mercredi 8 novembre 2023

Échos des Années 80

Nous sommes allés voir Depeche Mode, l'amoureuse et moi, vendredi dernier. 

C'était beaucoup plus amusant que prévu. 

De nos jours, on peut anticiper les chansons que les artistes joueront sur scène d'après les spectacles précédents de la tournée que les sites de "setlists 2023 (nom du band) tour" vous offrent sur le net. C'est généralement à 80% respecté. Bien entendu l'effet de surprise est gâché, mais en même temps, on peut choisir à l'avance si on a envie d'aller voir tel ou telle artiste selon ce qu'il/elle jouera. On a refusé d'aller voir Peter Gabriel après avoir consulté ce qu'il jouait en spectacle et trop rares étaient les morceaux qui nous évoquaient quelque chose. Le Gabriel qui nous intéresse est principalement entre 1975 et 1992.

(Je sais, je sais découvre, enjoy, ouvres toi à ses nouvelles directions, ne va pas chercher des acquis, sois bercé...mais bon, je n'ai plus d'attentes de PG)

DM promettait 23 chansons, mais seulement 10 que nous connaissions. Et quand je dis "nous" je parles surtout de moi. In Your Room ? oui, ce titre me rappelle quelque chose...Mais je ne l'ai pas reconnue tout de suite, sur scène. L'amoureuse n'en connaissais que 4 ou 5. À l'oeil. À l'oreille, elle en a reconnu davantage. Écoutant leur dernier effort de 2023, un peu avant, j'en ai reconnu trois-quatre autres de plus que je pensais. Les deux qui ouvraient le spectacle, et les excellentes Ghosts Again & My Favourite Stranger que j'avais sur ma liste de lecture. Richard Butler, chanteur des Psychedelics Furs, autres icônes des années 80, a supervisé la production de leur dernier album.

Le plaisir de suivre une liste de morceaux d'un show précédent réside dans les changements qu'ils en feront. DM en a fait 3. Trois chansons qu'on ne connaissaient pas pour trois meilleures, qu'on connaissaient et aimaient. Tout à notre avantage. Le spectacle a définitivement levé. 

Comme nous étions dans la section "cheap" à "seulement" 75$, on était dans la section des fuckings égarés. C'était du rarement vécu pour nous. Vous savez cette section qui passe de 333 à 433 à même les marches ? Vous pouvez être certains que l'entièreté des gens qui était dans le 433, rangée D ont d'abord pensé être au bon endroit dans la nôtre. Ce qui fait que l'entièreté de la première partie (très intéressant DIIV) on l'a passée debouts ou avec des gens debouts devant nous, à se lever et se rassoir. Les 4 premières chansons de DM aussi. 

Dans la semaine j'avais écouté The Jesus & Mary Chain, visionné Stranger Than Paradise et Down By Law de Jim Jarmusch. Écouté un podcast sur quelque chose qui survenait en 1983. Je m'étais un peu bizarrement plongé dans les années 80. Sans vraiment le calculer. J'avais aussi écouté quelques fois ma liste de lecture de DM, qui nécessairement m'offrait du 1982 à 1989, au moins. 

Le spectacle nous replongeait tous aussi dans cet esprit gothique des années 80, mais aussi lumineux. Comme le plaisir universel quand on a tous dansé sur place à l'écoute de Just Can't Get Enough,  qui avait été précédé du plus sombre et underground Black Celebration, chanson qui n'était pas promise par la liste des spectacles précédents de cette tournée.

Un couple de frère et soeurs, une dizaine d'années plus vieux que nous, des jumeaux parait-il, mais on aurait pas su, dans le noir, si ils ne nous l'avaient pas dit, et un de leurs amis, avaient aussi pratiqué la routine assis-debout comme nous, tout le début de la soirée. On s'était donc échangés des regards complices de bienveillance et de résilience continue face à ceux et celles qui entraient dans des allées pleines. On a dansé ensemble sur
Policy of Truth, non annoncée, et on s'était un peu lié d'amitié avec eux en se faisant des contacts des yeux amusés et heureux quand les morceaux s'annonçaient. Comme eux (et aidé du net), on comprenait aux deux premiers accords ce qui allait jouer. On ponctuait parfois de regards partagés, satisfaits dans l'extase. On aurait été du même cercle underground en 1987. 

Never Let Me Down Again devenant le sommet ultime du bon moment, en rappel, où nous étions tous en ride with our best friends

Gahan a surpris de générosité en dansant beaucoup lui-même sur une scène trop grande, qui avait été laissée sur place du spectacle de Pink, et tous ses danseurs/danseuses, la veille. Gore semblait s'amuser de Gahan qui faisait chanter la foule outre mesure, étirant quelques morceaux de manière improvisée. Le duo semble avoir aimé sa soirée, se touchant le coeur en pointant vers la foule. Ils ont aussi procédé à un touchant hommage à leur co-fondateur et membre décédé Andy Fletcher en le plaçant en images derrière World in Your Eyes

On a beaucoup ri, dansé, chanté avec Elizabeth, Robin & Will, leur ami. Qui au final, se sont présentés quand on a fait de même. 

On avait semblé se connaître toute la soirée, sans réellement se parler tant que ça. En fait, il me semblait la connaître, elle, surtout, son frère un peu aussi. L'amoureuse leur a demandé quel était leur nom de famille, aux jumeaux.

Ils se sont regardés, amusés, comme si ils hésitaient à nous le communiquer.

"Cocteau", a fini par interjecter, Will, leur ami. 

Ça me disait vraiment quelque chose.  Elle avait un rouge à lèvres couleur cerise

Ce trio transpirait aussi l'écho des années 80.

Sweet vendredi soir.

Just like honey.     

J'avais de 8 à 18 ans dans les années 80.

C'est dans le crunchy de ce que je serai toujours.

Dans mon ADN. I give in. To sin

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