Lady McFuck était une femme tout ce qu'il y a de plus ordinaire.
Elle avait néanmoins eu une belle vie.
Peut-être un peu naive, mais dans l'ensemble elle avait réussi là où elle l'avait souhaité.
Femme d'ambition modestes, elle ne s'était même pas fixée comme objectif de se trouver un amoureux.
Voilà précisément pourquoi elle en avait trouvé un. Un bel homme. Jamais elle ne s'était dit que c'était lui qui allait la faire vivre avec son salaire à lui. Ce n'était d'aucune importance. Ils allaient être deux. Une équipe. Comblée au niveau sexuel, intellectuel et professionnel, elle gagnerait plus d'argent que lui. Comme enseignante au secondaire. Lui, il passerait de jobine en jobine dans les usines sans jamais décrocher le gros lot au niveau du salaire. C'est drôle comment toute sa vie elle aurait à faire face au mépris des autres femmes pour ça. Comme elle gagnait plus que son mari, automatiquement celui-ci devenait aux yeux des autres, un opportuniste. Si la situation avait été contraire, l'homme gagnant plus que sa conjointe, on l'aurait vu, lui, comme un maudit bon gars pour elle. Et pourtant c'est exactement ce qu'il était: un maudit bon gars pour elle. Et pour leur fille, Carol-Anne. Un père exemplaire.
Elle avait aussi souffert le mépris des autres pour avoir placé sa fille à la garderie à l'âge de 8 mois. Elle avait dû supporter les discours les plus imbéciles sur l'éducation des enfants et l'impact d'un tel geste sur son enfant.
Sa fille allait grandir une fille extrèmement intelligente, alerte, allumée, extrèmement douée, complètement intégrée à tous les milieux, heureuse, en amour, au travail, avec ses 4 enfants. Très proche de sa mère et de son père. Pas le spectre de la fille en manque d'amour que l'on lui dépeignait qu'elle deviendrait alors.
Sa fille s'installerait à Londres, heureuse avec son mari et ses 4 enfants. Le mari de Lady McFuck, pour sa part, était décédé depuis un an.
Avec le temps, la vie n'aura fait que décevoir Lady McFuck. Le cynisme qui ne ferait que s'alourdir. À l'école d'abord dans les commissions scolaires avec le désastreux passage de Lucien Bouchard et de son équipe. Bouchard qui ne ferait que décevoir année après année devenant l'emblême même du ministre opportuniste se forgeant une fortune dans le domaine privé dans son après-carrière. Et ces cons se demanderaient pourquoi le cynisme était si pesant à l'égard des gens en politique. Ces même gens qui changent de bannière sans se soucier de ceux qui ont voté pour eux. Et nous aurions le culot de dire qu'Haïtï c'est insupportablement corrompu? Ce mépris absolu des gens. Comment font-ils pour bien dormir?
Et cette femme qui a osé parler d'éthique avant de quitter sa vie politique et incarnant la pute en chef en devenant vice-présidente de ceux qui bénificieront le plus du Plan Nord qu'elle s'était dessinée pour elle-même. Ça devrait être normal, ça devrait être correct. Taisez-vous les jaloux disent-ils. C'est devenu si normal qu'on annonce maintenant le crime avant qu'il n'arrive.
Lady McFuck n'en pouvait plus. C'était ça son monde? Un monde où on vous demandera de faire la promotion et de faire investir des gens pour un train qui ne passera jamais chez vous? Un monde où doubler son année scolaire parce qu'on est pas asez bon n'existe plus? Un monde où parler en anglais serait un crime de lèse-majesté? Un monde où les assassins s'en tireraient en manipulant adéquatement? Un monde où on jugerait bon de déployer un hélicoptère pour parler du suicide d'un homme aux nouvelles?
McFuck était une mouche, ficelée dans une toile d'arraignées. Et les araignées régnaient.
Suivre l'actualité était devenu une telle tare pour Lady McFuck qu'elle choisit de ne plus se mettre au courant de rien.
Dans le délicieux film Life During Wartime de Todd Solondz il y a cette ligne:
"Sometimes It's just better to just let go".
"Fuck family, fuck motherhood, fuck the kids, I just don't care anymore" dit un autre personnage plus loin
C'est ce qu'à fait McFuck ce jour-là.
Pilules, alcool, voyage éternel.
Elle avait pourtant l'air si heureuse dans la vie.
Mais elle ne voulait tellement plus de cette vie qu'on lui dessinait à grands coups de viol.
Toujours dans Life During Wartime, l'échange est le suivant entre une jeune fille et le fantôme de son ancien amoureux:
"Do you think Helen's happy?" (en parlant de sa soeur que l'on entend baiser dans la pièce voisine)
"I think so" lui répond le fantôme de l'ancien amoureux.
"I think she's faking it" lui dit la fille.
Le fantôme c'est les illusions naives du passé.
C'est cette race de limace à la déroutante odeur de pets de vache qui nous baise dans la pièce d'à côté.
Et nous sommes ceux qui remarquont qu'ils font semblant tout le temps.
La soldate McFuck n'était pas armée pour cette guerre.
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