vendredi 3 novembre 2023

Buffy, La Vampire

Prétindien. 

C'est ainsi qu'on surnomme celui ou celle qui c'est prétendu(e)s autochtone, sans l'être. Les gens vont en prison pour fraude ethnique.

Sacheen Littlefeather, qui était montée sur scène, en acoutrement autochtone, en 1973, plume à l'appui, et qui avait refusé au nom de Marlon Brando, l'Oscar du meilleur acteur, en mesure d'opposition au traitement des autochtones dans les films, était Maria Louise Cruz, actrice née en Californie, de parents Mexicains. Elle était néanmoins activiste et militante en faveur des droits des autochtones.

Mais prétindienne. 

C'est aussi ce qu'aura été la chanteuse Buffy Sainte-Marie, pendant toute sa carrière publique, entre 1963 et 2023. 

En 1963, son art musical entrait en concurrence avec celle des jeunes Bob Dylan, Judy Collins, Joan Baez, Neil Young, Carole King, Dave Van Ronk, Joni Mitchell et autres jeunes musiciens de son âge qui émergeaient des milieux artistiques d'Amérique du Nord. Pour se distinguer, elle a eu l'idée de s'inventer un passé autochtone. Cri. Ce que sa famille a vivement décrié dès le départ, en 1964, un peu partout, mais le courant  Mais il est désormais largement prouvé qu'elle est caucasienne et même d'origine Italo-Étatsunienne. Alors qu'on l'a si souvent présentée comme Saskatchewanaise et qu'elle a reçu l'ordre du Canada.

Les Santamaria, après la Seconde Guerre Mondiale ont dû encaisser un certain mépris social, ils avaient donc choisi de changer leur nom officiellement pour Sainte-Marie. Au Massachussetts. 

Quand elle est apparue sur les télévisions noirs et blancs, elle a donné des ailes à tous les autochtones qui croyaient ne jamais pouvoir être autre chose "qu'indien errant". Quand elle est apparue à Sesame Street,  les autochtones qui la voyaient SE voyaient. Elle y était permanente pendant 5 ans. Livre ouvert sur les autochtones. Ce qu'on arrive encore assez peu à montrer dans nos téléromans, la diversité. C'est à Sesame Street qu'elle est devenue la première Femme à nourrir au sein son enfant  (son vrai fils, Cody)sur les ondes d'une télévision Nord Américaine.

Buffy se voulait diversité. Elle est l'une des premières artistes aussi, en 1969, à enregistrer un album où sa voix est "électronique". Sur cet album se trouve une chanson appelée Better To Find Out For Yourself

We did
La supercherie, bien que ce soit le comble du colonialisme, a aussi du bon. Elle a développé un réel intérêt pour les communautés autochtones. Et tout son art en a été inspiré. Elle a placé le projecteur dans un brouillard. Qui, au final, aura aussi été brouillon. Une mascotte de coyote ne fait qu'illustrer le coyote. Buffy était quand même plus que ça. Elle a éveillé les consciences sur les peuples autochtones, elle a aussi fait d'immenses contributions dans des missions sociales envers les communautés autochtones. Inévitablement, ça ne pouvait que faire de drôles de réveillons de Noël où tout le monde savait que le masque était savament fixé sur elle face à sa famille. 

N'est-ce pas la nature des artistes de vampiriser la vie en général ? 

J'ai d'abord été insulté, moi autochtone, de savoir qu'elle avait personnifié nos racines mais il faut croire qu'elle l'ai assez bien fait pour avoir tenu la supercherie jusqu'à ses 82 ans. 

Sa musique n'est pas moins bonne, ses contributions, sa lumière sur une minorité Nord Américaine tellement maintes fois bafouée, n'est pas à négliger. Il serait toutefois de mise de retirer le "première autochtone à remporter un Oscar" pour la chanson Up Where We Belong co-écrite avec son mari d'alors, Jack Nitzsche, qui, bien entendu, abusait d'elle. C'est dans le narratif autochtone diront les plus cyniques.

Le vrai découragement se trouve dans le fait que si ces si peu nombreux autochtones ne sont pas davantage représentés. C'est encore plus vrai. On ne les voit et entends jamais davantage pour vrai.

Comme toujours. Heureusement, au Québec, on commence à les lire. 

Y a de la grande tristesse dans toute cette mascarade. Elle a gagné des prix "autochtones" dans des catégories où il y avait de vraies autochtones. L'imposture est immense. Sa musique est intéressante, mais l'entendre sur la première chanson de son premier disque parler du sang autochtone et au "nous" des terres volées...tu étais des leurs, escroc, ça fait grincer des dents. 

Vous savez c'est quoi la chanson qui suit tout de suite Better To Find Out For Yourself sur son album Illuminations en 1969 ? 

The Vampire

Son "éclaircissement" avait une part de marketing.

Le marketing n'est aucunement autochtone, voilà peut-être pourquoi j'honnis tant la chose. 

Le marketing est sans âme. 

C'est prouvé encore une fois. 

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