vendredi 6 juin 2025

Cinema Paradiso**********Mosquito Coast de Peter Weir

Chaque mois, dans ses 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parles de l'une de mes trois immenses passions: Le Cinéma avec un C majuscule.

Je l'ai surconsommé, le surconsomme encore, l'ai étudié, en fût diplômé, y ai travaillé, y ai été honoré, puis j'ai choisi de quitter le milieu. Mais le cinéma ne m'a jamais quitté.

Je vous parles d'un film dont j'ai été charmé par l'histoire, les personnages, les acteurs et actrices, la réalisation, le sujet, les thèmes, la direction photo, la musique, les angles de traitement choisis, l'audace, bref je vous parles d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix.

MOSQUITO COAST de PETER WEIR.

 Paul Théroux a fait publier son roman en 1981, racontant l'histoire d'un père de famille, inventeur de son métier, quittant sa ferme du Massachussetts avec sa famille composée de son épouse et de leurs deux jeunes fils pré-adolescents et de jumelles enfants, dont l'histoire est racontée du point de vue de l'un d'eux. Dégoûté de son pays, les États-Unis, où il sent qu'une guerre civile va bientôt naître, la paternel achète une ville du Honduras sur une ìle, une ville où tout est à y faire et où on y vit des manières les plus rudimentaires possibles. 

Bien entendu, ça dérapera. 

Le livre a gagné le prix James-Tait-Black du meilleur roman et a aussi été déclaré meilleur roman de 1981 par le Yorkshire Post d'Angleterre. La couverture du livre est superbe et dit beaucoup du contenu puisque c'est la peinture Le Charmeur de Serpent d'Henri Rousseau. 

Le producteur Jerome Hellman avait acheté les droits d'adaptation cinématographique dès 1981. Et y avait adjoint l'intérêt de Peter Weir pour le tourner. Weir était en train de compléter son 7e film, The Year of Living Dangerously, mais promettait de s'y mettre tout de suite après. Jack Nicholson s'y montre intéressé mais on ne s'entendra pas sur les salaires proposés pour tourner. Ce qui fait tomber les investisseurs et suspend le projet indéfiniment. Weir, un Australien, se fait proposer de tourner Witness, un premier film Étatsunien. Avec Harrison Ford et Kelly McGillis. Le film sera un très gros succès et sera même nommé 8 fois aux Oscars: Meilleur film, meilleur réalisateur (Weir) , meilleur acteur (Ford), meilleure cinématographie (John Seale), meilleure direction artistique (Stan Jolley & John H. Anderson) et meilleure musique (Maurice Jarre). Gagnera pour le meilleur montage (Thom Noble) et le meilleur scénario (Earl W.Wallace & William Kelly).

Ford a une nouvelle valeur d'acteur, et Weir une meilleure valeur de réalisateur. Sur le tournage, Weir discute de son projet avec Hellman et Ford se montre très intéressé pour le rôle de tête brûlée proposé. Son agent est beaucoup moins enthousiaste, mais Ford insiste, ce réalisateur l'amène ailleurs et lui fait presque gagner des Oscars, il fera le projet. Têtu comme le personnage d'Allie Fox le commande. Le financement devient donc plus facile à obtenir avec deux personnes revalorisées par les Oscars. En février 1986 commence le tournage qui se fera en Georgie, à Baltimore et au Belize. 

Le tournage leur fera manquer la cérémonie des Oscars pour Witness. C'est à Paul Schrader, que je ne connaissais pas alors, mais qui serait un de mes scénaristes préférés dans le futur qu'on demandera d'adapter pour le grand écran. Je verrai 13 de ses films et en posséderai 2. Il traite souvent du déchirement entre la foi chrétienne et la dure réalité terrestre. Humanité rêvé et déshumanité, souvent côte à côte. Ce film ne fera pas exception.

Allie Fox, père de 2 fils et de 2 jumelles et époux d'une femme qui l'aime (trop) aveuglément, incarnée par la toujours parfaite Helen Mirren, aura comme ennemi moral un religieux missionnaire à la tête d'une famille dont la fille adolescente communique souvent avec les deux ados mâles. S'interrogeant souvent sur la folie de leurs propres parents comme le font les ados. Quand on voit l'audition de River Phoenix, jugé trop vieux pour le rôle, on est forcé de le prendre car il est trop parfait pour celui du plus vieux des fils. De plus, Phoenix puise dans sa propre expérience personnelle, ses propres parents étant nomades et dans le même moule que le personnage d'Allie Fox (en moins fou), il a tout simplement eu cette vie anormale. 

Le personnage de Ford, et sa lente descente vers la folie entrainant sa famille, est fascinante et excessivement troublante. Une tête brûlée peut toujours faire du feu. C'est excessivement bien joué aussi par des prisonniers de l'intérieur tentant de s'en sortir, sans toujours réussir.

Un jeune Jason Alexander subit les foudres d'Allie Fox en sol d'Amérique du Nord, dans le rôle d'un commis de quincaillerie démuni face à Fox qui s'insurge (à la Trump) que les outils soient tous faits en Asie et non aux États-Unis.

Avant de promettre de quitter le pays. 

Ce que plusieurs font de nos jours alors que l'actuel président des É-U coule le pays, prétend que Joe Biden est mort depuis 2020 et n'est qu'un robot depuis, ce qui ne semble inquiéter personne au pays qui se prétend libre....

La folie d'Allie, dans ce film, rappelle beaucoup celle qu'on voit des États-Unis en ce moment. 

Triste, fascinant et intense à la fois.   

Cette critique de la consommation et des excès de tous genres sera reçue de manière inégale. Mais à 14 ans, quand je le découvre au Cinéma du Clap, à Québec, j'ai peur du personnage. 

Une peur justifiée puisque de nos jours, je vois de plus en plus ces gens. Au Québec, au Canada, aux États-Unis.

Une tête brûlée peut toujours être inflammable pour les autres.  

On le voit toujours dans le pays plus bas. Et même ici. Hostie. 

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