mardi 8 novembre 2016

Hillary Rodham Clinton

À force d'annoncer sa défaite de dire que la seule manière de perdre cette élection serait si elle était truquée, Donald Trump a convaincu une bonne partie des États-Unis de ses folies.

En ne confirmant pas qu'il reconnaîtrait le résultat du vote, il a semé des foyers d'incendies. Suivant sa déclaration, un partisan de Trump en Virginie s'est tenu devant un bureau du parti Démocrate, arme au poing pendant plus de 10 heures. À Milwaukee, un shérif de comté à appeler les gens à prendre les torches et les fourches si Trump ne gagnait pas.

Le pire reste à venir. C'es l'élection de tous les dangers.

Donald Trump a ouvert des valves refoulées chez une certaines partie de la population, qui elle, est revenue en enfance. Trump ne se trouve pas anormal dans le monde qu'il voit. L'anormale, c'est Hillary, selon lui. Tout ça menace de très mal finir. Peut-être que déjà demain, une guerre civile se dessinera chez nos voisins d'en bas.

Hillary ou Trump, le Québec y perdra. Les deux sont hostiles aux conditions actuelles de Libre-Échange, exceptionnelles pour nous, anodines pour eux.

Moi, il y a à peu près un mois, j'ai choisi de plonger dans le monde d'Hillary. Pour voir de quel bois elle se chauffait. Pour voir comment elle vivait l'histoire. J'avais hérité d'un livre, une promo copy de 2003, de son livre Living History, racontant sa vie jusqu'au Sénat. Je n'y ai effectivement pas trouvé une femme normale. J'y ai trouvé une femme remarquable. Exceptionnellement 2016. Ce que je ne pourrais pas dire de Trump.

Reste à voir si les jeunes femmes des États-DésUnis de 2016 arriveront à la percevoir ainsi.

Première d'une famille de 3, elle a dès son jeune âge, assumé un leadership naturel dans sa propre famille. Unique fille, elle a appris à négocier avec l'univers masculin très tôt et était très proche de son père. Première de classe à peu près partout, elle était aussi parmi la plupart des comités scolaires allant jusqu'à outrer la direction d'un collège conservateur avec ses propos jugés trop...progressistes (au milieu des années 60). Perdant une élection scolaire à l'école, un garçon lui dit "si tu pense qu'une femme peut être présidente, tu es vraiment stupide". Lorsqu'elle demande à devenir astronaute à la NASA (elle en a les notes scolaires), on lui explique que le programme n'est pas ouvert aux femmes. L'affront sexiste chez Hillary Rodham ne date pas d'hier.

Travaillant sur l'élection de 1960, elle découvre de larges fraudes en faveur de JFK et contre Richard Nixon, dans le dévoilement et l'acceptation des votes. Dégoutée, elle sera républicaine et travaillera pour Barry Goldwater. pour l'élection de 1964. Elle sera présidente chez le groupe des Jeunes Républicains.  Mais toute républicaine qu'elle est, elle est aussi très de son temps. Elle est active dans les mouvements pour la lutte pour les droits civils. Lors de la convention Républicaine de 1968, elle note de lourds vagues racistes et quitte ainsi le parti. Elle sera diplômée en Arts avec complément honorifique en politique.

À Yale, en droit, elle est encore une élève modèle. Non seulement travaille-t-elle au Yale Child Study Center, mais elle s'implique beaucoup dans les cas d'abus infantile au Yale-New-Haven Hospital. Elle gagne une bourse qui la fera travailler auprès du Sénateur Walter Mondale sur des projets impliquant l'intégration des migrants, Elle fait la connaissance d'un autre étudiant, une figure populaire de Yale, Bill Clinton qui devient son amoureux.

Bill la demandera en mariage à plusieurs reprises, avant qu'elle ne se convainque que ce soit la chose à faire. Son flair était déjà au dessus de la moyenne diront certains. On la recrute afin de travailler sur le scandale du Watergate en cours. Elle en sera l'une des rares femmes et de loin la plus jeune. Elle a 27 ans. Elle suit Bill en Arkansas et travaille avec lui à la fois dans un cabinet, à la fois aux ambitions politiques de celui-ci, s'implique énormément auprès des conditions pour les enfants et écrit sur le sujet, et choisit finalement de marier Bill, mais en gardant son nom Hillary Rodham. Elle sera la première femme Présidente du Legal Services Corporation des États-Unis. En 1978, Hillary gagne plus que son mari. S'établit leur mauvais calcul dans le Whitewater Development Corporation.

Fin février 1980, Chelsea devient le fruit de l'amour d'Hillary et Bill. Pendant que Bill est gouverneur d'Arkansas, Hillary s'investit beaucoup dans l'Arkansas Education Association. Elle siège sur des comités luttant en faveur de la protection des enfants. travaille toujours en firme de droit, siège dans des comités en faveur des droits civiques, et est fréquemment nommée parmi les 100 femmes les plus influentes en droit des États-Unis.

Elle ne tient littéralement pas en place et n'a rien de la femme trophée d'un candidat politique. Elle veut se rendre utile en tout temps.
Quand Bill devient président. la torture commence. Dès 1992, on parle des aventures de son mari avec Gennifer Flowers. Le livre de Joe Klein en rajoutera sur un personnage que tout le monde reconnaît. L'affaire Lewinski vient clouer le cercueil matrimonial. Le souci d'Hillary est sa fille. Mais elle est aussi torturée dans ses propres choix. Elle tient à travailler. Elle n'est pas "la femme du Président", ne l'a jamais été, et elle s'implique absolument partout. Elle sera la première à avoir un bureau dans la Maison-Blanche car elle y travaille sans arrêt pendant les deux mandats de son coureur de jupons. Elle bûche très fort sur le premier canevas qui deviendra avec le temps l'Obamacare. Elle occupe pas moins de 11 positions officielles de première importance à la Maison-Blanche. En Santé, elle travaille durement auprès des femmes atteintes de violences, elle travaille sur des réformes d'assistance publique, elle est du comité sur la Sécurité Nationale. Ce qui deviendra une blague républicaine beaucoup plus tard quand elle se fera coincer avec sa "négligence" à l'égard de sa gestion de courriels. Dossier toujours sous étude. Tout le mandat de son cocufieur de mari, elle sera la cible (Parfois à raison) des Républicains qui n'aiment pas les femmes de tête.

Elle devient la première Première Dame des États-Unis à servir comme élue en 2000. Elle sera sénatrice de New York. Elle le sera jusqu'en 2008 où cette fois, elle se porte candidate à l'investiture Démocrate. Barack en fera sa Secrétaire d'État jusqu'en 2013.

À partir de ce moment, elle mesure ses appuis pour revenir à l'investiture Démocrate, puis peut-être ce soir, souhaitons-le vivement, vivre et marquer l'histoire des États-Unis.

Les États-Unis doivent ce soir choisir entre une battante capable d'encaisser les coups et qui a bûché toute sa vie et un batteur capable de donner des coups, surtout très bas. et qui ne brille que par le marketing et non les affaires. Surtout pas par les idées politiques.

Ce soir doit être historique pour autre chose qu'une guerre civile dans les livres d'histoire des États-Unis futurs.

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