samedi 30 avril 2011

Les Fantômes du Centre Bell de Mario Tremblay

Dans les années 90, Ronald Corey, alors président des Canadiens a pris une fâcheuse décision.

Il a engagé un bon ami, un maudit bon gars, un excellent homme d'affaires dans le milieu de la bière et en plus un ancien joueur des Canadiens de Montréal, Réjean Houle.

Ce n'est pas de l'avoir engagé qui fût une erreur. Car, tel que mentionné plus haut, Houle est un homme plein de qualité. C'est le poste qui lui a été offert qui fût une erreur. Celui de directeur-gérant.
Après 5 matchs, 5 défaites en ouverture de la saison de 1995, Houle fait venir dans son bureau, un joueurnaliste. Non ce n'est pas une faute de frappe. Un joueurnaliste vous le comprendrez, est un ancien joueur dans un sport qui, une fois à la retraite, transforme sa carrière en journaliste du sport qu'il avait pratiqué.

Mario Tremblay est aussi un ancien joueur des Canadiens. Voilà presque 10 ans qu'il a pris sa retraite quand il entre dans le bureau d'un ancien coéquipier à qui il croit venir parler à bâtons rompus. Tremblay croit qu'il aura un scoop, Houle est un de ses amis, le club n'a pas fait les séries l'an dernier, il semble en chte libre, il se trame quelque chose, il est seul avec lui dans son bureau en tête-à-tête. 
"Toi Mario, tu ferais quoi avec ce club-là...?"

Ça prendra un peu de temps à Tremblay avant de réaliser que son ami Houle le passe en entrevue et lui offre le poste d'entraineur des Canadiens. Mario Tremblay n'a jamais reculé devant rien. Des fois, parfaitement inconsciemment. Dave Schultz veut se battre? let's go! Michel Bergeron crie du banc des Nordiques? Mario lui répond de la glace. Dans la foire du vendredi saint, Mario Tremblay est partout, sur Peter Stastny, sur Dale Hunter, auprès de Jean Hamel quand Louis Sleigher lui fait un cheap shot. Let's go!
Il avertit bien son ami Houle qu'il n'a jamais coaché un match de sa vie. Houle est prêt à prendre le risque. Let's go! Le club est sans émotions et le petit gars d'Alma est tricoté tout en émotions.

Quand l'annonce de son embauche est rendue publique, tout le monde se retient pour ne pas rire. Les journalistes n'en croient pas leurs oreilles. Ce ne pourra qu'être pire, il n'a jamais coaché de sa vie! La jalousie des confrères, ça, Tremblay peut vivre avec. Le défi n'en sera que plus grand et Tremblay est un homme fier.

Toutefois quand sa star, un certain Patrick E. Roy se range avec les journalistes et dit: "Quand j'ai entendu la nouvelle, j'ai été obligé d'aller prendre une douche, je pensais faire un mauvais rêve", cette fois le crétin gardien lance un dard dans le coeur de son futur entraineur et fait un doigt d'honneur à son directeur-gérant.

Ce commentaire idiot ne sera pas sans reste et sera à l'origine du match qui a sorti Roy de Montréal.

Houle commet une autre bévue en échangeant Roy trop vite au Colorado, les anciens Nordiques, contre presque rien.

Mario Tremblay connait une extraordinaire saison compte tenu de son inexpérience. En 77 matchs, il redresse la barre et les canadiens obtiennent 40 victoires. Ils gagnent même les deux premiers matchs en séries contre les Rangers à New York, mais perdent les quatres suivants.
La saison reste obscurcie par le fait que l'Avalanche du Colorado gagne la Coupe Stanley et la solide impression est que c'est Montréal, et la chicane Tremblay/Roy, qui leur a donné.

La saison suivante est moins bonne. Donald Brashear et Mario Tremblay en viennent presqu'aux coups pendant une pratique, le capitaine Pierre Turgeon demande égoïstement à quitter le navire et Réjean Houle bâcle un autre échange épouvantable avec St-Louis pour le satisfaire (un trop bon gars Houle, je vous dis). En séries, Les Devils du New Jersey, piloté par son ami Jacques Lemaire éliminent le Canadiens dès la première ronde.

Le 30 avril 1997, c'est un très (toujours) émotif Mario Tremblay qui se présente en conférence de presse pour annoncer qu'il quitte son poste. Il est déchiré parce qu'il a, plus que bien des joueurs de nos jours, le sigle du Canadien comme deuxième peau. Il est brisé par des journalistes jaloux et cruels et en restera cicatrisé longtemps. Ce Centre Bell qu'il a inauguré cette année là avec un passage du flambeau qui a boulverssé tous ceux qui y étaient présents, devient son capharnaüm. L'endroit où il est entré avec des larmes d'émotions positives dans les yeux et qu'il a quitté avec tout le contraire.

Il s'exilera pendant 10 ans au New Jersey et au Minnesota, les deux fois comme assistant du fantastique Jacques Lemaire.

Chaque 30 avril qui ont passé pendant 10 ans ont été une torture pour Tremblay.

Tremblay est revenu à Montréal comme joueurnaliste depuis septembre. Honnêtement il fait du sacré bon boulot. Michel Bergeron, devenu un inséparable ami à qui il aime tirer la pipe, et lui forment un tandem extrèmement sympathique (et drôle) en ondes. À la radio il est tout aussi bon. Sur l'heure du midi et en reprise 6 heures plus tard, il discute pendant une demi-heure avec Mario Langlois, un autre fin observateur du hockey (et du monde du sport). Cette discussion entre les deux Marios est toujours agréable et juste. Le Mario Tremblay de 1997 et celui de 2011 sont complètement différents.

C'est un homme libéré d'une tonne de pression qui semble travailler dans le total bonheur. Je dois avouer que de le regarder travailler de manière aussi détendue, un homme que nous savons tous très émotif, m'inspire. Tremblay m'inspire plus maintenant que quand il était joueur (j'étais Nordiques à l'époque anyway...).

Travailler dans le bonheur est le rêve de tous. Tremblay semble travailler dans le bonheur.
Un bonheur à moi serait de travailler sur la passerelle des Canadiens au Centre Bell.
Si ça arrivait un jour, mon premier réflexe serait d'aller remercier Tremblay et Bergeron.

 En janvier dernier, en revenant d'une activité promotionnelle organisée par le Canadien, Tremblay s'est retrouvé au Centre Bell. L'équipe était à l'étranger. Il n'y avait pas un chat dans la place. Il devait prendre une douche. Cette douche, c'est dans le vestiaire du Canadien qu'i l'a prise. Par la suite, il a fait le tour du vestiaire des joueurs.
Seul.
Là, il s'est rappelé les moments heureux de son passage comme instructeur. La douche avait éffacé tout le côté malsain de l'endroit. Mario bouclait la boucle.

Patrick E. Roy a dit lorsque l'on a retiré son chandail au Centre Bell "qu'il revenait chez lui".

Roy est passé par Montréal. Il est originaire de Cap-Rouge, à joué à Montréal, oui, mais a choisi d'aller au Colorado et est retourné à Québec, où il sévit toujours, pour son après-carrière.

Si il y en a un qui revient vraiment chez lui c'est plutôt Mario Tremblay.
Un bleuet d'Alma qu aurait souhaité n'avoir jamais eût à quitter.
Et qui au contraire de l'autre, continue de briller.

Aujourd'hui est un jour comme les autres pour l'ancien #14 des Canadiens.

vendredi 29 avril 2011

Mariage de Bois

Ne le sont-ils pas tous?
Les mariages, en bois.
Certains trouveront le bon vernis pour que ça dure toute une vie.
D'autres réussiront à faire durer avec un rien. D'autres prendront l'eau, seront à changer, pourriront.

Le bois ça se travaille. Les mariages aussi.

Aujourd'hui seront unis par les liens du mariage une très jolie jeune fille de Reading dont la vie ne sera plus un secret pour personne et le clône de Wayne Gretzky à 29 ans, jeune homme au sang royal.

Je m'explique mal cet intérêt pour la communion des deux amoureux. La vie inventée de Kate Middleton est déjà commencée. En épicerie, sur les magazines extra-terrestres qui ont séparé Brad et Angelina depuis 5 ans, Kate et William se marieraient parce que la belle brune serait enceinte.

Mais qu'est-ce qui fascine vraiment les gens devant cette union? C'est probablement parce que je suis un homme et que jamais le mot "sécurité" n'est entré dans mes soucis, mais il me semble que tout, dans le choix de vouloir tuer son intimité ainsi, est rebutant.

Vous avez vu Kate Middleton sortir de chez elle et la horde de photographes pour la prendre en photos pour rien?

Amis, extra-terrestres, voìlà une femme de la planète terre. La femme porte occasionnellement la robe courte qui lui dénude le genou, ces couleurs apparaissant sur son visage sont du maquillage, sur ces oreilles, dans son cou et sur ses doigts, des bijoux, pour faire décoration, et cette chose qui est accrochée sur son épaule et pendouille à sa hanche se nomme une sacoche. On y dépose des objets nécéssaires au "naturel" féminin. Ce sac jaune? qu'est-ce qu'il y a dans ce sac jaune? Il faut savoir ce qu'il y a dans ce sac jaune! Et ce plat? Pourquoi ce plat? Pour qui ce plat?

Vous croyez qu'elle ne se dirige pas directement vers la prison? Si un jour elle veut souper entre amies SANS William, vous croyez que ça ne fera pas de chichi? PARTOUT vous lirez qu'elle a trompé l'héritier du trône. Déjà, les gens ont extrapolé qu'elle était une "party animal" simplement parce qu'elle est une femme libre des années 2000. Oui elle a déjà eu d'autres partenaires, est-ce que ça en fait une pute? non. Est-ce que c'est de nos affaires? Encore moins. Vous l'avez tous vu cette photo de Kate, son beau visage étouffé par une demie-tonne de maquillage en sous-vêtements dans un semblant de robe? On sait tous que Will a bandé à ce-moment précis. Bientôt on saura peut-être ce qui émoustille Kate à son tour.

On en saura des tonnes de choses sur la Middleton que l'on ne veut pas savoir. La pression ne fait que commencer. Les bénéouiouis de la reine vont pousser pour que la belle ait des enfants. Si il n'y a pas de croissants dans le fourneau d'ici trois ou quatre ans, la médisance de la plèbe croissera.

Qu'est-ce qui fascine tant les gens?NBC envoie 250 journalistes sur place? 250? PU-LEASE! C'est probablement pour le rêve de petite fille. Le prince charmant et toute la sécurité qui vient avec. Mais Charles...il était charmant? He was ugly as a duck! Et il avait si peu de manières que sa mère est carrément passée par dessus pour la succession royale. Diana, qui n'avait rien vu de la vie s'est découverte enchaînée à un homme pwuoche, qui décevait même sa reine-mère. Et la sécurité? c'est ce qui l'a tué! Où elle était la sécurité quand elle était assise sur la banquette arrière d'une limousine conduite par une chauffeur ivre qui conduisait trop vite afin d'éviter des mouettes de photographes qui auront eu sa peau au bout du compte? c'est sécuritaire ça?

Cette foule qui sera entassée devant l'abbaye de Westminster, cette masse qui vous paraîtra bienveillante sera vos assassins. Ceux avec les appareils surtout. Ceux qui rêvent, rêvent, ils ne sont jamais dangereux. Mais ceux avec les micros, les grosses caméras, les Ipads, les stylos et le carnets. Ils préparent votre épitaphe.

Will, honnêtement mesdames, il est beau?...Je sais, je sais la puissance occulte la beauté et la beauté est dans l'oeil de celui/celle qui aime, mais franchement, William, si il n'avait pas son titre, vous vous tourneriez sur la rue? Et Wayne Gretzky? Bon, d'accord, vous avez raison, je n'ai pas à juger de ce qui est beau et de ce qui ne l'est pas. Ce serait de l'envie de ma part, je suppose.

Par un horrible tour du destin, son petit frère, éternel deuxième qui ne pourra pas aspirer au trône, est né roux. Attention je n'ai rien contre les roux (les rousses encore moins!) j'ai du sang irlandais, je serais bien mal placé pour avoir quoi que ce soit contre les roux. Mais en général quand on fait des références à la laideur, le "roux" a toujours une bonne place. Peut-être parce que ça rime avec pou.

Et si Middleton devenait Middletoutoune dans cinq ou 6 ans? Hoooooooo les photos mes amis!...

Bon...

Voyez comme ça transforme ce qui est important en ce qui ne l'est pas?
J'en ai fait un post entier...

Ce qu'elle épouse ce n'est pas Will Gretzky.
C'est la vie publique.
Une vie publique en bois que les termites envahissent tranquillement à partir d'aujourd'hui

À partir de maintenant t'es en robe transparente en permanence, lady.

Bon courage Kate!

jeudi 28 avril 2011

Le Scandale des Black Sox

Arnold "Chick" Gandil avait une sale tête.
Il avait aussi de sales amis.
Il frayait avec le monde interlope.
Joe "Sport" Sullivan, un gambler notoire de la Nouvelle-Orléans, était l'un de ses amis. La crapule juive Arnold Rothstein est le commanditaire de Sullivan, intouchable, il ne sera jamais tellement inquiété par la justice.


Nous sommes en 1919.

L'instructeur des White Sox de Chicago Chuck Comiskey est un petit bourreau. Les joueurs de baseball ont un salaire obligatoire et doivent l'accepter ainsi peu importe leur talent ou leur contribution aux succès du club. Les joueurs plus talentueux, comme Gandil,  s'en offusquent secrètement. Le club est excellent et il termine bon premier mais le bonheur ne règne pas dans le vestiaire. Il y a clairement un clivage entre les joueurs satisfaits et les joueurs insatisfaits. Le lanceur Eddie Cicotte avait une clause qui lui aurait fait mériter 10 000$ si il remportait 30 matchs. Suite à sa 29ème victoire, l'instructeur Comiskey "le repose" pour les deux dernières semaines du calendrier "en prévision des séries."La coupe déborde quand Comiskey fait laver l'équipement des joueurs, devenu tellement sale qu'il appelle son club les "Black Sox", et déduit la facture du nettoyage de leur salaire. 
Gandil, le joueur de premier but,  conconcte un plan avec son ami Joe "Sport" Sullivan. Il lui dit que Sullivan peut lancer des paris contre les White Sox qui affrontent les Reds de Cincinnati en séries mondiales. Les White Sox perdront volontairement la série. Gandil l'assure qu'il convaincra suffisament de joueurs pour que Chicago perde volontairement, mais subtilement.

Gandil convainc les lanceurs Eddie Cicotte et Claude "Lefty" Williams, le joueur de champs Oscar "Happy" Felsch et l'arrêt-court Charles "Swede" Risberg (qui deviendra son principal assistant dans les plans de défaites volontaires). Le joueur de troisième but Buck Weaver est aussi du complot mais refuse d'y participer. Comme Fred McMullin était un réserviste, il ne jouait pas souvent. Il ne pouvait donc pas avoir un réèl impact sur l'issue d'un match. Toutefois il entend la rumeur et menace de tout révéler si il n'a pas une part du gâteau. Les autres l'incluent donc. Quand les gamblers doutent de l'efficacité du projet, Gandil et Risberg lancent le nom de leur star "Shoeless" Joe Jackson comme membre actif du complot pour les appâter, le deal est ainsi signé. Ils tentent de convaincre par la suite Shoeless du bienfait du deal mais celui-ci, est peu convaincu. Son rôle restera toujours obscur. Lui qui est si bon habituellement au bâton sera terrible en finale et ses deux seuls moments honorables au bâton surviendront quand le match était hors de portée et perdu pour Chicago. De plus, il est habituellement un très fort joueur défensif mais il ne peut empêcher les Reds de réussir un triple de son côté du champ. Ceci laisse croire qu'il faisait parti du complot. Il n'a pris part à aucun meeting avec les 7 autres et n'a jamais donné un consentement clair. Il était, bien qu'illétré, au courant de la magouille. On raconte qu'il a choisit de prendre part au complot quand Risberg a menacé de s'en prendre à sa famille et signé un document qu'il ne pouvait lire.

Les paris sont si nombreux CONTRE les White Sox que le doute s'installe. Ils sont pourtant favoris à 5 vs 1 mais tout le monde pari contre Chicago.
Dès le deuxième lancer de la série mondiale, Cicotte lance dans le dos du premier frappeur des Reds ce qui est le signal que l'opération est en cours.

Lorsqu'un roulant est frappé du côté de Shoeless Jackson, un coureur des Reds court vers le marbre. Jackson a une chance de le retirer. Il lance mais Gandil au premier but crie au lanceur Cicotte d'intercepter le relais. Ce que Cicotte fera, permettant aux Reds de marquer. Le club perdra 2-0 et Cicotte sera crédité de 2 erreurs dans cette seule manche qui aura coûté les 2 points. "Lefty" Wiliams est le coéquipier de chambre de Shoeless Jackson et est responsable de le "surveiller".
"Lefty" Williams deviendra le tout premier lanceur à perdre trois matchs en série mondiale. Dickie Kerr, qui n'est pas du complot, gagne ses deux départs. Eddie Cicotte,  qui entendra de la part des gamblers qu'ils ne sont pas certains de pouvoir payer les joueurs, gagne son dernier match lui aussi en guise de réprimande. On menace la famille de Williams afin de s'assurer qu'il perde le dernier match. Ce qu'il fera. Les Reds sont champions mais la rumeur est lourde.

C'est l'année suivante qu'un enquêteur est mis sur le dossier et réussit à faire confesser Eddie Cicotte et Shoeless Jackson. C'est la fin de la saison et Chicago doit gagner ses trois derniers matchs afin de s'assurer du championnat. Comiskey, dur mais juste, choisit de suspendre les 7 joueurs soupçonnés pour les trois derniers matchs (la crapule Gandil avait pris une étonnante retraite depuis...). Chicago perd le championnat de la sorte, perdant 2 des 3 matchs.

Un premier jury blanchit tous les joueurs impliqués, fautes de preuves quand les confessions disparaissent...
Toutefois le tout premier commissaire du baseball majeur, Kenesaw Mountain Landis, banni tous les joueurs impliqués du baseball à jamais. Incluant Buck Weaver qui est aussi coupable d'avoir été mis au courant et de n'avoir rien révélé.

Avec 7 de leurs meilleurs joueurs écartés pour toujours, les White Sox ont terminé 7ème en 1921. 5 ans plus tard, Charles Comiskey allait décéder et donner son nom au stade. Il faudra attendre 40 ans avant que les White Sox ne gagnent un championnat à nouveau. Ce que l'on appelerait "la malédiction des Black Sox".

Risberg a tenté d'organiser des tournées dans les stades avec les joueurs bannis mais Landis a menacé de suspendre à vie quiconque jouerait avec ou contre les tricheurs. Risberg a ensuite tenté d'organiser des matchs le dimanche entre les 8 joueurs mais l'état de l'illinois a menacé de révoquer les permis sportifs de tous les stades voulant les accueillir.

Les 10 autre joueurs, honnêtes ceux-là, ayant participé à la finale de 1919 ont obtenu un bonus de 1500$ à la demande de Charles Comiskey avant sa mort.
Soit la paie des 8 joueurs suspendus à vie.

Arnold Rosthein a payé un exil au Mexique à Joe "Sport" Sullivan pour l'empêcher de témoigner contre lui et ils n'ont jamais été inquiété par la justice par la suite.

Le film Eight Men Out raconte ce noir épisode du sport.

mercredi 27 avril 2011

BernanQUI?

Ben Shalom Bernanke.

Il est un des rares hommes qui peut se vanter de causer et du coup faire trembler le monde.

Le monde économique s'entend.

Diplômé de 2 universités en 1971(Caroline du Sud) et en 1975(Harvard) Ben Bernanke obtient son doctorat en 1979. Une thèse appellée Les Engagements à Long Terme, L'Optimisation Dynamique et le Cycle Économique.  Dès 1979 il enseigne la théorie monétaire, donne des conférences à la London School of Economics et à l'université de New York jusqu'en 1985. À partir de cette année là, il est professeur au département d'économie de l'Université de Princeton où il sera aussi président du département d'économie de 1996 à 2002. Cette année-là, il devient membre du conseil des gouverneurs de la Réserve Fedérale des États-Unis (la Fed).

En novembre 2002 il fait une très forte impression en prononçant un discours proposant une politique monétaire plus traditionnelle  avec une banque centrale se cantonnant dans un rôle plus modeste. Il discute entre autre des pratiques qu'il favoriserait pour la Fed si un ralentissement économique devait survenir.

Trois ans plus tard, il offre un nouveau discours, controversé, car il fait porter la responsabilité des nombreux déficits et déséquilibres extérieurs des États-Unis sur un excédent mondial d'épargne plutôt qu'à un excès de consommation des États-Unis. C'est pas nous, c'est vous. Typiquement Étatsuniens right?
Ça plait à George W. Bush qui le nomme à la tête de la Fed. Depuis octobre 2006 il est le grand manitou de la Fed.

Bernanke devient un homme plus grand que nature, d'une extrème importance,  lors de l'effondrement financier de 2008 aux États-Unis où il applique les théories à la Fed qu'il exposait dès 2002.

En 2009 il est nommé par le magazine Time la personalité de l'année puisqu'il est pointé comme celui qui aurait sauvé les États-Unis du désastre financier.

Le Time fait preuve de beaucoup d'optimisme puisque les États-Unis ne sont pas complètement relevé du désastre financier apréhendé. Crise financière chaque jour toujours inquiétante aux États-Unis.

Aujourd'hui, Ben Bernanke prend la parole pour répondre aux questions de ceux qui s'intéressent aux marchés financiers. Les marchés boursiers évolueront selon la tenue de ses propos. La conférence de presse peut ajouter suffisamment d'incertitude au processus de communication du message pour devenir un élément de risque pour les marchés. Quand Bernanke prend le micro, le risque peut être à la hausse comme il peut être à la baisse.

Les marchés vont se chercher aujourd'hui et tout dépendant de la lecture du vent soufflé par les propos de Bernanke, les flots financiers seront influencés conséquemment.

Il n'y aura pas que les propos de Bernanke pour influencer les marchés cette semaine. L'analyse des résultats financiers du CN, de Jean Coutu, de Rogers Communications, de Potash, de CGI, de 3M, de Coca-Cola, d'Amazon, de Netflix, de Boeing, de EBay, de General Dynamics, de Microsoft, d'Exxon, de Proctor & Gamble, de Merck, de Chevron et de Caterpillar. Quelques unes de ses compagnies n'ont pas simplement surpassé leurs prévisions mais les ont surpassé de beaucoup.

Un premier coup d'oeil sur le PIB du premier trimestre est aussi au menu.
Au Canada, le même exercise est prévu vendredi.

Grosse semaine économique en Amérique.

Comme toutes les semaines depuis 2008 anyway...

(À Annie (et inspiré d'un texte de son grand frère), que j'ai croisé pour la dernière fois en 1982 alors qu'elle avait l'âge de ma fille et qui nous dit aujourd'hui les mots "Pour vous informer", "notre promesse", "sur le terrain" et "vos questions" dans un montage infecte à TVA).

 

mardi 26 avril 2011

Trouver Son Vote

Voilà.

Comme à chaque fois lors des élections fédérales, je girouettais.

Les créationistes pas question, pas même une hésitation, pour des raisons déjà soulignées ici.

Les verts? trop enlignés sur une simple question, compliquée je sais, l'environnement, et pas assez concentrée sur l'économie (qui effacerait 50% de son programme anyway).

Le NPD? Trop certain de ne pas être au pouvoir.

Restait le Bloc, qui a toujours eu mon vote et les Rouges d'Iggy.

Je ne voulais plus du Bloc car je voulais autre chose qu'un gardien de but auxiliaire mais d'un autre côté, quel parti me ressemble le plus? me représente le plus? forcément le Bloc. Pourquoi voter pour les rouges? Pour donner une chance à Ignatieff. Pour voter pour un des deux seuls partis qui aurait la chance de réèllement gouvernement. Qui voudrais-je pour représenter le Canada sur la planète? Ignatieff 10 000 fois avant Harper.  Mais voilà, dans mon coin c'est Angelo Iacono qui se présente chez les Rouges et ça m'a franchement crevé l'enthousiasme. On entend toutes sortes de choses sur les italiens et le parti Libéral et croyez-moi, elles sont toutes vraies. Voter pour un italien? dans mon secteur où il y a CE genre d'italiens Cosa Nostrieni?

Je ne crois pas les autres partis nécesairement plus purs mais je les sais assurément moins sales.
Donner mon vote aux rouges me donnerais pas mal le feeling de faire ma contribution à la corruption ambiante fédérale.    

Ouais j'ai trouvé pour qui j'allais voter. Et ce sont le Bloc et les Rouges qui m'ont aidé à faire mon choix.

Ce sera le NPD.

Ça s'est fait en trois temps:
1-J'ai d'abord remarqué la pancarte de la candidate un peu plus tôt dans la semaine. J'ai remarqué qu'elle était dans mon groupe d'âge. J'ai aimé. Iacono aussi remarquez mais contrairement à la candidate dans Alfred-Pellan, Angelo a une sale gueule. Et Robert Carrier du Bloc pourrait être mon père. J'étais alors plus Bloc, moins Libéral et à peine un brin NPD dans les idées.

2-Puis j'ai remarqué qu'on avait soigneusement, en l'espace de 24 heures, arraché les pancartes affichant le visage de Rosanne Doré Lefevbre sous la bannière orangée du NPD et ça m'a profondément irrité. D'une dizaine de pancartes, de taille moyenne, dans un parti au budget restreint, à ZÉRO le lendemain. Cette méthode de goon à la Bruins de Boston ou à la Flyers de Philadelphie m'a tellement horipilé que je me suis promis de voter pour la jeune femme.

3-Et finalement, avec l'aide de mon maître Fogo, je me suis (il m'a)raisonné. Si il est aussi stupide, atroce, manipulateur, control freak, catholic US gun happy freak, misogyne, homophobe, anti-artiste, minable en fait; si il est aussi atroce qu'il le projette, Stephen Harper fera peut-être bien 4 ans majoritaire mais les gens le détesteront tant, auront si honte, auront si mal à leur feuille d'érable qu'il ne le laisseront pas gouverner plus de 4 ans. D'ailleurs si Harper devient majoritaire c'est assurément le meilleure nouvelle pour le PQ. Jamais l'est du pays ne se sera si peu reconnu dans ses leaders. Les gens se chercheront des gîtes idéolgiques. Ne nous énervons donc pas alors. Les minus n'ont de grands que leurs prières dans la chapelle des simples d'esprits. Donnons un avion à Harper et il en fera un jet de guerre qui se fera sauter lui-même avec ses propres bombes.

J'ai pris ma décision avant la "révolution orange", avant le passage de Layton à Tout Le Monde Parle, émission que je trouve parfaitement désagréable parce que j'ai l'impression qu'il s'agit de la nouvelle église où on demande aux moutons de penser/rire/aimer/se révolter aux mêmes endroits. Le fait que le NPD soit devenu 1er au Québec suite au passage de Layton à TLMEP tend à confirmer ce que je viens de dire.

J'ai quand même envie de voter local.

J'ai écrit à Rosanne sur un site qui m'invitait à le faire il y a 10 jours.
Elle ne m'a jamais répondu.
Ouais, c'est bien de la politique. Sourd au peuple.
Ben non, ben non je ne m'attendais pas une réponse.
Tu devrais avoir mon vote pareil le 2 mai prochain, Rosanne.

lundi 25 avril 2011

Cyberintimidation

Nous avions rendez-vous expressément à l'école de mes enfants. Une lettre, très officieuse, faisait état de "la situation urgente", de la "présence obligatoire" et de la "croissante intensité de certains cas d'intimidation" à l'école.

Seuls les parents des sixième années étaient sommés de se présenter car le problème semblait s'y concentrer.

Comme je suis le principal intervenant dans les devoirs et tout ce qui est scolaire par rapport aux enfants, je me suis rendu sur place un soir de match des Canadiens. C'est dire le niveau d'urgence ressenti à la lecture de la lettre.

Très vite on a senti une certaine tension chez les parents dans le public. Tout d'abord parce que la directrice a dû être aidée par trois fois afin qu'on lui souffle le mot "Facebook" qu'elle n'arrivait pas à trouver. Cette ignorance a inquiété tout le monde. Aussi parce que derrière les 7 représentants scolaires sur place, il y a avait entre autre une policière. Après un laius relativement long et fastidieux de la directrice où on sentait qu'elle marchait sur des oeufs, une première maman est intervenue.

"C'est-il passé quelque chose pour que nous soyions convoqué avec urgence comme ça?"

La directrice a alors passé le relais à une jeune fille de 19 ans qui a commencé sa présentation Power Point sur la cyberintimidation.

Bon.

Là tous les parents étaient officiellement inquiets. La jeune fille ne répondait pas à la question du tout et nous enseignait (en survolant ses pages Power Point très rapidement d'ailleurs "Vous aurez tout ça à la sortie en copie papier de toute façon") ce qu'était l'intimidation, l'intimidateur, et gnagnagna...c'était un brin didactique et loin de ce qui intéressait vraiment les parents. De plus, la jeune Émilie nous donnait du conseil de parent alors qu'elle avait 19 ans et...zéro enfant. Tout le monde était encore fébrile quand une mère a encore changé le rythme.

"Je ne sais pas si vous allez en parler, mais saurons nous si il s'est passé quelque chose récemment à l'école?".

Je connais cette mère. Elle enseigne dans une autre école, une école de "cas" difficile. Elle enseigne à un des joueurs de hockey de l'équipe à mon fils, un cas justement.
Le fils de cette mère, qui est dans la classe au mien, est aussi un jeune cas. Derrière la question de cette mère se cachait "Mon fils est-il impliqué dans les conneries dont vous évitez de nous parler?".
La directrice a compris.
"Si votre enfant est impliqué dans quelque chose, vous êtes déjà au courant" a -t-elle dit rassurant la moitié de l'assemblée.

Ce qui devenait de plus en plus évident, c'est que ses gens, en position d'autorité, semblaient tout à fait dépassés, ou en voie de la devenir, par une situation dont nous ignorions tout de la teneur. Ce qui sautait aux yeux, c'était aussi le criant manque d'hommes.

Il y avait devant nous 8 personnes. Trois femmes dans la cinquantaine, trois enseignantes de sixième année, une intervenante de 19 ans et une policière. Deux des trois femmes dans la cinquantaine semblaient complètement dépassées par le contenu de la soirée. L'une d'elle était la directrice. La troisième est restée silencieuse. Les trois enseignantes de sixième année, je l'oublie chaque fois, sont d'extrèmement belles jeunes femmes. Je crois sincèrement qu'elles sont la source de l'éveil récent par rapport aux filles de mon garçon. Ce sont trois belles filles, des filles-filles. Vous comprenez ce que je veux dire? Pas des Jocelyne Cazin, des Sophie Thibault ou des Roseanne Barr, des filles toutes coquettes, féminines. Qui auraient joué à la princesse plus qu'au soccer dans la cour de récré au même âge. De très bonnes enseignantes by the way, mais des filles, très filles. Pas une once de virilité. Et il y avait cette policière, habile dans ses propos (ça fait 12 ans qu'elle les tient dans les écoles) mais d'une taille minuscule (qui expliquerait peut-être pourquoi on l'a envoyé dans les écoles) et dont les techniques pour nous faire rire fonctionnaient mais éloignait vraiment des réèls inquiétudes de la soirée.

"Pourquoi maintenant alors qu'il ne reste qu'un mois et demi d'école?"
"Pourquoi juste les 6ème? ce sont eux la nature du problème?"
"Pourquoi ne pas avoir tenu ce type de rencontre depuis la première année, ainsi la marmite ne sauterais pas?"

La vraie réponse à cette dernière question est "le roulement de personnel est tellement important dans cette école que d'assurer des suivis d'une année à l'autre est pratiquement impossible." Mais elle n'a pas été formulée ainsi puisque l'ironie aurait été trop grande venant de la bouche d'une directrice en poste depuis seulement un an et demi et qui revient de deux mois off, on ne sait trop pourquoi.
La tension était palpable. Les premiers intimidés étaient de toute évidence les représentantes scolaires. Rapidement les parents d'intimidateurs se sont trahis.
"Vous dites qu'il faut aider quand un ami est dans le trouble, c'est ce que mon fils a fait et vous l'avez puni"
"Je connais votre fils madame, il a choisi de casser une chaise sur la tête de l'autre pour l'empêcher de se faire battre! mauvaise décision!"

Ah...on commençait à se ranimer, nous parents ennuyés d'enfant trop gentils.

"OUI! et c'est sur mon fils qu'il a cassé sa chaise est intervenue une mère!"

Je manquais ma game des Canadiens et ça me faisait chier, j'ai laissé tomber les gants:
"SI VOUS L'ÉLEVIER PAS COMME UN CHIEN AUSSI! Ça rentre dans l'école pis ça pousse tout le monde! tellement habitué de tasser les 6 chiens que vous avez chez vous!..."
Je savais de quoi je causais, ma fille était allé à la fête de leur plus jeune et les 6 chiens l'avait terrorisée. Ce que je ne savais pas c'était que le père, divorcé, de cette même femme, n'a pas apprécié que je crie à son ex et il m'a plaqué par derrière comme un joueur de football. Bien vite tout le monde se frappait à coup de chaise plastique et on se serait cru dans un parlement coréen.

Pas mal tout le monde s'est battu, c'était très cool. J'ai même lâchement profité de la situation pour clouer au sol l'une des trois enseignantes si jolies qui était intervenue et nous nous sommes longuement regardés dans les yeux. Cool je vous dis.

Dans la mêlée un parent a crié :
"J'T'ENCULE PÉTASSE!!"
Une autre a hurlé avec une voix de sorcière:
"TA FILLE EST UNE PUTE!"
Un troisième a rugit:
"J'VAS TOUTES VOUS ARRACHER 'À TÊTE!"

Après une heure de danse à 40, et avant l'arrivée des policiers, un père qui avait eu la bonne idée de trainer avec lui des bombes fumigènes (fumeuse idée) les as lancées dans le gymnase où nous étions, nous laissant fuir chacun chez soi dans la confusion enboucannée.

Fuck the school, man.
C'est gêré par des fillettes.
Un soir de game des Canadiens...
Un match qu'ils ont dominé mais perdu quand même.

On aura jamais su si i'y s'était passé que'quechose à l'école.

dimanche 24 avril 2011

Le Génocide Arménien de 1915

Le premier génocide du vingtième commençait aujourd'hui en 1915 à Istanbul.

Ce samedi là, 600 notables arméniens sont assassinés sur ordre du gouvernement. C'est le début d'un génocide qu'on prendra du temps à reconnaître. Que certains nient encore. Il va faire environ 1,2 million de victimes dans la population arménienne de l'empire turc.

L'empire ottoman comptait environ 2 millions d'Arméniens à la fin du XIXe siècle sur une population totale de 36 millions d'habitants.

Dans les années qui précèdent la Grande Guerre, la décadence de l'empire ottoman s'accélère après une tentative de modernisation entre 1839 et 1876. Le sultan Abdul-Hamid II n'hésite pas à attiser les haines religieuses pour consolider son pouvoir (les derniers tsars de Russie feront de même dans leur empire).

Entre 1894 et 1896, comme les Arméniens réclament des réformes et une modernisation des institutions, le sultan en fait massacrer entre 200 000 et 250 000 avec l'aide des montagnards kurdes. Un million d'Arméniens sont dépouillés de leurs biens et quelques milliers convertis de chrétien à musulman de force. Des centaines d'églises sont brûlées ou transformées en mosquées rien qu'en juin 1896, dans la région de Van, au coeur de l'Arménie historique, pas moins de 350 villages sont tout simplement rayés de la carte.
Les Occidentaux regarderont tout ça de loin. Plus préoccupé par la Première Grande Guerre qui se dessine. Le sultan tente de jouer la carte de chef spirituel de tous les musulmans en sa qualité de calife. Il fait construire le chemin de fer du Hedjaz pour faciliter les pèlerinages à La Mecque. Il se rapproche aussi de l'Allemagne de Guillaume II. Mais il est tassé en 1909 par le mouvement nationaliste des «Jeunes-Turcs» qui lui reprochent de livrer l'empire aux appétits étrangers et de montrer trop de complaisance pour les Arabes.

Les «Jeunes-Turcs» veulent se démarquer des «Vieux-Turcs» qui, au début du XIXe siècle, s'étaient opposés à la modernisation de l'empire. Ils installent au pouvoir un comité dirigé par Enver Pacha, qui n'a que 27 ans, sous l'égide d'un nouveau sultan, Mohamed V. Ils donnent au pays une constitution ainsi qu'une devise empruntée à la France: "Liberté, Égalité, Fraternité".
Ils espèrent un sort meilleur pour les minorités de l'empire, sur des bases laïques. Mais leur idéologie emprunte au nationalisme le plus étroit.

Dès 1909, soucieux de créer une nation turque racialement homogène, les Jeunes-Turcs multiplient les exactions contre les Arméniens d'Asie mineure. On compte ainsi entre 20 000 et 30 000 morts à Adana le 1er avril de cette année-là.

Les Jeunes-Turcs lancent des campagnes de boycott des commerces tenus par des Grecs, des Juifs ou des Arméniens. Ils réécrivent l'Histoire en occultant la période ottomane, trop peu turque à leur goût, et en rattachant la race turque aux Mongols de Gengis Khan, aux Huns d'Attila, voire aux Hittites de la haute Antiquité. Encore aujourd'hui il est difficile de distinguer le vrai du faux dans l'histoire de la région.  Ce nationalisme outrancier n'empêche pas les Jeunes-Turcs de perdre les deux guerres balkaniques de 1912 et 1913.

Les Jeunes Turcs profitent du déclenchement de la Première Grande Guerre Mondiale pour accomplir leur terrible projet d'éliminer la totalité des Arméniens de l'Asie mineure, qu'ils considèrent comme le foyer national exclusif du peuple turc. Ils procèdent avec méthode et brutalité.

Les agents du gouvernement rassemblent les hommes de moins de 20 ans et de plus de 45 ans et les éloignent de leur région natale pour leur faire accomplir des travaux épuisants. Beaucoup d'hommes sont aussi tués sur place. Dans les villages qui ont été quelques semaines plus tôt privés de leurs notables et de leurs jeunes gens, militaires et gendarmes ont beaucoup de facilité à réunir les femmes et les enfants. Ils les font marcher sous le soleil de l'été, dans des conditions épouvantables vers les villes ottomanes, sans vivres et sans eau, sous la menace constante des montagnards kurdes, trop heureux de pouvoir librement exterminer leurs voisins et rivaux. Femmes et enfants débouchent en général sur une mort rapide.

Les plus jeunes femmes, les plus hardies et souvent les plus jolies survivent mais subissent les pires sévices et sont vendues comme esclave. Elles sont aussi souvent mariées, chrétiennes converties de force à l'Islam. En septembre 1915, après les habitants des provinces orientales, vient le tour d'autres Arméniens de l'empire. Ceux-là sont convoyés dans des wagons à bestiaux puis transférés dans des camps de concentration en zone désertique où ils ne tardent pas à succomber à leur tour. Ils les enchaînent par le cou les uns aux autres et font tomber les premiers, entrainant les autre enchaînés, dans des ravins ou dans des bassins d'eau que le chaines gardent au fond et noient.

Au total disparaissent pendant l'été 1915 les deux tiers de la population arménienne sous souveraineté ottomane.

C'est seulement dans les années 1980 que l'opinion publique occidentale, occupée par la Première Guerre Mondiale et négligente à l'égard de l'Arménie,  a retrouvé le souvenir de ce génocide, à la demande de l'Église arménienne et des jeunes militants de la troisième génération, dont certains n'ont jamais hésité à recourir à des attentats contre les intérêts turcs.

Si vous êtes pris dans le traffic de la 15 direction Nord comme moi, vous remarquerez une pancarte géante sur le flanc de l'école arménienne de Montréal:
"Je me souviens du génocide de 1915"

C'est aujourd'hui que ça commençait.
Il y a 96 ans.

samedi 23 avril 2011

Rainer Werner Fassbinder

Boulimie vous connaissez?

En un seul homme ça aurait été Rainer Werner Fassbinder.

Né en Bavìères dans la petite ville Allemande de Bad Wörishofen trois semaines avant le débarquement des alliés en 1945, Fassbinder fût élevé dans l'Allemagne d'après-guerre. Une enfance bourgeoise qui l'a beaucoup affecté. Son père, un chirurgien aux veillétés de poète ne se souciait pas du tout de lui se préoccupant davantage de ses deux fils qu'il avait eu d'un précédent marriage. Sa mère, atteinte de tuberculose était traductrice eavec un garçon hyperactif comme Fassbinder à la maison, elle lui donnait des sous pour l'envoyer le plus régulièrement possible au cinéma. Fassbinder y retrouvait la vie sur écran qu'il n'avait pas chez lui. Il allait y aller pratiquement tous les jours de sa pré-adolescence. Des fois 3 ou 4 par jour.
Bien entendu l'école ne pouvait aucunement contenir l'extrème énergie de cet enfant rapidement identifié comme homosexuel. À 15 ans, il quitte l'école et va vivre avec son père (divorcé et habitant Köln). C'est en sa (difficile) compagnie qu'il commencera à écrire des poèmes et des pièces de théâtre.

Pour ses 18 ans, Fassbinder va à Munich et étudie le jeu de théâtre. Il y fait la rencontre d'Hanna Schygulla qu'il ne lâchera plus. Il tourne quelques films en 8mm, travaille comme acteur, assistant réalisateur et technicien de son. C'est à cette époque qu'il écrit Gouttes d'Eau Sur Pierres Brûlantes. Il tourne quelque films afin d'être accepté au Berlin Film School mais est toujours recalé. Ce qui ne l'empêche en rien de tourner quand même.

En 1967, il se joint au Munich action-Theater. Deux mois plus tard il en est déjà le leader. Faisant quelques jaloux, le Munich Action-Theater est sabordé en 1968. Fasbinder fonde alors l'anti-Theater avec quelques amis proches. Ils vivent ensemble, Fassbinder écrit, joue et dirige toutes les oeuvres et en 18 mois, il dirige 12 productions théâtrales, en écrit 4 lui-même, en réécrit 5 autres et monte 3 dernières déjà écrites. Son style est un mélange de chorégraphie et de pauses statiques.

Dès 1969, bien qu'il gardera toujours un pied au théâtre, sa carrière de cinéaste devient sa principale préoccupation. Largement influencé par Godard et l'effet d'aliénation chez Bertolt Brecht, Fassbinder tournera toujours avec la même équipée (ou presque) de l'Anti-Theater. Connaissant son équipe parfaitement, il pouvait ainsi rapidement tourner 4 à 5 films par année avec des budgets quasi inexistants. Son passé en théâtre l'inspire beaucoup et, tentaculaire hyperactif, il apprend peu à peu toutes les étapes de la production qu'il arrivera à maitriser lui-même. Il sera tour à tour, acteur, réalisateur, monteur, compositeur sonore, compositeur musical, scénographe, directeur de production, directeur de la photographie, éclairagiste et se permet d'apparaitre dans plus d'une trentaine de films d'autres cinéastes.

Dès 1976, il est reconnu à travers le monde pour une déjà large cinématographie extrèmement populaire dans les cinémathèques et les maisons d'arts et d'essais. Il vivait à Munich sa vie homosexuelle et sa vie d'homme plus rangé, marié à Ingrid Caven, à Paris.

Fassbinder avait une vie amoureuse très intense et très publique. Presque toujours filmée sur pellicule. Avec des femmes (Irm Hermann entre autre) mais plus souvent avec des hommes. L'une de ses plus durables liaison fut avec l'acteur bavarois noir Günther Kaufmann qui jouera dans 14 de ses films. Kaufmann n'est en fait en rien un acteur mais Fassbinder achète son amour en lui offrant des rôles et en lui payant de gros cadeaux dispendieux comme 4 lamborghinis que Kaufmann détruira les unes après les autres en conduisant en fou...la même année!

Bien que contre l'institution du mariage, il épouse en 1970 Ingrid Caven pour en inclure les images dans son film The American Soldier. L'année suivante il tombe toutefois amoureux de l'acteur berbère du Maroc El Hedi Ben Salem, pourtant marié et père de deux enfants. Leur relation sera extrèmement violente et culminera quand Ben Salem, lourdement intoxiqué poignarde un camarade et est emprisoné pour le geste en 1974. Il se suicidera dans sa cellule.
Fassbinder commence alors une autre tumultueuse relation avec Armin Meier, un ancien boucher, orphelin qui avait eu un passé trouble et qui sera lui aussi exposé dans les films de Fassbinder. Il se suicidera lui aussi le soir de l'anniversaire de Fassbinder.

Faisant toujours de très calculée sortie controversées dans les journaux afin de se faire de la publicité facile, Fassbinder réussit à se mettre à dos les gais, les lesbiennes, les conservateurs (bien sûr), certains auteurs qu'il adaptait, les féministes, les marxistes, les compagnies de théâtres et quelques comédiens que les multiples provocations ont fini par saturer.

Toutefois, hors Allemagne, le talent du cinéaste-sans-relâche lui donnait un statut d'intouchable.

Sa série télé Berlin Alexanderplatz a été repoussée la nuit car jugée innapropriée pour les enfants.

Ayant un style de vie aussi intense que sa production artistique,  Rainer Werner Fassbinder aura tourné dès l'âge de 21 ans et pendant seulement 15 ans, 40 films, 2 séries télé, 3 court-métrages, 4 productions vidéos, 24 pièces de théâtre, 4 pièce à la radio et joué 36 rôles.

À 37 ans, son coeur refuse le cocktail de cocaine et de pillules pour dormir qu'il se sert le 10 juin 1982.

Dors, ritalin bambin.