malraux à se joindre à eux car pour son voyage en Chine en 1972 car il a cru les inventions de Malraux sur sa relation personnelle avec Mao. Malraux sera avec eux et le documentaire tourné sur le sujet le fera connaître davantage aux États-Unis. Mais Malraux ne connait pas Mao (et surtout vice-versa) et la Chine de 1972 n'est pas celle des années 30. Il se rendra tout de même important dans le rapprochement entre les États-Unis et la Chine.
En novembre de cette même année, il est traité pour alcoolisme et dépression nerveuse. Il restera à l'hôpital 29 jours. Il y écrira Lazare.
Dès 1973, il fait preuve de clairvoyance en parlant d'un ennemi commun en pointant l'Islam.
Fin 1975, il voyage en Haïti où il assiste à une séance vaudou qui lui fait prendre la poudre d'escampette.
Il décède du cancer de la peau moins d'un an plus tard.
Auteur de nombreux discours importants, éditeur et auteur majeur, signataire de politique importante, et aventurier d'une vie contraire à l'ennui, André Malraux est mort aujourd'hui, il y a 40 ans.
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