Être riche.
Une qualité ou un défaut?
Je suis de ceux qui croient que c'est une qualité.
Être riche au sens figuré, je veux dire.
Comme dans "je suis aujourd'hui plus riche de te connaître"
ou
"Je suis plus riche de maitriser une autre langue"
Ainsi de suite.
Et je n'ai rien contre ceux qui ont bossé très fort dans leur vie pour se garantir une qualité de vie que l'argent, la richesse au sens propre, leur garantira. Car l'argent facilite, ne nous comptons pas de menteries. Elle donne des moyens.
C'est cette facilité que l'argent procure qui a fait en sorte que Jonathan Montalvos en décembre dernier, se faisant refuser quelque chose au Ivy Club de Montréal, un refus peut-être pour la première fois de sa vie, a fait un véritable clown de lui-même. Des images qui ont fait le tour du Québec.
Ces images, même si je savais très bien que le cerveau du jeune homme était affaibli par l'alcool, je les ai trouvé plus tristes que drôles quand je les ai vues. Pénibles. Je trouvais le soldat Montalvos excessivement peu armé pour affronter la vie. Si supposément riche et si pauvre à la fois. Je voyais dans ce jeune homme tous les ingrédients qui en ferait une victime de taxage. De plus, il donnait beaucoup de munitions pour qu'on le méprise à jamais. Quand il dit "Toi t'es pauvre" surtout. La pauvreté par manque de ressources financière n'est pas un défaut. C'est un état. Comme dans "j'ai eu un accident". On ne choisit pas toujours d'être pauvre. Ce soir-là, le gosse de riche a aussi eu un accident.
Comment, dans la construction mentale désordonée de ce jeune homme, a-t-il pu penser une seule fraction de seconde que de lancer "Toi t'es pauvre" aurait pu être une insulte? Ça relève du désordre mental. Comme Newt Gingrich qui a annonce que parler français pourrait être un crime. (planet earth calling, planet earth calling, do you hear me?)
Au sens figuré, être pauvre est mauvais. Pauvre en idées, en vocabulaire, en humour, en traits de personalité, en moyen de défense comme lui ce soir-là, mais pauvre parce que pas beaucoup d'argent? Comment ça peut être un défaut? Seulement quand vient le temps de payer. Un défaut de paiement est alors possible.
Être pauvre? un défaut? Pas au sens propre. Pas comme Montalvos l'a lancé, bourré.
Je suis de ceux qui croient que ça n'a rien à voir. Être pauvre c'est comme être jeune. C'est être au début de quelque chose. C'est encore plein de potentiel. C'est trrrrrrrrrrrrrrrrrès loin d'être un défaut.
Montalvos est jeune. Il est donc au début de quelque chose. Il se dit riche mais je le sais pauvre aussi. Pauvre en moyen de communiquer. Il l'a prouvé. Et continue de le faire.
Un opportuniste étire la blague en lui faisant faire la tournée des bars. Lui et son agent sont payés 1500$ par les tenanciers de bars et se partagent la somme à la fin de la soirée. C'est peut-être la première job de sa vie.
Qu'est-ce que Montalvos fait? Il boit, il parle de la raisonnablité de boire avec modération, d'avoir du fun intelligement, il monte sur scène, il répète les mots qui l'ont rendu célébre comme on répète ad nauseam une blague que tout le monde aurait ri une première fois. Les DJ le font monter sur scène et enterrent le moment sous des décibels de musique pour masquer le vide de l'expérience. Le phénomène de foire qui sévit sous le pseudonyme de daddy's boy s'agite et danse comme la putain sur son coin de rue la nuit. Les gens se prennent en photo avec lui.
Vide comme une coquille de cacachuète dans la main d'un pachyderme.
Si à 16 ans on m'avait dit que je trouverais dans mon endroit de perdition un jeune homme effeminé de mon âge qui me ferait la leçon en se déhanchant sur une caisse de son, je n'aurais jamais mis les pieds dans un bar de ma vie. Un gosse de riche né dans une tonne d'argent en plus? Qu'a tu à m'apprendre de la vie toi qui a toujours eu tous les moyens que je m'use à obtenir? Je lui aurais présenté Bianca Rojas-Latraverse. D'ailleurs ce doit être à un certain type de filles que ces soirées paraissent attrayantes. "il est riche?, marry me". D'autant plus qu'il a l'air gai comme les pâquerettes, il ne représente alors aucun danger. "Faisons un Copperfield/Shiffer pour tromper le monde" lui proposeront peut-être certaines. Tant mieux pour eux. Est-ce que je les envierais. Non.
Étrangement, malgré un budget sérré, je me sentirais encore plus riche que lui.
Pour être riche il ne faut pas nécessairement user d'autrui. Il suffit simplement quelque fois de savoir. Knowledge is power. L'argent aussi des fois mais pas ce soir-là à la porte du Ivy Club pour Jonathan.
Jean Charrogne et Napoléon Labeaume sont partis en "mission économique" dans le Grand Nord québécois en début de semaine dernière. Labeaume ne l'a pas caché il a dit qu'il se rendait là-bas pour voir comment on peut faire plus de sous.
Comment le Québec peut être plus riche donc. Fair enough.
J'espère juste que les gens du Grand Nord s'en sortiront plus riches eux aussi, 81 milliards d'invesstisement plus tard.
Que nous ne sommes pas en train de coloniser le Grand Nord au détriment de ses habitants.
J'espère et souhaitent les gens du Grand Nord riches déjà.
Riches en connaissances sur le projet.
C'est d'abord à eux d'en profiter.
Pas seulement aux gens d'ailleurs.
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