Le jazz n'a été connu en Allemagne qu'autour de 1919.
La fin de la première grande guerre voulait dire la fin des restrictions sur les importations étrangères. Les Allemands voulaient danser et s'amuser et l'importation du jazz s'en est trouvé moussé.
Entre 1919 et 1923 le Jazz prend de l'ampleur dans le pays. Puisque le mot jazz était un dérivé du mot "noise", les Allemands s'attendaient des groupes de musique qu'ils utilisent majoritairement la batterie, qu'ils aient le visage teint à la cire noire (la plupart des musiciens jazz ayant la peau noire), qu'ils performent avec plein d'esprit et de clowneries comme aux États-Unis et qu'ils utlisent des drôles d'instruments comme des cloches de vaches.
Entre 1924 et 1928 le Jazz atteint des sommets en Allemagne. On estime que la première vague du jazz était un pas dans la mauvaise direction et dans cette Allemagne qu'Hitler souhaitait blanche on aime le jazz plus symphonique. Et plus blanc.
La dépression économique mondiale de la fin des années 20 redonnent de l'élan au jazz en Amérique avec son énergie, le plaisir que la musique dégage et son originalité. Toutefois les racines de ce type de jazz, "non-aryenne" vont à l'encontre de l'esprit nazi. Jusqu'en 1935, le jazz survit en Allemagne parce que déguisé. Afin de satisfaire les auditeurs Allemands qui aiment ce qu'ils entendent à la radio sans connaitre la couleur de la peau des artistes, les 45 tours arrivent sous des faux titres. "Tiger Rag" devient ”Schwarzer Panther”. "Joseph ,Joseph" aux origines juives, est rebaptisée "”Sie will nicht Blumen und nicht Schokolade” (She wants neither flowers nor chocolate). Mais cette "germanisation" des chansons ne dure pas longtemps. Rapidement Goebbels met son grain de sel et impose le swing de Glenn Miller, Benny Goodman ou Tommy Dorsey qui limite les improvisations et qui noie les influences Afro-Étatsuniennes.
Pour en faire la promotion, le swing est alors utilisé dans les films Allemands. Lors des jeux olympiques de 1936 à Berlin, on joue du swing ouvertement durant toute la durée des jeux. Toutefois Hitler s'en trouve irrité et fait "contrôler cette musique indésirable". La musique non-aryenne, ses musiciens, ses compositeurs, ses chanteurs ou ses sujets sont arrêtés et déportés. À l'aube de la seconde guerre mondiale, il est strictement interdit d'écouter la radio "étrangère" et d'écouter du swing. Comme la plupart des musiciens sont de toute façon appelés à se battre sous les drapeaux, ceci forçe les groupes à se séparer. En 1941 les nazis viennent à un doigt de prohiber la musique en général. Tout musique qui ne serait pas issue de la super race Allemande.
Un groupe comme Charlie and his Orchestra reprend des airs en provenance des États-Unis mais change les paroles afin de faire de la propagande Nazie. Souvent les textes contiennent des références anti-Churchill, anti-Roosevelt, anti-Staline, anti-nègre ou anti-Juive.
En période de guerre, les soldats vivent tant l'horreur que leur seul moyen de s'évader, ne serais-ce qu'un peu mentalement, c'est de se laisser aller sur des rythmes entrainants. Des rythmes de swing. Même si c'est interdit.
Les Swingjugend se forment quand même envers et contre tous avec bravoure. Ces jeunes amoureux du swing et du jazz âgés de 14 à 18 ans principalement à Hambourg et à Berlin sont souvent de milieux aisés. Ils aimaient le mode vie américain, défendaient la musique swing et s'opposaient aux idéologies du nazisme, particulièrement les Jeunesses hitlériennes, dont ils caricaturaient le salut « sieg heil » par « swing heil ».
Suite à une opération "dissuasive" de la SS dans un club de Berlin, le mouvement perd de l'ampleur.
Il est joliment raconté dans le film Swing Kids.
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