samedi 31 mai 2025

Palmarès Personnel des 10 Meilleurs Albums Shoegaze

Tous les genres de musique ont 2 choses en commun:

1) Il n'existe pas 2 personnes sur terre qui s'entendront sur le genre attitré. Ou sur ce qu'est-ce qui en ferait les frontières.

2)Les artistes eux-mêmes détestent se faire étiqueter sans leur consentement. 

Le shoegaze ne fait pas exception. Le nom est issu du Royaume-Uni où on voulait être péjoratifs envers ceux et celles qui aimaient un certain style de musique, mais ne le dansait pas. Introverti ou éponge des sons proposés, inertes, on les imaginait se regarder les souliers pendant les spectacles en savourant leurs artistes. De plus, les guitares avaient des pédales donc se jouaient autant des doigts que du pied. 

L'insulte est devenue badge d'honneur. Ce qu'ils ne comprenaient pas, c'est que c'est de la musique pour rêver. Émotivement, c'est vrai qu'elle nous fait visiter nos intérieurs. Mais l'art, c'est ça, aussi. Des voyages intérieurs. Et si j'ai eu en horreur le grunge, dans les années 90, le shoegaze a été mon point d'accroche à mon époque. Enfin, mon lien avec les guitares qui se réinventaient avec brio et originalité. Quand Jesus & Mary Chain a lancé Psycho Candy en 1985, j'avais 13 ans. Je devenais un croisement de Ian McCullough & Robert Smith. J'avais même connu un immense succès auprès des filles, au second party de ma vie, en portant du eyeliner et du rouge à lèvres comme Smith sous cette couette qui me tombait sur un oeil.

Le shoegaze avait semé ses racines. Et les souliers marcheraient encore longtemps. C'est effectivement sous le pied que les pédales des guitares, Sonic Youth, Nirvana, U2 et R.E.M. en tête, allaient créer des sons formidables. De la guitare riche et sous stéroïdes. Un son qui avait des couleurs et qu'on pouvait goûter et sentir. Les Pixies tenaient aussi le relais. Des loops elliptiques, du croisé synchropsychadélo aérien. Des voix, de la base, de la batterie, surtout des guitares aux grains riches. Tout ça se croisant ensemble pour vous arracher du sol, pour vous envelopper dans de la chaleur de soie, vagues texturées, crescendos hantés, rematérialisés à nouveau par la forte effervescence envoûtante toute en étincelles de pur plaisir sonore. En tout cas pour moi.

Un très subjectif top 10 personnel des mes 10 albums préférés dits: Shoegaze. Mais les étiquettes, vous savez...

Par ordre d'amour, mon préféré, à la fin:

Kitchen of Distinction: Strange Free World (1991)

Au CEGEP, c'est Claude Rajotte de Musique Plus qui nous avait enligné sur ce band de Tooting, dans le sud de Londres qui nous offraient son second album. C'est le (désormais) bon docteur Breton qui l'achetait en CD et on lui avait copié sur cassettes. Leurs guitares suggèrent à la fois Neil Young, à la fois Echo & The Bunnymen, dont le producteur se trouvait d'ailleurs derrière la console. Il y a des effluves dans la voix et dans le style de James, et certains diront qu'ils ne font pas shoegaze. Mais les rois de la pédale à guitare pensent le contraire. Car elle s'agite ici beaucoup. On avait charmé avec ça à la radio du "Dégagé" du CEGEP Ste-Foy.

Ride: Nowhere (1990)

Les membres du band d'Oxford étaient à peine adolescents quand ce premier album a été lancé, à l'aube des années 90. Croisement de Sonic Youth, The Stone Roses, The Cure et My Bloody Valentine, ça ne pouvait que me plaire. Avec un peu de la basse de Paul McCartney (dans le style) et de la batterie lourde de Bonzo sur When The Levee Breaks. Mélancolie, violon, romantisme post-adolescent (ils le sont tous, ados), parfois presque pop traditionnel, mais aussi, riches en cordes texturées. 

Slowdive: Souvlaki (1993)

Le 2e album du band de Reading, Berkshire, a une femme parfois à la voix, à la guitare et aux claviers. Le shoegaze a souvent cette présence féminine au sein d'un band, et pas tout le temps à la voix. Rachel Goswell est cette femme au sein du band. Elle a la voix d'une fée. Un morceau de Lee Hazelwood, et deux collaborations avec Brian Eno ne pouvaient que me charmer. Le reverb et le feedback sont ici, assez exquis. 

Lush: Lovelife (1996)

50% de ce band, est féminin. Et Micky Berenyi & Emma Anderson seront dévastées de perdre leur meilleur ami, le batteur Chris Acland, qui choisit de se prendre cette année-là. Elle décideront de ne plus exister en temps que groupe. Jarvis Cocker de Pulp fait un duo avec Micky sur cet album. Les deux premiers morceaux de ce disque me sont indissociables. Je les fais toujours jouer ensemble. J'adore ce combo. Les voix de Berenyi & Anderson sont très harmonieuses et leurs guitares sont très intéressantes. Trop Britpop pour certains.  

Lilys: In the Presence of Nothing (1992)

Dès le début, on a droit à 5 riches minutes toutes en textures de guitares, du fuzz et de la subtilité et de la voix éthérée. Les mélodies circulaires sont punchées. C'est du musclé tout en restant planant. Les vagues musicales à 6 cordes s'entrecroisent entre les deux guitaristes, Kurt Heasley et Archie Moore et son océaniques. C'est mon fils qui me disait que pour que j'aime, on dirait que ça prend toujours de la guitare. Souvent, oui. Mais j'aime ce qui est riche et généreux en sons, et Lilys me donne, sur leur premier album, tout ça. L'année que je rencontrais aussi, la fleur de ma vie. 

All Natural Lemon & Lime: Turning Into Small (1998)

Vers la fin des années 90, les bands shoegaze commençait à battre de l'aile. Ils se séparaient où ne proposaient plus aussi intéressant qu'avant. All Natural Lemon & Lime arrivait comme un rayon de soleil en direct de l'habituellement rock, crooner ou rap New Jersey. Sans être un album qui allait ressusciter un genre mourant (il ne mourra pas, il se transformera comme tous les genres), cet un effort ambitieux, généreux, cosmique, désorientant, genre d'entre deux albums que serait un projet parallèle de Radiohead. Un album qui gardait la flamme allumée.  

The Brian Jonestown Massacre: Methrodone (1995)

Anton Newcombe est hanté par l'invasion britannique des années 60 et le shoegaze naissant des années 80. Sur le premier album de son band, il croise les deux époques avec une voix spatiale et ouvre du même coup une période hypercréative où il pondra pas moins de 7 albums en 3 ans. Pyschédélique indien, Mod-punk new wave, Dylanesque folk, sitar à la Harrison, il est sur la fréquence fuzz. Excellent en fumant un Roger. (faites vos recherches)

Blonde Redhead: 23 (2007)

Je les ai vus en spectacle en 2008, en tournée pour cet album. Magique soirée. Leur 7e album dont le morceau titre est tout simplement délicieux, est aussi spontané que grave et bien nourri en instrumentalisation. On oublie souvent qu'ils ne sont que 3. Les jumeaux italiens Simone et Amadeo Pace et de la japonaise Kazu Makino (aussi épouse d'Amadeo) offrent du spirituel et de la diffusion sonore qui donne parfois que la musique vient du ciel. Élégant autant que vigoureux et rythmé. 

Asobi Seksu: Citrus (2006)

Encore une chanteuse d'origine japonaise, relocalisée en Californie. Les sons semblent issus de cet agrume qui fait grincer des yeux, avec des guitares qui harmonisent le "noise". On a comparé la voix de Yuki Chikudate à celle d'Elizabeth Fraser des Cocteau Twins. Nü-gaze qui préface ce que seront DIIV ou Ringo Deathstarr, cet album sucré offre de l'intéressant fuzz, une voix des anges dans un tourbillon psychédélique. Rayons de soleil shoegaze. Le band s'est sabordé en 2013. Après 4 albums. C'est leur second. Ils se sont d'abord appelés Sportfuck. Avant qu'on leur conseille moins censurable. 

My Bloody Valentine: Loveless (1991)

Je ne dirai jamais assez de bien de cet album qui EST le shoegaze en ce qui me concerne. De mon oreille, tout ceux et celles qui ont fait du shoegaze passé 1991, ont pigé dans les textures de cet album parfait pour moi, album dont je suis incapable de sauter un morceau, que ne me lasse pas de réécouter, facilement dans mes 5 préférés à vie, tous genres confondus. Flou, brumeux, plein de feedback, noise, parfois presque motorisé, filtré par la voix merveilleuse de Bilinda Butcher ou le ton charmant de Kevin Shields. Tous mes sens sont activés à l'écoute de cet album. Son impact sur moi est immense.  

Mentions honorables: Heaven or Las Vegas de Cocteau Twins (1991), Darklands de Jesus & Mary Chain (1987), Mezcal Head de Swevedriver (1993),  The Confort of Madness de Pale Saints, 7 de Beach House (2018), Pet Grief de The Radio Dept (2006).  

Et les femmes du shoegaze, après Shakira, sont tellement les plus belles.  Nah! 

vendredi 30 mai 2025

Ali-Liston, 1965

 Le 25 février 1964, à New York, Sonny Liston, champion en titre, allait se battre contre Cassius Clay, 22 ans. 

Liston était la pire menace possible dans l'univers des poids lourds de la boxe. On disait même que ça devenait injuste, il ne perdrait jamais, il avait battu 8 des 10 meilleurs actifs dans le milieu. 7 de ces victoires avaient été par K.O. Le gérant du champion Britannique, qui ne voulait pas se battre contre Liston, disait ne même pas vouloir croiser son regard dans la rue. Il frappait si fort, on disait que même du regard, on sentait un coup dans les côtes. 

Liston avait fait de la prison par le passé pour vol à main armée et c'est là qu'il avait appris à se battre. Il avait aussi été réemprisonné pour avoir assailli un policier. Son contrat était propriété du mafieux Frankie Carbo, associé à la famille Lucchese. Comme à Montréal de nos jours, la boxe est très infiltrée par la Mafia. 

Clay était surnommé The Louisville Lip tellement il était grande gueule. Boxeur inégal qui avait gagné/perdu/gagné/perdu depuis son brio aux Olympiques de Rome de 1960, allait le narguer sans arrêt. Plus Clay avait peur, plus il ouvrait sa gueule. Il allait se rendre dans la nuit, à 3h du matin, chez Liston, nouvellement installé dans sa maison dans un quartier riche de blanc, pour l'inviter à régler ça dans la nuit. Insultant grandement Liston qui ne voulait pas mal paraître dans son nouveau quartier. 

Ça jouerait contre Clay, et en faveur de Liston dans l'opinion publique. Liston, depuis 3 ans, s'était blessé assez sérieusement à une de ses épaules. À l'entrainement, il avait aggravé sa blessure. Sur 35 mois, il avait boxé professionnellement l'équivalent de 6 minutes. Et bien qu'il disait qu'il avait 32 ans, il avait plutôt 34 ans. À la pesée, on allait s'étonner que Clay était plus grand que Liston. Et se mettant légèrement sur la pointe des pieds, il paraissant plus géant encore. 

Et Ali se fait allégrement aller le mange patate pour donner tout un spectacle d'intimidation verbale.

Le soir du combat, Liston avait commencé trop enragé et avait mal paru. le 3e round avait été le seul à son avantage. Au 7e, Clay avait démonté son épaule blessé (sans le savoir) et Liston avait abandonné avant le début du round. Les paris étaient si en faveur de Liston que 43 des 46 journalistes couvrant le combat avaient parié ouvertement sur Liston. Au jeu, c'était officiellement, 8-1 en faveur de Liston. Clay allait stupéfier tout le monde. Et devenir le nouveau champion du monde. Annonçant qu'il était musulman noir, 2 jours plus tard.  Depuis longtemps. En mars 1964, il deviendrait on annoncerait qu'il deviendrait Muhammed Ali ("digne de toutes les louanges"). 

On dira que l'équipe d'entraineurs enduisait leur poulain Liston d'une substance qui, lors des corps-à-corps, aveuglait suffisamment l'adversaire pour ensuite en venir à bout. Lors du 3e round, tout à l'avantage de Liston vs Clay/Ali, ce dernier avait été aveuglé des 2 yeux tout le round. L'adversaire précédent de Liston avait confirmé avoir été victime de la même chose. Et disait que Liston semblait savoir quand la substance allait l'affaiblir. 

 Un tendon de l'épaule de Liston serait confirmé. Mais il y aurait des doutes sur l'issue du combat. Ceux qui avait misé sur Ali faisaient une fortune. Et le coin Liston était entièrement mafieux. Ne pas sortir du coin avait tout de suite allumé des doutes. Après enquête, on avait pas réussi à prouver rien. 

Mais des ripoux faisaient facilement 1 million avec ce résultat. 

 

Alors que le Congrès des États-Unis enquêtait sur le crime organisé dans le milieu de la boxe, ni Liston. ni Ali (qui n'avait rien à se reprocher) ne pouvait être porte parole du sport propre. 

Mais c'est devenu très suspect quand on a alors révélé que le combat contenait une clause qui leur garantissait...un combat revanche. Plusieurs allaient remarquer que ce serait plus payant pour Liston (et Ali) deux combats qu'un seul. Et que si Liston avait été payé par de l'argent sale de la Mafia pour ne pas sortir du coin, il faisait plus d'argent en ne gagnant pas. 

Quelque chose, qu'on retiendra encore...

Le 16 novembre 1964, on devait avoir un combat revanche, à Boston. Mais Ali souffre d'une hernie, 3 jours avant le combat qui le repousse de 6 mois. Liston, qui s'entrainait en lion et était, selon plusieurs, au sommet de sa forme,  était anticipé gagnant à 13 vs 5 dans les paris sportifs.

Le 25 mai 1965, on replace le combat à Lewinston, dans le Maine. Comme Malcolm X a été assassiné il y a quelques mois, qu'Ali y est associé, ET Ali ET Liston ont de menaces de mort et l'hostilité autant que la sécurité, sera sans précédent. 

Au tout début du premier round, Ali porte un "coup fantôme" que personne ne pense avoir vu mais qui a bien porté contre Liston. Il tombe et ne semble pas tenter de se relever. Ali se penche au dessus de lui et lui hurle de se relever et de se battre. Et que personne ne croira une telle conclusion. C'est ce qui est hurlé par Ali au dessus de Liston alors que tout le monde croit qu'il ne fait que crier sa dominance de l'autre.

La photo prise de Neil Liefer sera l'une des plus fameuse tous sports confondus, mais sera aussi l'une des plus incomprises. Elle montre peut-être deux complices qui se chicanent sur la manière de tricher. Et non l'art de l'un contre un autre. Controverse restera car le décompte de l'arbitre ne sera jamais clairement fait, le bruit étant trop fort, tout ça se passant trop vite (à 1:00 du début du combat) et l'arbitre ayant peur qu'Ali ne devienne animal contre son adversaire, tentant de le repousser dans son coin. C'est de hors du ring qu'on appelle la fin du combat car plus de 10 secondes ont passé et il ne s'est pas relevé.


 Ça se passe si vite que certains n'avaient même pas eu le temps de s'assoir dans le foule, encore. Certains n'y croiront jamais. Certains pensent que tout ça était bien légitime. 

Liston meurt fin 1970, à seulement 40 ans, de manière louche, trouvé mort chez lui, prétendument d'une surdose d'héroïne, lui qui était terrorisé par les aiguilles au point d'annuler des voyages à l'étranger qui demandait un vaccin.  

C'est à Las Vegas, ville de jeu fondée par des mafieux, qu'on immortalise la photo du siècle sportir en statue...

Je dis ça, je dis rien...

Ce combat historique et cette photo culte on eu 60 ans dimanche dernier.  

jeudi 29 mai 2025

Postes Canada (1868-2025 ?)

Au début de la jeune histoire du Canada, les échanges de courrier entre la France et ce qui était alors la Nouvelle-France, étaient très fréquents. 
Ce n'est pas d'hier qu'on sait que la communication est l'arme de tout progrès. 

En 1693, Pedro da Silva, né au Québec de parents Portugo-Français, devient le premier courriériste relayant les lettres privées et officielles, entre Québec et Montréal. Il habitait Beauport, à Québec. La fin de la construction du Chemin du Roy, future route qui sera en partie notre route 138, facilitera la tâche à da Silva. C'est le gouvernement britannique qui garde le contrôle de la poste. Ce ne sera qu'à la naissance du Canada, en 1867, qu'on créé le département du bureaux des postes et qu'on en fait une branche gouvernementale canadienne. Le 1er avril 1868, Postes Canada nait. 

Sir Rowland Hill propose le timbre-poste, et un prix de transport de courrier au poids des lettres et des envois. À partir de 1928, une branche de transport en aviation est aussi ouverte. 

Dès les années 70, l'argent devient contentieux chez Postes Canada. Les déficits sont déjà de 800 millions, en 1981. La compétition avec des services privés comme UPS leur plombent l'aile. Dans les années 90, 2000, ce sera l'internet et les services comme EBay, Amazon, qui les torturent. En 1993, afin de contrer la concurrence, Postes Canada devient propriétaire de Purolator. Depuis 2013, les finances sont catastrophiques, on arrive pas à compétitionner avec le secteur privé.  

Il est justement là le problème. Postes Canada, un peu comme une Cinémathèque ou la télévision/radio de Radio-Canada: c'est un service public. Comme un hôpital et une école aussi. Ce ne sont pas des endroits pour y faire de l'argent. Mais en devenant Purolator aussi, ils sont Frankeinsteinisés en bataillon commercial.
Depuis 1981, on traite ce service public tellement comme une entreprise, qu'elle le devient un peu. Comme les hôpitaux et les écoles et le privé. Il n'est pas attendu de faire de l'argent avec un service public, mais on ne veut pas en perdre non plus. Et Postes Canada en perd depuis toujours. Il fût un temps où le mot se passait de dire que travailler pour les Postes proposaient de bonnes conditions pour la vie, mais ce n'est absolument plus le cas. On arrive moins que pas. Les employés sont payés assez peu, et les bureaux ferment absolument partout. 
Le gouvernement est aux prises avec le dilemme d'injecter de l'argent dans quelque chose qui se meurt ou de mettre la clé dans la porte. 

Postes Canada en est fameusement conscient. Ils savent bien qu'ils ne peuvent pas compétitionner contre Amazon et autres livreurs/courriéristes privés. C'est le même combat que la télévision publique de Radio-Canada vit en tout temps. La radio ne se badre pas de commerciaux, mais la télévision, afin de lutter (injustement) contre les cotes d'écoutes des stations privées, doit communier à l'autel de la compétition entre stations. 
On fait la même chose pour Poste Canada. On réinjecte de l'argent, presque continuellement, mais on mise sur un cheval de plus en plus mort. 

La plupart des gens disent "Baaaaaaaah! je n'envoie plus de lettres de toutes manières!". C'est une courte vue. Et c'est plus ou moins intelligent de penser ainsi. Même Amazon a besoin de la poste par moments. Certaines petites entreprises dépendent entièrement de la livraison. Elle n'existent qu'en catalogues, qu'il faille envoyer par la poste pour ensuite commander et recevoir, aussi par la poste. Dépassé direz-vous ? C'est aussi ce que pense le gouvernement fédéral qui n'est pas pressé de prendre des décisions en ce qui concerne la faillite absolue de Postes Canada.

On a pas le droit d'exiger de Postes Canada d'être Amazon, mais on les place sur le respirateur artificiel, on les ranime, depuis 55 ans, et on leur dit, "Allez-y ! battez vous avec Amazon!".  Mais d'un autre côté, on écoute pas tous la radio de Radio-Canada, ni sa télé, on ne fait pas faire de chirurgies toutes les 6 mois, et on paie tous pour ça. Donc y réinjecter de l'argent encore, pourquoi pas ?

Postes Canada n'est pas bête non plus. Il savent bien que les multiples relances n'aboutissent qu'à déficit plus creux. Ils ont donc proposé 4 solutions fort originales pour se réinventer. 
1-Qu'il deviennent associées aux banques. C'est même probablement la solution la plus logique. Que les succursales soient comme des comptoirs bancaires pour y régler vos comptes. On faire vos hold-ups. Non, sérieusement, "les paiements postaux" ont déjà un modèle, en Angleterre, duquel il serait facile de s'inspirer. C'est de ça qu'il aurait fallu parler à Charles, lundi dernier. Ça existe déjà un peu, mais comme Postes Canada n'a pas les reins assez solides, ils doivent aussi sous-traiter tout ça avec une compagnie privée et là, ça les associe tout à fait avec le secteur compétitif.
2-Gestion de l'internet haute vitesse. Tout comme le premier point, ça ne servirait pas autant dans els grands centres que dans les régions rurales, mais justement, les régions n'ont parfois QUE le bureau de poste comme service public et Postes Canada aurait les ressources pour soutenir des réseaux en région rurale qui, au niveau de la haute vitesse, sont sous développés. Mais notre gouvernement de boomer à fait affaire avec Elon Musk. 
3- Ponctuelles interactions avec les personnes âgées. Qui sont nombreuses au pays, plus seules aussi. Si la famille n'y est plus pour leurs parents. Dans certaines villes canadiennes (dont Montréal, Québec, Laval et Trois-Rivières, peut-être Sherbrooke aussi), les services de transports offrent des visites pour les personnes âgées, afin de vérifier que tout va bien, converser, et plus souvent, livrer leur épiceries du même coup. Faire du travail social reste toujours indispensable. 
4-Finalement, on a aussi proposé de faire de chaque bureau de poste, des stations de branchement pour véhicules électroniques. 
Mais tout ce qui est proposé engendrerait aussi des coûts.

Que faire de Postes Canada ? 

Pas une entreprise rentable. Ça ne l'a jamais été.  

Il faut penser quelque chose d'autres que le gouffre financier depuis les années 70.  Depuis toujours. Car ça n'a jamais été enligné sur "faire de l'argent". 

mercredi 28 mai 2025

Phil Hartman

Phillip Edward Hartmann (qui laissera tomber le "n" avec le temps) est né en Ontario, 4e d'une famille de 8. Il dira qu'en raison du grand nombre d'enfants dans la famille, c'est probablement ce qui lui a toujours donné envie d'en faire un peu plus afin de se démarquer et attirer l'attention. 

Il a 10 ans quand la famille émigre dans le Maine, puis, au Connecticut. Il ne terminera pas son passage collégial afin de devenir technicien pour les bands de musique en tournée. Il revient à l'école en 1972, pour étudier les arts graphiques en Californie. Ça lui fera faire des pochettes, plus d'une quarantaine, dont celles de Poco, America et le logo de Crosby, Stills & Nash. Il fait ses débuts à la télévision dans les années 70 en participant à l'émission The Dating Game, où il y est participant. (Et il gagne). 

Vers le milieu des années 70, il choisit de suivre de cours d'humour. Ça le fera jouer dans un film Australien. Il joint le groupe d'improvisation théâtrale The Groundlings et en design le logo. Apprend à y travailler en équipe. Toujours. Il y fait la connaissance de Paul Reubens, et avec lui développe son personnage de Pee-Wee Herman, qu'ils arrivent à vendre à la télévision et où il y joue Captain Carl. Il aura un caméo dans un film de Cheech & Chong. Il co-scénarise le film de Pee-Wee Herman où il y fait aussi, un caméo dans la peau d'un journaliste.     

Il accepte des petits rôles dans les films Jumping Jack Flash et Three Amigos. Il fera de nombreuses voix pour les films d'animation. Pour la 12e saison de l'émission d'humour Saturday Night Live, il auditionne et est choisi pour être de la distribution pour la première en octobre 1986. C'est son ami des Groundlings, Jon Lovitz s'y trouve déjà et le recommande. À sa 8e saison avec SNL, il jouait déjà autour de 70 personnages différents. Quand il rencontre le président Bill Clinton, qu'il imite souvent, il se sent mal et lui dit qu'il lui doit probablement quelque excuses. Clinton est bon joueur, mais lui dit qu'il incarne un président au petit écran, et qu'il est...généralement ok sur une photo autographiée. 

Il joue tant de rôles de soutien avec talent, qu'on le surnomme "Glue" parmi les membres de SNL. Lorne Micheals dira de lui qu'il tient l'ensemble à lui tout seul aidant même certains acteurs à surmonter leurs crises de panique. Il gagnera un Emmy pour son écriture humoristique. En 1993, pas mal tout ses amis on quitté SNL, il quitte alors en 1994. Il a des projets de shows télé mais NBC annule le tout à la dernière minute, ce qui ne l'insulte pas tant car il réalise que la somme de travail devenait colossale. 

Il déménage de l'Est à l'Ouest, en Californie. Il y deviendra un des personnages de la sitcom télé NewsRadio. Il fait aussi les voix de plusieurs personnages de la série The Simpsons. Il dira que ce qu'il aime le plus est de faire la voix du personnage de Troy McClure, et encore il en adore les fans. Il dira qu'il ferait tout ça gratuitement tellement ça lui plait. Les créateurs du show The Simpsons aiment tant travailler avec lui qu'ils développeront un épisode entier sur McClure. Il joue au cinéma avec Sinbad, Kirk Douglas, Dan Aykroyd, Steve Martin, Mike Myers, Chris Rock, Arnold Schwarzennegger, joue à la télé dans le John Laroquette Show, le Dana Carvey Show, 3rd Rock From The Sun, sera président des États-Unis dans un film pour la télé. Il fait beaucoup d'argent avec la publicité et vit très bien. 

Ne souhaitant jamais être le personnage principal, il préfèrera toujours être personnage de soutien. Il dira que Bill Murray était son inspiration principal. Straight guy qui soudainement fait ou est victime d'âneries.      

 Hartman avait été marié deux ans au début des années 70. Il avait aussi été marié 10 ans plus tard. 3 ans. Depuis 1987, il a marié la mannequin Bryn Omdahl. Ils ont ensemble un garçon et une fille. Mais Brynn est problématique. Elle est jalouse maladive du succès de Phil et de l'attention des anciennes épouses de Phil, dont elle menace l'une d'elle de lui arracher les yeux si elle lui parle encore. Phil va habiter chez des amis quelques temps afin de préserver les enfants, et pense même se retirer du métier pour sauver son mariage. Mais tout son entourage convient que Brynn est mentalement malade.

Hartman tente de lui trouver des rôles mais elle abuse de narcotiques et d'alcool. Est même forcée à la clinique de réhabilitation plusieurs fois. Plusieurs fois aussi, l'entourage de Phil lui suggère de la quitter. Mais Hartman pensent à l'équilibre des enfants.

En 1998, Phil, Brynn et une scénariste/productrice soupent ensemble jusqu'à très tard en soirée. On la dit dans un bel état d'esprit. Mais elle a pris du Zoloft, y a croisé de l'alcool, et récemment, a aussi pris de la cocaïne. Après une chicane autour de 3h du matin, Brynn attend qu'il s'endorme pour lui tirer une balle dans la tête, une seconde dans la gorge et une dernière dans le torse. Elle appelle un ami, confesse, se rend chez lui, il ne la croit pas, l'ami revient sur place avec elle, constate l'horreur, appelle le 911, protège les enfants en les amenant ailleurs. Pendant ce temps, Brynn se tire à son tour une balle dans la tête.

Aujourd'hui, il y a 27 ans.  

Il n'avait que 49 ans. 

Les enfants changeront légalement de nom de famille jusqu'à leur vie adulte et seront élevés par la soeur de Bryn et son mari. Ils avaient respectivement 9 et 6 ans lors du drame. 

mardi 27 mai 2025

Palestine: Jusqu'à Quand l'Insupportable ?

Des travailleurs Allemands/Israéliens de  l'ambassade d'Israël, à Washington, ont été assassinés de coups de fusil, au pays du fusil facile, la semaine dernière. Le tireur, Elias Rodrigues, 31 ans, aurait crié "Free Palestine!" avant de se faire arrêter sur la scène du crime. 

Il y aura des théories du complot autour de ça parce que c'est l'essence des trolls. Mais l'explication la plus logique sera fort probablement qu'il s'agissait d'un tireur seul, d'un homme isolé, colérique, excédé, à bout de nerfs, qui aura choisi la solution du meurtre pour mettre fin à son tourment, solution qui a gagné beaucoup de popularité au pays du fusil depuis que Luigi Mangioni a assassiné dans la rue un vendeur d'assurances véreux.

Entendrons nous "Free Rodrigues!" un peu partout comme on l'a entendu pour Mangioni ? Je ne crois pas. Dans une premier temps, les États-Unis sont trop racistes, dans un second, le conflit Israël/Palestine, qui n'est pas une guerre, la Palestine n'a pas d'armée, c'est un génocide, est devenu si abstrait pour l'occident, ça se tue depuis 1956, la conscience collective n'y porte presque plus d'attention.

Même si c'est le génocide le plus documenté et le plus visible, le plus vu de l'histoire de l'humanité.   

 Nous sommes autour du 600e jour du massacre barbare à Gaza de la part d'Israël et des États-Unis. Ce sont 50 mois de carnage ininterrompu jouant sur les téléphones, s'invitant dans les salons, peuplant les journaux, dansant sur notre indifférence sur du heavy metal.

Les troupes Israéliennes ont assassinés un diplomate des États-Unis sur place tout récemment. Il y a des massacres d'enfants, de femmes, d'ainés, de tout être vivant Palestiniens tous les jours. C'est un nettoyage ethnique avoué et extraordinairement clair qui se développe sous nos yeux. Je me suis fait répondre par quelqu'un que la Palestine n'a pas de raisons d'exister, elle n'a pas d'histoire. Le criminel de guerre Nethanayhu pointe du doigt les pays étrangers qui réagissent avec dégoût, mais son but est clair, er ce, probablement depuis toujours, effacer la Palestine entièrement et en faire Israël. Il ne le cache plus. C'est le nettoyage ethnique le plus public depuis Adolf Hitler. Peut-être depuis Putin et l'Ukraine aussi. Mais Israël/Palestine la gangrène progresse depuis plus longtemps. 

Les États-Unis endossent ce nettoyage ethnique tout en inventant en direct un génocide de blancs en Afrique du Sud alors que les images venaient du Congo. Un moment de honte historique duquel le dément des États-Unis n'aura jamais à s'expliquer, même si aujourd'hui, l'arnaque validée, alors qu'il y a 15-20 ans, on perdrait son job pour moins que ça. 

Ce type d'hypocrisie cognitive, cousine du sadisme mental, contre son propre peuple, ne peut pas être issus d'ailleurs que de cerveaux sans circuits brulés. Communs au président des États-Unis et dans la tête brûlée de Ben, le boucher. 

La Palestine, si elle arrive à survivre, aura souffert des pires souffrances mentales et physiques disproportionées depuis plus de 70 ans. Survivants, ils seraient sous une toujours immense pression de se rebâtir une économie et un style de vie jugé normal. Par comparaison, les États-Unis actuels sont dans une situation économique épouvantable où les familles n'arrivent avec l'arrivée du triste président, les coupes budgétaires pour donner des baisses d'impôts au 1% et les tarifs qui se retournent contre le peuple. En Palestine, le ciel est pluie de bombes. Les rues, territoire de Call of Duty

L'occident au grand complet, dans une sorte d'ingenérie sociale internationale, est en train de valider à quel point l'être humain est en mesure d'encaisser l'insupportable cruauté. Le gaslighting des santés mentales est à l'oeuvre tous les jours. On évalue (vraiment? ou on subit) combien d'abus émotif et de dysfonctionnalités humaines sommes nous en mesure d'accepter avant d'imploser ou d'exploser.

Les États-Unis ne suivent aucune loi, nous le voyons bien. Pas même les leurs. Parfois ne les comprennent même pas. Plus de 30 employés du gouvernement sont des anciens travailleurs de la station de télévision Fox, qui doit payer 787 millions pour avoir menti délibérément en ondes pendants des années (et continue de le faire).

Et on se surprend de la violence qui en nait ? On sort encore l'argument du 7 octobre pour Israël ?

Et toutes les années avant, Israël ne mangeait personne? 

Comment croire en un gouvernement qui vient de donner 5 millions de dollars...5 MILLIONS DE DOLLARS...à la famille d'une terroriste armée en mission pour renverser le gouvernement au Capitol ?

Israël sont les États-Unis.  

Depuis toujours.

Israël, comme la Russie est un état terroriste. D'affirmer que d'être Pro-Palestine est de l'anti-simétisme est une manière de passer sous silence le génocide en cour. S'opposer au meurtre de masse ne sera jamais de la haine. Mais utiliser son judaïsme pour justifier un génocide, ça, c'est du vrai délire raciste.

Du gaslighting.

Il ne faut pas se surprendre que ça éclate ailleurs cette marmite de chaos.

On ne cuisine pas tous de la même manière. 

On ne se nourrit pas tous des même choses.  

Je rêves d'un monde sans Trump, sans Putin, sans Nethanyahu.