vendredi 19 août 2022

Ces Années 90...

J'ai un rapport étrange avec les années 90. J'ai aimé et détesté. C'est à cette époque que j'ai connu deux des plus beaux moments de ma vie, mais c'est aussi la décennie où ma trajectoire professionnelle est tombée dans la marge et ne s'est jamais complètement replacée. Je suis tombé en mode aérien pour toujours.

J'ai été diplômé universitaire une première fois en 1994 (les deux autres fois, dans les années 2000). On nous disait dans nos cours de ne pas se précipiter sur le marché du travail, personne ne nous y attendait, surtout pas nos parents qui n'avaient que la jeune quarantaine et n'étaient pas prêts à se tasser de leurs postes. L'essence, après avoir été autour de 40 sous toutes les années 80, bondissait à 67 cents le litres, ce qui nous donnait un second grief à avoir inconsciemment contre nos prédécesseurs, ça coïncidait avec nos premières voitures, que nous remplissions d'essence, avec l'impression de payer ce que nos parents ne payaient pas avant, pendant trop longtemps, pour la même calisse d'affaire. Ah mais Jones, ils la payaient aussi cette augmentation, tes boomers de parents! Oui mais  la payait avec leur salaire de professionnels pendant qu'on se tuait dans nos McJob. 

"J'ai travaillé fort, Hunty!"

On ne se trompait pas, la X, nous étions la génération no future. De mon entourage pratiquement tout le monde a dévié de sa trajectoire originale. Je ne suis pas joueur de hockey, rock'n roll star, scénariste/cinéaste/acteur ni prof de français ou d'anglais (mais un peut tout ça). Ma conjointe, avec son diplôme en consommation a déniché le jackpot devenant presque sur le champs planificatrice financière pour la plus grande banque au pays, avec les tâches lourdes, la clientèle aux portefeuilles pleins, mais le salaire qui venait avec, aussi. C'est ça être belle et intelligente.  

Dans les années 90, moi j'étais déséquilibré pour toujours. Passant d'un 4 ans ici, pour aller faire un autre 4-5 ans ailleurs, et ainsi de suite. Sans réelle suite logique. Mon bonheur ne serait jamais au travail. L'argent ne serait pas mon guide de vie. Jamais. C'est, et est encore, un outil. Et je suis le pire des menuisiers. Alors les outils...c'est pas ce qui me défini. J'ai découvert que je n'avais jamais désiré une maison. On en a acheté une, mais une fois que c'était fait et expérimenté, je savais que je n'en voulais plus. Been there, done that. Que j'étais un homme de condo. S'occuper d'un terrain ? christ non ! Mon bonheur ne serait pas une maison non plus. En 1992, je rencontrais l'amour de ma vie. Et dans la vie à deux, y a pas que ton bonheur. Elle, elle voulait une nouvelle maison. Par amour, j'ai obligé une seconde fois pour une maison. Les deux grands enfants étaient aussi de son côté, par amour pour ma gang, j'ai obligé. Mon malheur n'était quand même pas ce qu'il y avait de plus tragique. Mais j'ai avisé, il n'y aura plus jamais d'autre maison. Quand les enfants seront grands, ce sera elle et moi, dans le condo que j'ai toujours souhaité. Qu'on se choisira à deux. 

Mais voilà,  je m'égare, je ne suis plus dans les années 90 depuis la seconde maison de ma narration. 


Les années 90 étaient les années de désillusions de la vie adulte, vie d'adulte qui se présentait à moi sous ses jours les plus décevants. Je peine à situer des moments dans cette décennie qui était en partie grand brouillard. Mental et physique. Je n'ai aucun souvenir de Woodstock 1994. Sinon de la bouette. La musique dans les années 90 était aussi de la bouette pour les oreilles d'un amoureux de la musique comme moi. J'en ai parlé mercredi. Il y a bien eu quelques artistes intéressants que j'ai découvert et aimé, Radiohead, The Cranberries, Blur, Ani Di Franco, My Bloody Valentine, mais en général, ce qui devenait populaire, le grunge, ne me plaisait pas du tout. Voilà pourquoi Woodstock 1994, qui aurait réuni les stars du moment, ne m'a en rien intéressé. 

Woodstock 1999, encore pire. Je n'en avais même jamais entendu parler. Il faut dire que quand les trois jours d'infamie commerciale qu'ont été un festival qui ne réunissait presque personne qui m'aurait intéressé, ont eu lieu, j'étais très occupé à être papa depuis seulement 13 jours. Je n'en avais rien à foutre de cette foire qui a si mal viré. C'est ce que Netflix présente dans Trainwreck: Woodstock '99. L'horreur que peut générer les mâles. De mauvais organisateurs orientés vers l'argent. Des artistes qui n'ont que testostérone à offrir. Qui avaient mon âge sur scène, et qui avait de la rage au coeur contre la machine, machine qui a continué de broyer du festivalier au nom du Dieu profit, pendant trois jours. Générant violence, criminalité, destruction et multiples viols.

Le documentaire de 3 épisodes entre 37 et 44 minutes chacun, est révoltant. Mais on comprend absolument pourquoi A+B+C a donné D (émolition et destruction) E(lement de violence et excréments) et F (Feu et Fiasco).   

Quand la radio a cessé de me toucher, dans les années 90, c'est parce qu'elle ne me parlait plus. Le grunge était une musique agressive et je me disais que les gens n'avaient peut-être pas assez d'agressivité en eux et avaient besoin de cet écho commercial et public pour exorciser ce qui était éteint en eux. Moi, j'essayais au contraire de grandir, (encore de nos jours) sans cette violence en moi. Je n'ai jamais envie de stimuler la violence en moi. J'ai toujours tenté de la supprimer. De la canaliser. De la gérer intelligemment. 

Ce que le public et quelques gnochons artistes n'ont pas toujours réussi à faire. Comme le documentaire en trois épisodes le montre bien. 

Il montre aussi comment la cupidité peut être dangereuse. Et c'est une plongée dans la mal mâle sous toute ses formes. 

"Change pas" m'écrivaient beaucoup de gens dans mon album de finissants de l'école secondaire, en 1989.

I did not. C'est un peu souvent ça le problème. Le monde a changé, lui. 

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