lundi 4 mai 2020

Le Coeur de Mon Corps Humain

Je vous ai parlé de mon 2020.

Il ressemble au vôtre. De la marde. En peut-être plus puant, un peu.

L'année commençait avec un lavage anodin, comme je les fait toujours. La belle s'était acheté une coquet gilet. Pas même porté encore. Elle le place au lavage. Je fais une brassée de foncé. Une fois la brassée terminée, je place le linge lavé dans la sécheuse. Consciencieusement. Lisant tous les étiquettes. Ce nouveau gilet a une étiquette claire. Il est acceptable dans la sécheuse.

C'était faux. Un mensonge. Je l'ai ruiné.
Un peu comme si une affiche me permettait de me stationner quelque part, que j'y stationnais ma voiture, qu'on me donnait une contravention pour stationnement illégal, et que je devais tout simplement l'accepter.

Début février, on réalise qu'on aura pas beaucoup le temps de fêter mon anniversaire. La vie filant à la Vitesse grand V et toutes les traces de break que ça laisse derrière. Je choisis, pour une très rare fois, oh coquetterie grandiose!, de m'acheter un livre dur à trouver sur Amazon. Il s'agit d'un livre de 1960 Étatsunien dont le personnage (détestable) a été si populaire que son auteur a écrit par la suite 4 autres livres avec et sur lui. Pour 41 dollars j'avais 4 de ces 5 livres réunis en un, dans leur langue originale et j'achetais, devenant surexcité de me rendre marcher le 2 minutes jusqu'au petit parc près de chez moi pour y cueillir le courrier. Des fois que s'y trouverait aussi un joli livre...

Je vous épargne la suite, déjà détaillée ailleurs, le livre de 41$ contenait une demie tonne de frais cachés, et ce qui devait me coûter 41$ me coûtera au final plus de 227$. 5 Semaines de nuits blanches. Un trou dans le ventre.

En mars, on se faisait polluer la vie par la Covid 19. On ne faisait que perdre et perdre encore. Ma fille, finissante perdait le plus. La Covid nous pollue encore l'existence. Un ogre de la taille d'un ours semblait, cette année, se dresser devant tous nos projets. Un cancer grangrènant scrupuleusement tous les aspects de nos vies.

Parlant de cancer. En avril, devant l'incompréhension autour d'un mal de dents qui affectait tout le flanc gauche de ma mâchoire, je commence à penser que j'ai peut-être un cancer des gencives ou...enfin...je me rajoute une couche d'angoisse et l'ogre devient dragon, crachant plein poumons. 2020 ne pouvait quand même pas continuer à me tuer ainsi. Les dents étaient finalement (probablement) une sinusite. Je ne peux le confirmer encore complètement car je n'utilise pas mon flanc gauche quand je mange. Je n'ose pas encore. Mais la douleur n'y est plus.

Mai s'en venait.

Mai...

Mais...

1er fucking mai.

Un vendredi, la vie est belle. Monkee a quitté pour Québec pour aller voir sa blonde. Punkee revient d'une autre journée à l'épicerie. L'amoureuse entre en week-end et dans son oeil elle paraît encore plus belle. J'ai fini mon livre de Camus et en ai commencé un autre. J'ai reçu tout ce que j'avais commandé de chez Renaud-Bray, mais acheter en ligne, pour ma personne, semble déterminé bien qu'on m'avait confirmé tous les articles et que je les avais tous payés, à la livraison, il me manquera au final le film de Truffaut. Avec le connerie de Covid 19, le Québec est en pause, ce qui facilite les comportements cons. Renaud-Bray a fermé son service à la clientèle. Duh! Une seule personne répondant au téléphone ce serait vraiment dangereux? Cette personne pourrait même le faire de chez elle. Peu importe, je leur écris, on me répond automatiquement que ça prendra du temps avant de...de lire? de réfléchir à tout ça? La Covid facilite la paresse et l'incompétence. Quelques jours plus tard, je recevrai une carte cadeau remboursant mon film de Truffaut jamais reçu. Sans explication aucune.  Paresse. Incompétence.

1er fucking mai, donc. La vie est si belle, je me sers un verre de vin blanc, Svelte. Faible en calories. Allez hop! Santé, quoi! Dans ma dégaine de dandy, je marche en direction de mon laptop. Outil aussi important que mon coeur dans mon corps humain.

Vous devinez le suite....

Dans une chorégraphie de mouvements que je suis incapable de me remémorer, ma coupe pleine se videra entièrement, mais ENTIÈREMENT, sur le coeur de mon corps humain mon laptop. Je n'ai rien réfléchi, j'ai réagi. Blackout sur la suite. J'ai simplement souhaité mourir. Rapidement. Une fraction de seconde qui allait me coûter plus de 1500$. Par en dedans, la petite fleur qui composait la moisson de la vie en moi était devenue si petite qu'elle en est morte. J'ai ouvert le laptop. Fait de la chirurgie. Moi qui ne pose pas même un cadre chez moi. Qui est habile de mes mains comme un cul-de-jatte est habile en course et en tir au javelot. J'ai laissé le cadavre éventré sur le cube de la cuisine. J'ai mariné ma peine. Arrosé la terre sèche de ma fleur intérieure à coups de whisky. Fixé le mur pensant qu'il me répondrait. J'ai même écouté un épisode de L'Académie, ce qui m'a confirmé que la vie, ses gens, notre planète, n'était que laideur.

Puis...24 heures plus loin...le coeur de mon corps humain se remet à battre. Comme avant. Comme si jamais rien ne s'était passé. Une simple journée de congé pour mon laptop. Et tout ce que je vous écris l'a été sur le coeur de mon corps humain.

En binge-watchant la fabuleuse série Fargo première saison sur Netflix. Riant à gorge déployée et jubilant comme un otarie sur la banquise d'épisode en épisode.

Si il existait plus de choses aussi inspirées que l'est la série Fargo

La vie serait d'une beauté...

Je ne peux que me taper la saison II et la saison III anytime soon.

Peut-être même sur le coeur de mon corps humain.
Bien que j'ai encore toutes les raisons de rester vampire/extra-terrestre.



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