À la lumière des vagues qu'on créé l'affaire DSK l'an dernier, on pourrait croire que la femme française a très peu de dignité.
Ce serait peut-être injuste de le croire.
De TRÈS grandes femmes sont issues de l'héxagone.
Celle-ci était d'abord polonaise de naissance.
Maria Salomea Skłodowska naît le 7 novembre 1867 à Varvosie, alors sous l'empire russe, d'un père professeur de mathématiques et de physique et d'une mère institutrice. Elle est la plus jeune d'une famille de 5 enfants. Les jumeaux Zofia et Josef, Helena, Bronia et elle. Elle perd coup sur coup sa soeur ainée Zofia des suites du typhus en 1876 (sa soeur avait 13 ans) et sa mère deux ans plus tard qui succombe à la tuberculose. Marie concentre sa peine sur ses études où elle obtient des notes parfaites dans toutes les matières. On lui donne son diplôme de fin d'études secondaires accompagné d'une médaille d'or. En Pologne sous influence russe, elle fréquentera alors clandestinement l'université volante, qui est illégale.
Elle veut bien faire des études supérieures mais à cette époque, elles sont interdites aux femmes. Elle est alors gouvernante en province pendant quelques temps. Le temps de récolter des sous pour aller rejoindre sa soeur Bronia à Paris.
Lorsqu'elle la rejoint, Marie s'inscrit aux études de physique de la faculté des sciences de Paris. Elle peut étudier parmi les hommes grâce à son statut d'étrangère. Comme 23 autres étudiantes. Les françaises n'ont pas le droit à ses études. À 26 ans elle obtient sa licence ès science physique terminant première de sa classe tout sexe confondu. Ceci lui donne donc une bourse de 600 roubles afin d'étudier un an de plus à Paris. Elle obtient sa licence ès mathématiques un an plus tard, terminant deuxième de toute la promotion.
Elle rejoint ensuite le laboratoire de Gabriel Lippman qui dirige des travaux de recherche sur les propriétés magnétiques de différents aciers. Elle y rencontre Jozef Kowalski qui lui fait rencontrer le chef des travaux physiques de l'École Municipale de physique et de chimie industrielle, Pierre Curie.
Pierre et Marie étudient tous les deux le magnétisme. Un autre type de magnétisme s'installe entre les deux: la passion mutuelle pour le sujet devient passion amoureuse. Le couple se marie en 1895. Marie continue ses recherches sur l'acier et a une première fille deux ans plus tard.
En utilisant l'instrumentation, élaboré par son mari, qui permet de mesurer avec une grande précision l'effet des rayonnements sur l'ionisation de l'air. Marie démontre que certains gisements et espèces minérales sont de deux à quatre fois plus actives que l'uranium. Ses recherches lui méritent un prix de 4000 francs, le prix Gegner de l'Académie des sciences. Prix qu'elle gagnera deux autres fois en 1900 et en 1902.
Ses découvertes sont si importantes que Pierre Curie laisse tomber les siennes afin de seconder celles découvertes par sa femme.
Des extractions, faites à partir de tonnes de minerai, sont effectuées dans des conditions difficiles, dans des locaux dépourvus de tout confort. Marie y découvre le polonium, baptisé ainsi en hommage à son pays d'origine, et le radium, neuf fois plus rayonnant que l'uranium.
En 1900, elle est nommée chargée des conférences de physiques de 1ère et 2ème années de l'École normale Supérieure d'enseignement secondaire des jeunes filles de Sèvres. Trois ans plus tard elle soutient sa thèse de doctorat intitulée Recherches sur les substances radioactives. En décembre de cette année-là, on lui décerne le prix Nobel de physique.
En fait pas tout à fait...
Le prix suédois ne comporte que les noms de Pierre Curie et d'Henri Becquerel qui a fait beaucoup lui aussi sur la même lignée de recherche. C'est Pierre Curie qui doit insister afin que le jury accepte d'y mettre le nom d'une femme, ce qui semble inconcevable. Pierre dira qu'il s'agit de ses travaux à Elle qui sont la source de tout ceci, qu'elle en est le chef de file et non l'inverse. On rectifie la chose et elle devient la première femme à reçevoir un tel prix. Elle reçoit le prix 4 jours après avoir donné naissance à une seconde fille.
Le couple devient célèbre, et ces découvertes suscitent un engouement tant scientifique que public. À cette époque, et ce jusque dans les années 60 (du moins au Québec) les femmes ne pouvaient pas aspirer à une carrière sans d'abord passer par l'église. On suivait la voie de Dieu, on prenait mari et fondait une famille en s'occupant de la maison ou les plus dégourdies enseignaient dans les écoles primaires mais une carrière autre? Impossible. Marie Curie venait de prouver le contraire au monde entier.
La naiveté face au radium est telle qu'une danseuse, Loïe Fuller, leur demande de l'aider à faire un costume phosphorescent au radium. Ce qu'ils refusent bien entendu.
Elle est nommée professeur titulaire d'une nouvelle chaire de physique générale et gagne maintenant 2400 francs par année.
En 1906, Pierre Curie se tue dans un accident de calèche. Marie est effondrée. Elle devient alors la première femme en France directrice d'un laboratoire universitaire dans lequel elle favorise la candidature de femmes chercheuses ou étudiantes.
En classe elle affirme:
En vérité, je vous le dis : le temps est proche où les femmes deviendront des êtres humains.
En 1910, Marie Curie parvient à isoler un gramme de radium sous forme de métal pur. Elle publie la même année Le Traité de la Radioactivité. L'année suivante elle est la seule femme à participer au congrès Solvay qui réunit les plus imminents physiciens mondiaux dont Albert Einstein.
Elle développe une relation avec le physicien Paul Langevin, qui rappelle beaucoup Pierre Curie dans ses recherches sur le magnétisme comme dans son apparence physique. Toutefois Langevin est marié. Et en cette époque misogyne et xénophobe, elle est dépeinte comme la "méchante polonaise" qui vient briser un bon ménage français. Ceci enflamme l'opinion publique. En novembre de cette année-là, malgré la tourment elle gagne encore le prix Nobel mais de chimie cette fois. Deux Nobels dans deux catégories différentes, une femme, que d'exploits inégalés!
La presse française taira lâchement son succès.
Un professeur français propose la création d’un Institut du radium, dédié à la recherche médicale contre le cancer et à son traitement par radiothérapie, institut qui deviendra plus tard l'Institut Curie. L'institut est achevé en 1914, tout juste avant la guerre. Quand celle-ci éclate, Curie se mobilise. Aux côtés d’Antoine Béclère, directeur du service radiologique des armées, et avec l'aide de la Croix-Rouge, elle participe à la conception de dix-huit unités chirurgicales mobiles, d'ambulances "radiologiques " surnommées les "Petites Curies". Ce sont des véhicules de tourisme pouvant se rendre très près des champs de bataille et permettant ainsi de limiter les déplacements des blessés. Elles permettent aussi de prendre des radiographies des malades, opération très utile pour situer plus précisément l'emplacement des éclats d'obus et des balles et faciliter les chirurgies. À l’Institut du Radium, elle forme des aide-radiologistes.
En 1916, elle obtient son permis de conduire et part régulièrement sur le front réaliser des radiographies. Sa fille Irène, qui a désormais 18 ans, l'aide et l'accompagne.
À la fin de la guerre, sa fille devient son assitante à l'institut du radium. Après la découverte des vertus thérapeutiques du radium pour la lutte contre le cancer, le radium connaît un vif engouement au point d'être utilisé dans de nombreux produits de consommation courante comme les crèmes rajeunissantes, les cigarettes, les réveils-matins, etc.
En 1921, elle fait son premier voyage aux États-Unis et achète un gramme de radium pour l'institut à l’usine du radium de Pittsburgh, où sont utilisés de manière industrielle les procédés qu'elle a développés. En 1929, toujours grâce aux femmes étatsuniennes, elle reçoit un nouveau gramme de radium, dont elle fera don à l’Université de Varsovie.
Très sollicitée, elle voyage énormément, et s'engage aux côtés d'Albert Einstein dans la Commission internationale de coopération intellectuelle nouvellement créée.
Ayant le nez dans dans le radium depuis facilement 20 ans, Marie Curie est ainsi exposée aux éléments radioactifs depuis très longtemps. Les employées qui travaillent une-à-une les aiguilles d'horloges et les montres sont toutes malades ou meurent. On commence à faire des associations.
Marie Curie est atteinte d'une leucémie radio-incuite qui a déclenché une anémie aplasique. Malgré sa faiblesse, elle continue d’assurer la direction de la section de physique et chimie de l’Institut du radium. Le 29 juin 1934, elle se rend en haute-Savoie pour y être hospitalisée et y meurt 5 jours plus tard.
Cette femme IMMENSE avait 67 ans.
Ses découvertes lui survivent
Et sauvent nos vies.
Merci la vie pour Marie Curie.
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