lundi 18 mai 2020

L'Enfant de 12 Ans Qui Voulait S'acheter de l'Alcool

Avec la nouvelle réalité pandémique, certains cas de justice, Nathalie Normandeau, Eric Salvail, et combien d'autres crapules présumées, sont en voie d'être sauvé par l'arrêt des procédures mondiale. Le rythme de croisière a été arrêté. Et l'avenir de ces cas ressemble à celui de l'industrie des croisières.

Incertain.

Je ne vois pas pourquoi un criminel, deux avocats, un juge ne peuvent pas partager la même salle en ce moment.

Ailleurs dans le monde, il y a ce second procès contre l'agresseur producteur de films Harvey Weinstein, à Los Angeles qui devait commencer avant la fin de l'année, et l'appel que Weisntein voulait faire contre sa condamnation à 23 ans au cachot, le 11 mars dernier, mais tout ça est maintenant sur la glace. Au moins, Weinstein marine en prison où il a attrapé la covid-19. Il a été placé en isolation le 1er avril dernier et s'en est sorti.

Le procès contre Elizabeth Holmes devait débuter en août. Rien de certain à ce niveau non plus.

Mais c'est quoi l'histoire d'Elizabeth Holmes?
C'est celle d'une jeune femme qui s'était donné l'ambition de devenir milliardaire.
Une garantie d'être un jour forcée à tremper dans la corruption.
Ce qui arriva.

Élevée dans une famille bien branchée et relativement riche, elle voulait, dès l'enfance devenir très riche. Là est la source du problème. À 18 ans, avec son école de Stanford, elle a pris part à un voyage en Chine où elle y a fait la rencontre de Sunny (Ramesh Balwani), un homme de 38 ans. Immigrant pakistanais, il avait travaillé pour Lotus Software de Microsoft, et avait été accessoire dans la création de CommerceBid, un logiciel aidant les compagnies à se partir en affaires. Il a vendu ses parts pour entre 40 millions et 90 de dollars tout juste avant l'implosion et l'effondrement de la bulle internet. Pour Holmes, il avait déjà beaucoup tout ce qu'il fallait. À 19 ans, elle quittait Stanford sans diplômes et commençait sa vie avec lui en lançant sa compagnie Theranos. Une compagnie misant sur un nouveau système de mesure de prise de sang.

Lancée en 2003, la compagnie Theranos, trichant ses résultat et ses analyses, a reçu plus de 600 000 millions de $ de subventions gouvernementales et privées. Son manque de connaissances en médecine l'a toutefois empêché d'avoir beaucoup de support dans le domaine médical, celui qu'elle comptait révolutionner. Elle n'avait pas un parcours scolaire exemplaire. Mais pour la plupart des "whizkids", que ce soit Steve Jobs, Mark Zuckerberg ou même Bill Gates, avoir un minimum de scolarité avant de faire fortune dans son domaine n'est pas complètement anormal.

Mais en médecine, on ne peut se permettre un minimum de connaissances.

L'invention de Holmes, née de sa frayeur des aiguilles, était une minuscule aiguille dans un aussi petit morceau de plastique, ressemblant à une cartouche, pouvant recueillir une simple goutte de sang prise sur le bout du doigt. La cartouche ensuite branchée sur la machine Theranos pouvait analyser rapidement et envoyé au lab les infos en moins de deux.
La manière de la faire en ce moment est de soutirer du sang par l'injection d'une seringue dans la veine d'un bras, plusieurs fois, de récolter le sang dans des fioles, de la transporter physiquement ailleurs pour fins d'analyses.

On promettait de rendre toutes les opérations facile pour tous, sans avoir besoin d'un médecin, pouvant tout faire à partir de la maison, soi-même, avec une machine moins grosse qu'une tour d'ordinateur.

Mais la chaleur, la lumière et les effets magnétiques de la machine étaient incompatibles, ensemble. Rien ne pouvait fonctionner. De plus, la simple goutte donnait des résultats très peu précis. Parce que le sang, compacté dans la cartouche, n'était pas assez dilué.

En 2006, on se rend compte de tout ça. Mais le train est en marche. Et on refusera de reculer. Holmes n'a pas les connaissances médicales requises pour tout comprendre très vite, et bien que les machines échouent les tests, on le cache. Holmes force son équipe à travailler 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ce qu'ils refusent, bien évidemment. Elle engage alors une autre équipe qui développera la même chose et la met en compétition avec la sienne. Une idée que Steve Jobs avait aussi appliquée. Toutefois, dans le cas de Holmes, l'équipe qui perd est entièrement limogée.

Des VRAIS tests ont été faits, avec l'aide de Pfizer qui avait été faussement convaincu de l'efficacité de sa machine sur de VRAIS patients ayant de VRAIS maladies graves. Certains sont décédés et le niveau d'impact de sa technologie déficiente sur leur mort n'a pas été complètement prouvé. Mais ça n'a rien aidé, c'est certain.

Quand le directeur financier de Theranos a découvert qu'elle mentait depuis un bout de temps, elle l'a tout simplement viré. N'engageant plus jamais de directeur financier pendant 10 ans.

En 2007, il n'existe pas plus grande star publique aux États-Unis que Steve Jobs. Holmes développe une obsession sur lui. Elle s'habille comme lui, tient ses réunions le mercredi comme il le fait, recrute des employé(e)s chez Apple, utilise la même firme de publicité qu'il utilise. Maître manipulatrice, elle change même sa voix pour qu'elle sonne plus mâle, une voix de baryton que tous les gens qui la connaissent, ne lui reconnaîtront jamais. À certains moments, elle oublie de changer sa voix et ça donne des moments surréalistes.

Emménagé à Sillicon Valley, un autre membre de son équipe découvre les mensonges. Il en avise le comité de direction qui choisit de forcer Holmes à démissionner. Mais après deux heures de négociations, Holmes, maître manipulatrice, renverse leur envie. Peu de temps après, tout ceux qui étaient contre elle étaient aussi sans emploi. Tous les employés engagés d'Apple ont peu à peu choisit de quitter, flairant ou mis au courant de  la fraude.

Sunny était de la même eau. Il virait tout ceux qui ne suivaient pas leurs menteries, intimidait, contrôlait et manipulait à souhait, s'inventait des talents et parlait beaucoup à travers son chapeau.

Holmes a charmé la famille Walgreen qui s'est vite associée commercialement avec elle et qui a bu la sauce de tout ce qu'elle disait. Ce seront 105 millions de $ que les Walgreen mettront dans Theranos. Bill & Hillary Clinton, Henry Kissinger, George Shultz, James Mattis, et Betsy DeVos ont tous appuyé ses projets menteurs. 

Mais la pharmacie liée à Walmart, Safeway, commence aussi à flairer l'arnaque. Les tests semblent tous faits sur des machines autres que la Theranos. Ian Gibbons était le chef des opérations chimiques, il se faisait questionner par des sources légales. Il avait 67 ans. Dès le lendemain des premières questions, il s'est vite enlevé la vie avant d'avouer quoi que ce soit. Holmes sera extraordinairement froide ne réagissant presque pas à sa mort et ne retournant jamais les appels de la veuve de Gibbons.

Ils avaient un contrat avec Walmart de 140 millions pour livrer les machines en février 2013. Nous étions maintenant en juin 2013. Rien n'existait à ce niveau. Les menteries devenaient plus grosses. Les prévisions de Sunny présentées aux investisseurs étaient 10 fois meilleures que la réalité. Sans directeur financier, les chiffres étaient tous inventés.

Les doutes se dissipaient en raison de l'appui public qu'Holmes avait des personnalités nommées plus haut.

Holmes allait récolter de Ruppert Murdoch, des frères Walgreen, de la famille Devos et de bien d'autres, des milliards de dollars à investir dans la campagne électorale d'Hillary Clinton. Ce qui ferait augmenter la valeur commerciale de Theranos maintenant établie à 9 milliards. La fortune d'Holmes étant évaluée à 5 milliards, à elle seule. Faisant signer des accords de confidentialité dès l'embauche, personne, anciennement de l'intérieur, ne pouvait complètement parler.

En 2014, elle est de tous les médias. La plus jeune femme milliardaire l'étant devenue par elle-même. En coulisse, tout les proches travailleurs (sauf Sunny) soupirent.

Le Wall Street Journal est mis au courant du cancer intérieur. Les confidences se multiplient. Holmes livrent une guerre ouverte au journal, menace, intimide et demande même à Ruppert Murdoch, propriétaire du journal, de faire taire ses journalistes. Mais Murdoch est intègre et refuse.

Quand Joe Biden visite le laboratoire, on monte un faux laboratoire pour l'impressionner la poudre aux yeux fonctionne.
Les articles de John Carreyrou du WSJ font la lumière sur les faussetés de Theranos. Tous les autres médias commencent à s'intéresser à la fraude.

Holmes se défend mais ses menteries ne confondent plus.

Une inspection sérieuse de leurs résultats confirment que seulement 12 des plus de 200 tests sanguins ont été vraiment faits sur la machine de Theranos. Les autres étant faits sur des machines pré-existantes, ailleurs. Et même là, les 13 tests avaient des résultats très très peu fiables, sinon faussés par pleins de problème parasites.

Theranos tombe en contrôle des incendies. Sunny & Holmes se chicanent tant qu'ils se séparent. Tous les actionnaires et investisseurs commencent aussi à intenter des poursuites.

Sociopathe, peut-être sans le savoir, (Son père, ayant travaillé pour Enron, elle avait été malgré elle, à la bonne école.)elle ne savait en revanche que ce qu'elle voulait.

Les milliards.
Qu'elle a eu brièvement.
Mais qui ne lui vaudront (peut-être) que la prison.

Son cas est un problème moderne.
Où l'illusion de la réussite prend parfois toute la place.
Dans un pays où un mensonge répété assez souvent peut laisser trace de vrai.

Son procès devait commencer en aôut.
Celui de Sunny aussi.

J'espère qu'on aura déconfiné les palais de justice aux États-Unis.

Même si là-bas, la justice n'existe pas tellement.

Sauf peut-être pour les jeunes filles riches blanches

Aucun commentaire: