-Ian Curtis
Quand Joy Divison a lancé Unknown Pleasures, en 1979, Ian Curtis n'avait que 22 ans. Cet album deviendrait culte pour le post punk. Né pourtant seulement 2-3 ans avant. Curtis était en voie de devenir une superstar internationale. Un an plus tard, il sera mort. Son art restera mythique, et sera si influent, le band fera naitre au moins une cinquantaine de bands. Si ce n'est pas davantage. Ça ne semble pas suffisant pour le ridicule Hall of Fame du rock'n roll de Cleveland. Joy Division ferait tomber le premier domino d'un genre qui ne cesserait jamais de se développer, donnant naissance à l'underground et à l'alternatif.
Son suicide a plus ou moins été romantisé et a ajouté au mystique d'un band qui allait changer de nom et de ton. Progressivement. La noirceur du band ne rendait pas justice au plaisir qu'ils avaient entre eux à jouer et composer. On ne compose pas Atmosphere ou She Lost Control sans avoir une certaine apathie d'emblée.Oui, il luttait contre la dépression et contre son épilepsie, mais dans une mesure égale, Morris, Sumner, Hook et Curtis s'amusaient beaucoup ensemble. Et deux jours avant une première tournée en Amérique du Nord, ça ne pouvait que 400% bouleverser. Ce n'est pas complètement innocent d'ensuite changer progressivement beaucoup de son, de ton, et se réinventer avec un succès comme New Order l'a connu.
Le choc était aussi violent qu'une batterie devenant beat box.Bien qu'ils avaient inventé le post punk qui serait new wave, qui ne serait pas trop intellectuel, il y avait une grande complexité chez Curtis qui ne sera jamais pleinement expliquée.
Ses derniers jours, auront été comme suit:
Le jeudi 17 mai 1980, après avoir passé un certain temps loin de sa conjointe Deborah, désormais parents d'une fille, Ian vivait ailleurs que chez lui, ayant une affaire avec la journaliste d'origine française Annik Honoré. Deb avait commencé des procédures de divorce. Ian nerveux de la tournée qui doit les faire quitter l'Angleterre dans deux jours, nerveux de son épilepsie qui peut se déclarer à n'importe quel moment, anxieux du divorce possible, appelle Deb pour lui demander de laisser tomber ses procédures. Mais comme son humeur au téléphone change souvent dans la conversation, elle ne croit pas complètement qu'il est sincère quand il lui dit qu'il ne veut pas la quitter.Plus tard dans la même journée, elle se rend le voir au 77 Barton Street, leur maison, à Macclesfield. On s'était entendu pour qu'elle y passe la nuit, mais Ian change soudainement d'idée et préfère passer la nuit seul.
Ce soir là, il écoute à la télévision Stroszek, film du réalisateur allemand Werner Herzog, racontant l'histoire d'un musicien allemand partant en tournée aux États-Unis, avant de réaliser que sa conjointe l'a trahi, choisissant alors de se suicider.
Étrange symétrie avec la propre vie et le destin de Curtis. Bien que Deb ne l'ai jamais trompé.
Le vendredi 18, les membres de Joy Division vont se magasiner du linge ensemble pour la tournée à venir. Personne ne parle de la tentative de suicide qu'a tenté Ian Curtis quelques mois auparavant. Entre gars on ne se parle pas de ces choses là. Bernard Sumner se rappelle croiser un cimetière, dire à voix haute "Je ne voudrais surtout pas finir mes jours simple pierre tombale". Ce à quoi Curtis aurait répondu un énigmatique "il me semble, oui". Ce sera à peu près les dernières choses que Morris, Hook et Barney l'entendrons dire.
Contrairement aux recommandations médicales que sa santé recommande, il consomme trop de café et beaucoup de whisky aussi. Ça n'aide en rien son état mental non plus. L'autopsie révèlera une grande quantité des deux.Il écoutera un des mes albums préférés à vie, The Idiot, d'Iggy Pop. La première ligne de la chanson Tiny Girl dit "Well the day begins, you don't want to live, cause you can't believe in the one you're with". L'album de Pop (et David Bowie) se nomme ainsi car L'idiot était le livre de Fyodor Dostoîevky que lisait Pop en janvier 1977, année d'enregistrement de l'album. Le livre raconte l'histoire d'un prince épileptique au coeur pur qui devient sujet de moquerie dans une Union Soviétique cruelle et sans merci, et qui sombre dans la folie.
Ian réunit les photos de son mariage à Deb, les photos de sa fille, les place devant lui, compose une note, prend corde courte avec noeud et tabouret...La note parlera de l'amour qu'il voue à Deb et leur fille, malgré son comportement.
Il est retrouvé pendu dans la cuisine aujourd'hui, il y a 45 ans. Au 77 Barton Street, à Macclesfield.
Emportant avec lui le mythe de la division joyeuse. Qui deviendra Nouvel Ordre. Avec un chef d'oeuvre de transition.Quand l'autre souffre, c'est notre devoir à tous de relever celui ou celle qui semble tomber. Du mieux qu'on peut.
Ian n'est parti que rêver. Pour l'éternité. Heureusement de la musique il nous a légué. Mais il n'est pas limité à cette triste journée.
Mercredi, j'irai voir Peter Hook en spectacle à Montréal. J'ai très hâte.
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