Il est né dans la même ville que ma mère, La Tuque, en 1914.
Sixième de onze enfants, il commence des études à l'université d'Ottawa mais doit cesser quand la grande crise économique de 1929, qui se poursuivra pendant toutes les années 30, le force à abandonner. Il en gardera un lien encore plus fort avec la langue française. Les longs moments de solitude au pensionnat ont contribué à développer l'esprit rêveur et créateur du jeune homme.
Il occupe divers petits emplois avant de devenir animateur radiophonique à Québec de 1934 à 1937. Cette année-là il écrit des scénarios de pièces dramatiques pour la radio pour le compte de Radio-Canada. L'une de ses pièces s'intituleras Je Me Souviens. Il y chante ses premières chansons. Il joue aussi dans les feuilletons radiophoniques Rue Principale, Vie de Famille et Un Homme et Son Pêché. Sa voix, basse et virile, est recherchée. Il publie en parrallèle plusieurs scénarios, Adagio en 1943, Allegro et Andante en 1944 et fonde une compagnie théâtrale qui présente ses pièces à travers le Québec.
Il chante ça et là dans des radioromans, publie un somptueux roman et des pièces de théatre, et commence à se produire comme chansonnier à la fin des années 40 mais il n'a encore qu'un public restreint. Ses chansons de la nature n'intéressent pas les citadins qui veulent à tout prix se dissocier de l'image du colon canadien.
Mais les Français, comme nous on aime le cliché du bérêt et du pain sous le bras pour les identifier, aiment bien le cliché du bûcheron dans sa cabane au Canada.
En 1950, Jacques Normand fait entendre à l 'imprésario français Jacques Canetti un enregistrement qui l'emballe aussitôt. Dans le temps de le dire, Leclerc se retrouve à l'ABC, triomphe au Trois Baudets à Paris, se tape une tournée en France et enregistre un premier album avec un énorme hit, vagabond.
Il revient au Québec en 1953 où il est accueilli en roi. La chanson québécoise venait de gagner ses premières lettres de noblesse grâce à lui. En 1951, on le considère déjà comme un grand de la chanson en France et il suscite l'admiration de jeunes lièvres tels que Jacques Brel et Georges Brassens. Leclerc se donne en spectacle dans les cafés et les cabarets de Montréal. Il est régulier au Café Continental en plus d'être aussi présentateur dans le cadre de différentes émissions télévisées culturelles, dont l'une sur les légendes du Québec pour Radio-Canada.
Il sort en 1957 un second disque qui lui vaudra le premier prix de l'Académie Charles-Cros en France.
Il tourne en 1958 dans le film Les Brûlés, un film en noir et blanc de l'Office National du Film racontant l'histoire d'un groupe de colons partis défricher la terre en Abitibi. Felix y joue un attachant personnage très près de sa propre personalité. Ce film est l'un des plus importants dans l'histoire (et pour une compréhension) du Québec des années 30 (le film se situe en 1933). Il publie aussi en 1958 le doux roman, Le Fou de L'Île.
On le voit se produire dans des boîtes à chansons qui se multiplient au Québec au début des années 60. Il publie un livre de maximes au délicieux titre de Le Calepin d'un Flâneur en 1961. Mais malgré ses succès dans la chanson, il s'obstine encore à se considérer d'abord et avant tout comme un écrivain. Il écrit des pièces de théatre et des téléromans. Mais suite aux succès mitigés (pour ne pas dire déconfitures) de ses pièces de théatre, ses relations avec la presse s'enveniment et il quitte le Québec pour la Suisse en 1966.
Suite à une tournée triomphale en Europe, la poussière tombe et il revient se produire au Québec pour finalement s'installer sur l'Ile d'Orléans en 1970. Il choisit d'incarner le fou de l'île et construit de ses mains une maison qu'il habitera pour le reste de ses jours.
Lui qui se tenait au dessus des querelles politiques, il est indigné par les événements d'octobre 1970, lors de l'imposition des mesures de guerres par le gouvernement fédéral. Il prend position du côté de l'indépendance du Québec. Ses chansons marquent un changement de ton.
Il publie son troisième et dernier roman en 1973, Carcajou ou le Diable Des Bois.
L'année suivante, îl participe au spectacle de la Superfrancofête sur les Plaines d'Abraham aux côtés de Robert Charlebois et Gilles Vigneault duquel est né le mythique album J'ai Vu Le Loup, Le Renard, Le Lion.
Il lance son album Le Tour de L'Île en 1975, réédite des carnets de poésie, publie un autre livre de maximes et se fait plus discret sur son île.
Il enregistrera encore quelques albums mais le poids des années commence à se faire sentir et des problèmes de santé le retiennent dans sa retraite paisible à l'île d'Orléans.
Il y mourra le 8 du 8 1988 à 8h00...
Même dans la mort il y glissera une part de mythe.
Le gala honorant les artistes du monde la musique adoptera la dénomination "un Félix" afin de qualifier le trophée remis au gagnant.
Ce merveilleux fou troubadour, pour le Québec, aura été tout un atout .
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