dimanche 15 septembre 2024

James Earl Jones (1931-2024)

 

Quand papa quitte le foyer familial, maman doit travailler comme enseignante et comme bonne pour survivre au Mississippi et ne peut pas s'occuper du petit James. Ce sont les parents de maman qui le feront, à partir de ses 5 ans, et le traumatisme est si grand, qu'il en développe un bégaiement ce qui le pousse à ne simplement plus jamais parler. Pendant toute son école primaire, un enfant qui sera reconnu adulte pour sa splendide voix grave, n'utilisera pratiquement jamais sa voix. C'est un enseignant qui le fait tourner vers la poésie qui le pousse à s'exprimer à nouveau.

À l'école secondaire et au collège, il fleurit. Il est vice président de ses classes et découvre le théâtre. À l'université, il fait aussi en parallèle un service militaire dont il admire la discipline. Il sera diplômé en arts. Pensant être déployé en Guerre de Corée, il fait un peu de théâtre. Quand James se réconcilie avec son père, il découvre qu'il est maintenant acteur, ce qui le rend tout aussi fier. James sera effectivement déployé en Corée et sera fait Lieutenant. À son retour, il s'installe à New York et, suivant des cours de théâtre, devra faire de la conciergerie pour subvenir à ses besoins. Il fera beaucoup de théâtre au point de devenir un des acteurs les plus utilisés de Broadway dans les années 60. Sa voix est remarquable et il se démarque par un talent pour le jeu. Homme de flair, Stanley Kubrick lui fait faire des débuts au cinéma. Rien de moins. 

La même année, jouant Othello, il épouse sa Desdémone, l'actrice Julienne Marie. Il jouera une leader rebelle haïtien dans un film mettant en vedette Richard Burton, Elizabeth Taylor, Peter Ustinov et Alec Guinness. Fin des années 60, il est honoré d'un Tony Award remis au meilleur acteur dans une pièce de théâtre pour son interprétation de Jack Jefferson, personnage inspiré du boxeur Jack Johnson, pièce qui connait alors un succès monstre. Il sera participant aux premiers essais télés de ce que deviendra l'émission phare de mon enfance, Sesame Street. L'année suivante, il joue dans l'adaptation qu'on fait en film du film inspiré de Jack Johnson, avec Jane Alexander. Il sera nommé aux Oscars pour ce rôle. Devenant le second afro-américain, après Sidney Poitier, à être honoré d'au moins une nomination aux Oscars. Au théâtre, il rejoint Jill Clayburgh pour incarner Othello sur scène. L'année de ma naissance, il joue un sénateur qui devient le premier président à la peau noire des États-Unis. Il divorce son épouse. Il joue William Shakespeare (dans Central Park) ou Eugene O'Neill au théâtre. Brille. Joue Lennie pour une version d'Of Mice & Men de John Steinbeck. Sur scène.

Il jouera dans un des premiers films à exposer les inégalités entre les familles à la peau noire et celles à la peau blanche. En 1975, l'acteur britannique David Prowse incarne Darth Vader pour George Lucas sur pellicule. Mais son accent distingué anglais ne fait pas prendre au sérieux le personnage. Lucas choisit alors James pour refaire toutes les voix de méchant Vader. Jones sera la voix hantée de ce personnage pour les trois premiers films de la saga. Humble, Jones demande à ne pas être au générique des deux premiers films. Afin de ne rien enlever à David Prowse. Mais aussi parce qu'à la sortie de The Exorcist, c'était la voix de Mercedes McCambridge qu'on entendait et non celle de la petite Linda Blair quand elle devenait le démon. Et une controverse avait surgit à savoir si elle (McCambridge) aurait dû être créditée au générique. Jones est de ceux qui pensent que non. Qu'elle n'était qu'effets spéciaux en post production. Comme il a été pour Star Wars et The Empire Strikes Back. Mais au 3e film, il se rend compte que la voix est si distincte dans l'imaginaire collectif, il est fier de s'associer à Darth Vader. Et ne refuse plus le générique de la série lui fera dire les 4 mots iconiques de la série.

L'année du premier Star Wars, il gagne un Grammy pour sa voix sur Great American Documents. Joue en 1997 à la fois dans Roots et dans Jesus of Nazareth.  Il commence à faire un peu de télé aussi. Joue pour August Wilson, au théâtre, gagne un second Tony Award, joue dans Conan The Barbarian, Coming to America, Field of Dreams. Tourne pour John Sayles. Tourne pour John McTiernan, Phillip Noyce, David Mickey Evans, Darrell Roodt, fera la voix de Mufasa dans The Lion King. Il continue de remporter des prix pour ses rôles. Fait des voix pour des films animés avec son baryton si distinct. Sa voix est si recherchée qu'il en fera dans les Simpsons et sera celle qui dit "This is CNN " pour la station télé du même nom. Il épouse l'actrice Cecilia Hart avec laquelle il sera aussi Othello et elle, Desdémone, s'offrant une nouvelle virginité amoureuse.  Ensemble, ils ont un fils. 

Sa présence est aussi très sollicitée puisqu'il est un peu partout à la télé, au théâtre, au cinéma, sur disque, et quand le président George W Bush lui remet un prix honorifique, il dit qu'en temps normal, on dit que tout le monde reconnait la voix du président partout, mais voilà quelque chose qu'il ne dirait pas en présence de James Earl Jones

Il jouera Driving Miss Daisy au théâtre avec Vanessa Redgrave. Ce sera un gros succès. Son épouse décède du cancer des ovaire à 68 ans. La même année, à 85 ans, il apprend qu'il est atteint de diabète de type 2 quand il s'endort en s'entrainant en gymnase.

Quand il s'éteint, à 93 ans, il y a une semaine, jour pour jour, on dira de lui qu'il était grace et décorum et que sa voix ne sera que l'une des multiples facettes de sa fabuleuses personne qui manquera à ses proches. Son alma mater, l'université du Michigan publie "We are Michigan" avec son image surplombée. L'Empire State Building éclaire son édifice pour en faire la silhouette de Darth Vader.

On le range auprès des Paul Robeson, Sidney Poitier, Harry Belafonte ou Viola Davis. 

 Bye bye, Giant. May the force be with you, now

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