1952-1968.
Sa mère est Québécoise, son père aussi, mais d'origine italienne. Georges, son papa est d'abord crooner, ce qui expose Serge très tôt à la musique dans la Petite-Italie, à Montréal, où Serge est né. Dès ses 4 ans, il est invité à chanter sur scène de temps à autres, Déménagée à Villeray, la famille Fiori est très musicale et à 12 ans, Serge maitrise déjà le piano, la guitare, mais est surtout très curieux de découvrir tout ça sans enseignement. Autodidacte. Influencé par la musique italienne, mais aussi par le folk nord-américain, et assez peu intéressé par l'école, il quitte l'école secondaire à 14 ans et joint des groupes, dont Les Comptes Harbourg. Il joue dans les bars et même si il n'a pas terminé son secondaire, il réussit à se payer des cours en communication, à l'université, avec les sous qu'il accumule autour de la musique qu'il compose. À 16 ans, il signe même un premier 45 tours, introuvable Jeune Fille du Couvent/ L'humanité.
1969-1977.
Quand Claude Meunier commande à son ami Michel Normandeau de faire la musique pour une de ses pièces de théâtre, Normandeau a aussi comme ami, Serge. Il travaille des morceaux avec lui. La musique ne conviendra pas à la pièce, mais quelque chose est né entre les deux. On improvise, on partage, on créé, on s'amuse. On se parle de cet amour commun qui est la musique. De leur amour aussi pour le Québec. En 1971, le duo est Morphus, accompagnant Guy Trépanier sur disque et en tournée. Desrosiers brille à la batterie. Louis Valois est dans la formation les Whoose avec son frère Daniel, Jacques Faucher et Michel Papineau. À force de se croiser entre musiciens parmi tant d'autres, Valois se lie d'amitié avec Serge et Normandeau. Dès 1972, le trio créé ensemble. Desrosiers a été recruté par un autre band. George fait toujours de la musique. Il a des contacts. Mais le talent parle d'abord. On leur offre la chance de faire un album, ce qu'ils tricotent tout 1973 et qui sera lancé en février 1974. Tout le Québec sera enchanté. Mes parents les premiers. On aura leur 3 disques. Le second, qui fait l'introduction de Serge Locat, ex-membre de la formation Nécessité. qui impressionne aux claviers et qui est un des premiers à avoir un mellotron et savoir en jouer, Importé de Londres. Il donne une nouvelle dimension à Harmonium. Tout comme Pierre Daigneault, ancien membre de L'Infonie, à la flute, au saxophone et à la clarinette. Fiori est inspiré du jazz, de l'ambient, du progressif, le succès les intimident. Au 3e effort, on ambitionne davantage, invitant les jumeaux Séguin, Réal Desrosiers, Pierre Bertrand sur l'album. Et Neil Chotem qui y dirige son Orchestre Symphonique de Montréal. Valois y trouve l'amour avec la chanteuse Monique Fauteux. On partira en tournée aux États-Unis pour y chanter en français. Le Québec vient de se trouver une nouvelle identité avec les Parti Québécois. René Lévesque sera du party de la tournée. Au retour, on est épuisés. Le band ne sera plus. Serge a même un projet avec Richard Séguin. Un excellent effort à deux. La chimie n'est plus la même avec les autres. Mais les passions restent les mêmes pour tous. La musique. Qui ne leur appartient plus lorsque livrée au public. Ce qu'ils comprennent aussi.Fait fondre ta glace, ou bien change de place.
1978-1990.
Amateur de musique de plus en plus complexe, Serge n'a pas envie du star system. Qui étouffe l'envol artistique et menace de le faire dérailler de ses plaisirs musicaux. La pression médiatique, la fatigue, les tensions personnelles et existentielles, le font entrer dans une période de longue réflexion. Prompt à la dépression, il sait aussi s'écouter. Son bien être lui commande de se freiner. L'amour envers Harmonium était trop immense pour lui. Lourd. Lors du passage d'Harmonium en Californie, il entame une sorte de quête spirituelle. flirte avec le bouddhisme. La méditation et différentes formes de spiritualités orientales et psychologique. Il fréquente les centres de développement personnel et travaille aussi sur lui-même à travers la psychothérapie. Cette période est très importante pour son équilibre futur, mais aussi pour sa musique, qui devient plus introspective et expérimentale. New age. Léa Pool le choisit en 1985 afin de composer sa trame sonore pour son meilleur film selon moi, Anne Trister. Il participe à divers projets musicaux, souvent dans l'ombre et sans tenir à en être crédité. Il compose et arrange loin des projecteurs. Il lance un album solo en 1986. C'est mon introduction à Fiori. J'ai 14 ans. Harmonium sera associé à la fin de mon secondaire et à mes deux ans de CEGEP. Même si j'avais 2,3 et 4 ans pour la sortie de leurs 3 albums. Mes parents les écoutent tant et, au secondaire, je les chante. Serge se tient loin du monde médiatique. Il préserve une certaine paix intérieure. Du moins, la recherche.
1991-2009
Il devient presque mythe vivant, ermite moderne. Il compose à huis clos. Souvent dans le domaine de la musique de commande, pour la télévision ou pour des productions corporatives. Il collabore à la maison de production de musique atmosphérique Moodmusik. Ambiance, méditation, relaxation. L'essor des Spa favorise ce type de sons. On découvre qu'il était, pas mal toute sa vie, victime de crise de panique et travaille très fort sur lui-même à ce niveau. Le disque compact lui redonne une certaine fortune, alors que tout Harmonium y est redistribuer, Je m'achèterai les 3 disques et le Fiori-Séguin. Que je considère encore des bijoux sonores. Empreintes de mon Québec. Il serait content que je le considère tatoueur du coeur. Entre 2006 et 2009, il sort peu à peu de son isolement. Il parle musique, identité, semble se rebrancher. Refuse le mot génie. Préfère parler de passionné. Ce qui ne peut qu'être amour par dessus amour. Ce avec quoi il n'a pas toujours bien composé. Jeux de mots involontaires, mais en quelque part, selon moi, approprié. Au sens propre comme figuré. Il commence à faire renaître un projet d'album solo.La 5e saison
2010-2025.Après 35 ans sans album solo, travaille avec Louis-Jean Cormier, de Karkwa, il travaille cet album solo qui épouse autant qu'il condamne le monde virtuel dans lequel nous vivons, en 2014. Et dans lequel nous mourrons aussi. Il luttera continuellement avec son trouble de l'anxiété. Le cirque Éloize collabore avec lui dans des échanges d'hommages. En 2020, il participe à Harmonium Symphonique. Un relecture orchestrale de ses oeuvres. À partir de 2022, il lance Chez Padré, une série d'entretiens avec des personnalités québécoises dans un format de liberté totale. En 2023, non seulement il est président d'honneur et conférencier du Festival Portée d'Alma, où il s'y terre, mais il traduit Un Musicien Parmi Tant d'Autres en 8 langues autochtones. Il invite cette année différents artistes autochtones à traduire son oeuvre dans leur langue.
Il n'était pas un musicien parmi tant d'autres. Il a été immense pour le Québec.Il s'éteint le matin de la Saint-Jean Baptiste, fête nationale des Québécois à qui il a fait tant de bien, il décède à 73 ans, dans son sommeil, le 24 juin dernier.
Merci Serge, on cherche encore cette 5e saison.
Si on avait une 5e saison, on l'appellerait Serge. Ou Fiori. Tu nous habites à jamais.
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