mercredi 20 mai 2020

Villifié Fil

Le 6 janvier 2017, vers 8h30 du matin, Donald Trump avait très certainement des choses très sérieuses en tête. Dans seulement deux semaines, il allait avoir en sa possession les codes nucléaires, le pouvoir de les actionner, le siège du bureau ovale de l'un des plus importants gouvernement mondial, et il devrait assumer la responsabilité des politiques Étatsuniennes locales et internationales.

Il a donc pris son téléphone cellulaire et a gazouillé:
Wow. Les cotes d'écoute d'Arnold Schwarzenegger sont catastrophiques par rapport à la machine DJT. Ça valait la peine d'aller chercher...une star de cinéma. Et ce ne n'était que les résultats de la saison I, comparés à mes résultats de la saison 14. Allez comparez maintenant les cotes de ma saison I. Peu importe, il supportait les Démocrates de toute manière.

Dans les années à venir, les sujets de ses propos de médias prétendus sociaux n'allaient que croître. Ses gazouillis et ses relais de gazouillis allaient arriver par centaines par jour, de manière fiévreuse, donnant du carburant et un air d'aller aux esprits de droite, leur offrant des homélies qu'ils suivraient avec fidélité.
Comme "président" Trump trempe sur Twitter pour nous dire qui il trouve pathétique, stupide, ridicule, insensé, insignifiant, un souillon sans classe. Il le fait avec tant d'absence d'empathie, de bonne foi, de bonne volonté, que même "HAPPY MOTHER'S DAY" semble une menace lorsque lu sur son fil.

La Library of America a récemment accueilli quelques écrits de Richard Hofstadter, éminent historien de la Columbia University. Ça inclut deux études publiées au début des années 60, aux États-Unis: "Anti-Intellectualism in American Life" et "The Paranoid Style in American Politics". Hofstadter tentait de comprendre les raisonnements des penseurs de la droite comme Joseph McCarthy ou Barry Goldwater. La tendance naturelle à dévaluer, d'être antipathique face à l'expertise en général et la facilité à embrasser les théories conspiratrices l'inquiétait. Il soulignait dans ses écrits que c'était de l'élan pour tous les déséquilibrés de toutes sortes.  Hofstader, décédé en 1970, voyait les États-Unis comme une arène composée de pensée colériques hors du commun.
Difficile de ne pas le lire et de ne pas y voir un parallèle avec les élans de DJT parlant des ennemis du peuple en parlant des journalistes ou tentant de populariser (en vain) le terme Obamagate.

McCarthy disait, dans les années 50, qu'il devait y avoir une conspiration si grande, d'une échelle si immense, que s'y aventurer ne pouvait que faire de nous, des nains, et que c'était du jamais dans toute l'histoire de l'humanité. McCarthy clamait que des espions pro-soviétiques et communistes avaient infiltré le milieu militaire, les bureaux de l'État et l'administration Eisenhower. L'avocat défendant l'armée lui avait alors dit: "Vous avez une forme de génie afin de créer la plus grande des confusions. Provoquant du remous au coeur même du pays et dans l'esprit de tous." Ce "génie" avait amené du support de la part d'une très grande partie des États-Unis, presque de la moitié du pays. Mais après les audiences publiques, son idiotie a été trop franchement exposée et il est mort dans la honte à 48 ans (mon âge) dès 1957.

Comme McCarthy, DJT a une fixation sur une chose: sa propre estime. Un jour, il gazouille sur sa grand amitié avec Xi Jinping, président chinois, à lutter contre le coronavirus, puis, le jour suivant, il fait référence "au virus chinois" et suggère que Pékin devrait en subir des conséquences pour avoir connu le problème, l'avoir "initié" puis "propagé".

Il y a un trait commun entre McCarthy et Trump. La même confusion et le même remous créé. On gazouille le même air sur le même fil. Il y a fil conducteur. Ligne de fiel.

Avant la crise pandémique, DJT voulait miser sur sa campagne de réélection. Voulant marteler qu'il avait créé "la meilleure économie de l'histoire du monde". Maintenant, il fait campagne en tant que président enquêté pour être destitué, ayant grossièrement sous évalué la menace des santés publiques et financières du pays qu'il prétend gouverner mieux que quiconque depuis que l'humain existe sur terre.
Début mars, il disait que le monde entier comptait sur les États-Unis pour lutter contre le virus. Au moment d'écrire ceci, les États-Unis sont leaders dans un seul domaine: le nombre de cas et de morts du virus dans le monde.

Son échec prend ses racines dans l'extrême non confiance envers les experts. Ce qui l'a fait se concentrer sur les douteux raisonnements de son cercle de sbires et sur les membres de sa propre famille. Jared Kuschner, son gendre, a dit dans les premiers jours de la crise, que tester trop de gens ou commander trop de ventilateurs pourrait plomber les marchés et qu'il ne faudrait pas le faire. Ça a semblé tout à fait suffisant pour DJT afin de lever le pied un partout dans sa gestion de la crise. Cette unique phrase du gendre à tête de couille a eu un effet beaucoup plus puissant que tout conseil d'Anthony Fauci, l'expert.
Tristes déséquilibrées

DJT travaille donc en ce moment sur son absurde Obamagate. Il a commencé sa carrière politique en prétendant que Barack Obama n'était pas Étatsunien (ce qui était faux, mais il supporte encore cette idée raciste) et il tente de faire renaître ce qui l'a fait élire (selon lui) la première fois.

Il scandait aveuglément "lock her up" en parlant d'Hilary, la plupart des gens scandant la même chose sans trop savoir pourquoi, il tente de faire la même chose en dirigeant cette fois le même chant vers Obama ou Biden.

Il gazouille que le juge Anthony Scalia pourrait avoir été assassiné, que les moulins pourraient provoquer le cancer, que la fraude russe ( en collusion avec les Démocrates) lui a fait perdre le vote populaire en 2016 et que les vaccins pourraient causer l'autisme.

Tout en souhaitant qu'un vaccin soit trouvé contre la Covid-19...d'ici novembre.

Fièvre McCarthiste.
Welcome to the 50's again.

Et pour en rajouter, hier, le plus sérieusement du monde, Trump associait l'OMS à un complot avec la Chine.  On l'inventerait dans un film que les gens trouveraient qu'on abuse de leur crédulité.

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