lundi 9 juin 2025

Je Marche Seul

"Je m'en fous, j'm'en fous, de tout, de ces chaines qui pendent à mon cou, j'm'enfuis, j'oublie, je m'offre une parenthèse, un sursis.."

-J.J.G. 

Non, je ne me suis pas fait une liste de lecture de Jean-Jacques Goldman. Il était partout à la radio en 1985, avec au moins 4 extraits de son album Non Homologué, dont celui-là. Avec son saxophone mordant en ouverture. Goldman c'était une partie de la trame sonore de mes 13 ans à la radio. 40 ans derrière. Loin derrière. Et il est vrai que depuis une semaine, je marche souvent seul. 4 fois fois aller retour 48 minutes à la bibli. Oui je suis relativement seul avec l'amoureuse en Grèce avec 2 amies, la plus jeune au Mexique avec son copain et le grand paramédic qui travaille ses nuits et dort ses jours. 

Mais, airpods en tête, je ne suis jamais vraiment seul non plus. J'ai écouté des balados toute la semaine. Je ne voulais pas associer de la musique aux moments que je vis au travail. L'horreur. j'écoutais de balados de vrais crimes pour trouver pire que ce que je vivais. On m'a rencontré mercredi pour me faire des remontrances. J'en étais si estomaqué que des 5 choses qu'on me reprochait, 4 étaient sur des bases erronées. J'en confirme une seule. On m'a dit "qu'on s'attend à des changements..." ce qui m'a réduit au silence car j'ai aussitôt pensé "Si c'est ça votre vision de ma personne, oui ça va changer, je vais vous quitter". Mais relisant les 5 points, je m'en suis voulu de ne pas avoir confronté davantage car trois de ceux-là ne me sont pas attribuables. Et le 4e se défend absolument bien, mais je n'y ai pas pensé tout de suite non plus. 

Le reste de mon mercredi a été dans l'amertume et l'indigeste. 

Le lendemain matin, j'étais encore si en christ contre eux que ma tête fourmillait de rage et j'étais plus ou moins bougon au bureau. Quand un des deux est venu me saluer le matin (je suis toujours le premier arrivé) j'ai pas souri, j'ai pas eu d'enthousiasme, j'étais occupé "à bosser".  J'ai salué mais il a pu sentir ma frustration. 

Dans la réunion du matin habituelle, le jugement du covidiot qui me critiquait la veille à été critiqué par l'autre qui me critiquait aussi la veille. Devant tout le monde. On a des cubicules alors on ne peut pas se dire tout, tout haut quand vient le temps de la médisance entre collègues. Médisance jamais nécessaire. Je leur disais la veille que leur évaluation de ce qu'on fait (ils ne comprennent pas ce qu'on fait) n'est pas bonne si ils ne lisent que chiffres de "choses faites". Je n'entrerai pas dans les détails inutiles, mais ces choses que l'on fait, diffèrent beaucoup. Peuvent nous envoyer dans toutes les directions. Physiquement et mentalement. Et le feront très vite. J'ai pris plus d'une heure à faire 2 choses, parce qu'elles avaient besoin de ce temps pour être bien faites au plaisir de tous, mais j'ai pris moins de 15 minutes à en faire 21 ensuite. Les "chiffres" qu'ils regardent ne peuvent pas nous évaluer. Ils ne veulent rien dire. Je voulais m'en plaindre à mon collègue et voisin de cubicule (qui lui font face mais qui sont aussi les plus loin du bureau de Fier Covidiot) et je lui ai texté  "Le jugement de (nom de notre patron) est un fléau".

J'ai texté ça...au patron en question...

J'ai réalisé tout de suite et j'ai tout de suite supprimé. Il était dans son bureau fermé, je ne sais pas si il était sur son téléphone, si il a lu ou pas, je ne savais pas. Mais j'ai tout de suite compris que peut-être que oui. Et j'ai sombré dans la panique interne. Après l'avoir rencontré la veille et qu'il m'ait demandé de redresser la barre en questionnant mon jugement (UN COVIDIOT!), je manquais de jugement moi-même avec ma tête de gars franchement trop fatigué, et je lui plantais la sienne dans son caca. En me mettant dans le caca. Il avait rendez-vous chez le dentiste ensuite et on ne l'a pas vu du reste de la journée ou presque. Je tremblais tellement j'étais nerveux. 

J'ai écris à mon fils (qui dormait) pour aussitôt supprimer, une question vague pour faire un test. J'étais 100% angoissé. Et si il l'avait quand même lu ? J'ai commencé à moins m'en faire en fin de journée jusqu'à ce que j'entende une conversation qui semblait être l'autre boss qui demandait à un autre collègue "si tout le monde pensait ça?" Plusieurs films jouaient dans ma tête. Je retremblais physiquement. Quand j'ai quitté, vers 15h il était revenu depuis à peu près 1h et s'était enfermé dans son bureau (boudant ? encaissant ? rapportant à son supérieur ? tout ça ?) Il a été forcé de sortir quand une panne d'électricité a sévi 5-10 minutes avant qu'on quitte. On s'est parlé comme si de rien n'était mais j'ai tout de suite senti qu'il avait lu. Et mesurait chaque parole en me regardant. Je lui ai parlé de ses dents, et souhaité bonne fin de journée, mais je sentais qu'il savait. Je tremblais toujours. Ai-je perdu mon job ?    

En arrivant à la maison, j'étais claqué. Le mercredi matin avait commencé à 3h du matin en laissant notre fille et son chum à l'aéroport et en mi-journée on m'avait blâmé pour des conneries qui ne me regardaient pas. Et que j'avais mal défendu. Parce que probablement trop fatigué, mentalement, justement. Avec toute l'angoisse et l'indigeste motivé par la colère de la veille, j'étais littéralement crevé pour commettre une telle bourde. J'étais anéanti quand mon fils a répondu à ma question vague supprimée. Ça voulait dire que, comme pour les courriels, les rappels ne marchent jamais. 

Mon fils m'a ensuite confirmé qu'il fallait que "J'annule l'envoi" autre option du texto sur Iphone et là, il ne verrait pas. Ce que j'ai aussi testé avec fiston et il n'a jamais lu mon  Wish me luck, bud que je lui avais envoyé et dont j'ai "annulé l'envoi" aussitôt.

Il a donc assurément lu.

Je me disais que j'allais perdre mon job, que c'était fini, que la confiance était brisée que gnagnagna...

À 20h39, quand fiston est allé travailler sa nuit, j'étais soudainement seul pour vrai. J'ai choisi de me coucher.

J'ai dormi si profondément. Jusqu'à 2h50. Où la nuit m'a parfaitement porté conseil. Oui, pour vrai. J'avais trouvé comment justifier tout ça et m'expliquer en utilisant la frustration de la rencontre de mercredi et leur mauvaise méthode d'évaluation et le contenu du texto envoyé à la mauvaise personne. J'en profiterais aussi alors pour revenir sur les 4 points qu'on me reprochait et dont mon dos n'est pas assez large pour ça.

Il faut que je leur revienne car ils ont quand même dit "On s'attend à ce que ça change" et je relis et je ne vois pas comment. Faudra me préciser ou me calisser dehors. Vendredi, j'étais très en paix avec tout ça. Jusqu'à la réunion des trois boss, sans thème précisé du matin. Et la marche du midi très longue de celui qui peut limoger. Et qui a gardé ses distances avec moi le reste de la journée. Je me suis remis à trembler. 

Mais, moi qui part à 15h normalement, commençant à 6, je suis volontairement resté jusqu'à 16h41. Leur laissant tout le temps pour me rencontrer. J'ai interagi avec Fier Covidiot que j'ai senti plus blessé que fâché. J'ai même entendu le boss au dessus des deux autres, celui qui avait pris une marche, questionner lui-même le jugement de Fier Covidiot. Ça m'a un peu rassuré  Il comprendrait.

Et aujourd'hui, c'est probablement lui que je vais rencontrer pour parler de notre rencontre de mercredi dernier, Dont il ne faisait pas parti mais dont plusieurs critiques naissaient de lui. Il faudra mettre certains points sur des i. Je dois parler aux 3. Entre hommes. 

Sur le net, quelqu'un posait la question aux enfants des années 70, 80, si nous étions errants, sans supervision. Absolument. Nos parents n'étaient jamais bien loin, mais on partait le matin et on revenait le midi pour manger et le soir pour la même chose. TV en soirée. Ou hockey dans la rue/sur glace le soir. Notre département a un peu évolué depuis 2022. Arrivée de Fier Covidiot. 2 des trois à qui je parlerai n'étaient peut-être pas nés à cette époque. Ils ont plus de 10 ans de moins que moi. 

Mon Fier Covidiot et moi, on a à peu près le même âge. Il a un an de plus que moi. On a remué tout ça seuls, chacun de notre côté dans nos têtes de jeudi à aujourd'hui.. J'aurais fait pareil si j'étais lui. "Je ne t'en parles pas le temps de te laisser mariner dans l'angoisse et jauger ton hypocrisie mon petit christ".

Ça confirme aussi qu'il a amené la situation à plus haut dans l'échelle de l'entreprise.  

J'ai passé le samedi chez des amis dans le 418. Pour les anniversaires de 2 d'entre eux. Ça allait me changer les idées. Passer du 514 au 418. 

Mais dès le dimanche, de retour, à la maison,, je me suis remis à trembler.

Tremblements de celui qui veut aujourd'hui rester survivant de son département.  

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