mercredi 15 février 2023

PG 13

J'ai été un important fan de Peter Gabriel. Je parles au passé car selon moi, le meilleur est derrière lui. Je l'ai aimé dans son ère Genesis, mais l'ai aussi aimé beaucoup plus, en solo. Quand il a atteint le sommet de la musique pop, j'avais 14 ans. J'étais au coeur du tourbillon de découvertes musicales que je faisais alors et celui-là, il est resté parmi mes préférés. 

J'ai une liste de lecture de 2h39 minutes dont pas une seule minute me semble de trop. Pas de Genesis, juste du Peter. Je l'ai écoutée lundi/mardi dernier dans le bonheur. Ça m'a donné envie de revisiter mentalement ses albums solos.

13 moments choisis de la discographie de PG.

Peter Gabriel (#1 connu sous le nom de "Car") 1977.

Il s'agit de son premier album et ce fût aussi la première cassette que je m'étais procuré de lui. Probablement après l'achat du CD de So. On avait cette option d'acheter en CD (plus cher) ce qu'on était convaincu d'aimer, et en cassette (3x moins cher) ce qu'on voulait découvrir. Je n'étais pas certain d'aimer et pourtant, ça sera mon album préféré du Pete. Bob Ezrin, le même que pour l'album The Wall presque tout de suite après, en sera le producteur. Le guitariste Robert Fripp et le bassiste Tony Levin (presque pour la vie celui-là) seront du disque. Ezrin étant canadien d'origine, plusieurs des enregistrements ont été faits à Toronto. Avec des chansons très variées les unes des autres, son album est riche et contient une de ses immortelles.

Peter Gabriel (#2 connu sous le nom de "Scratch") 1978.

Le deuxième album est lancé très rapidement, encore avec Fripp & Levin, cette fois produit par Fripp. Il est beaucoup moins commercial (L'autre ne l'était pas tant non plus). Pete est plus harmonieux au piano et on le rapproche même des tangentes musicales de Springsteen et Bowie au bout des doigts. On lui trouve une certaine pureté qui le rapproche de son zénith créatif. Alors que le premier album solo n'avait pas mieux qu'une 5ème place (En France et en Norvège), celui-là sera #2, en France. Peter Gabriel le note, et sera très habile à parler le français pour le reste de sa vie. 

Peter Gabriel (#3 connu sous le nom de "Melt") 1980. 

De plus en plus politique, Pete Gab tâte du post-punk, du new wave, de la sensibilité art rock. Pete engage son ancien coéquipier de Genesis Phil Collins et Jerry Marotta, à la batterie. Il leur demande de ne pas jouer de cymbales. Collins est bon joueur, mais Marotta trouve ça plus difficile. PG est très attiré par le son des excellents Psychedelics Furs. Paul Weller, de The Jam, qui enregistre dans le studio d'à côté offre un peu de sa guitare sur un morceau. Kate Bush chante en français sur un autre. L'album sera #1 en France et au Royaume-Uni. 

Peter Gabriel (#4 connu sous le nom de "Security") 1982.

Une version allemande de cet album fera aussi sa place sur le marché Pete devient de plus en plus international. Il tâte de la musique du monde. Il vit des expérience avec des joueurs de tambours africains. Une de ses chansons compare le mariage à un sacrifice vaudou. Il écrit tiré d'une légende autochtone américaine. Il écrit sur la jalousie, le cache chez les primates. Wallflower parle d'un prisonnier politique d'Amérique Latine et des traitements qu'on leur inflige dans les années 80. 

Birdy1985.

La trame sonore composée pour le film d'Alan Parker est le premier effort de PG avec le producteur et arrangeur Daniel Lanois qui vient tout juste de travailler avec U2. Plus près d'un album d'ambiance et de collage sonore, certaines pièces sont même des version instrumentale de l'album précédent. Peter co-produit pour la première fois, avec Daniel. La trame sonore colle parfaitement bien au film de Parker où un jeune homme pousse sa fascination des oiseaux jusqu'à vouloir voler, lui-même. David Rhodes devient un guitariste récurrent depuis quelques albums.  

So1986.

Pete, Lanois et Rhodes commencent à travailler cet album dès 1985. Levin en sera aussi. Un morceau, d'abord pensé chanté avec Dolly Parton sera chanté avec la fameuse Kate Bush. On trempe encore dans la musique du monde avec Youssou N'Dour. On reste politique. L'album le fait atteindre tous les sommets commerciaux possibles et le rend très riche. Ses vidéos épatent (pour l'époque). C'est mon premier contact avec PG. L'album n'a pas un seul morceau de désagréable. J'ai un faible pour le morceau sur les expériences faites sur les humains et le duo avec la belle Laurie Anderson. J'adore tout de ce disque. Immortel. 5 singles rouleront sur plus d'un an. 

Passion. 1989

De retour à la trame sonore, cette fois c'est Martin Scorcese qui l'engage pour son film biblique. L'album est majoritairement instrumental, mais on y entends des voix, habilement utilisées, utilisant celles de Nusrat Fathe Ali Khan, Youssou N'Dour, L.Shankar, Baaba Maal et Manu Katché, entre autres, et David Rhodes, bien entendu. C'était un album qui nous transportait quand nous étions finissants du secondaire. L'envie du voyage nous passait. Encore très bon pour se sentir décoller pour des mondes imaginaires. 

Us. 1992

Pete a son propre studio, Real World Studios, qui fait la place très belle à la musique du monde. Il enregistre en Nouvelle-Orléans et au Dakar, avec Daniel Lanois, qui vient encore de travailler avec U2, de retour à la production. Sinead O'Connor est croisée dans la tournée d'Amnesty International et commence une liaison avec elle. Gabriel chante l'amertume de son divorce passé et la séparation d'avec Rosanne Arquette. O'Connor chante sur deux de ses morceaux. Le nombre d'invités musicaux est interminable: les suspects habituels et John Paul Jones de Led Zeppelin, entre autres grosses pointures. 

OVO. 2000

Un spectacle multimedia de P.Gabriel et Mark Fisher, à Greenwich, Londres, toute l'année 2000, sert de cadre pour la trame sonore composée par PG. Neneh Cherry, Elizabeth Fraser (des Cocteau Twins), Daniel Lanois, David Rhodes et Alison Goldfrapp participent à l'album qui est beaucoup plus intéressant qu'il n'y parait. 

Up. 2002

Le travail sur cet album a commencé en 1995, avant d'être suspendu afin de travailler OVO. Karl Wallinger, des Waterboys et de World Party, a co-écrit un des morceaux de l'album. REM lançait aussi un album portant le même nom, mais PG voyageait mentalement avec ce titre depuis près de 4 ans. Il n'a pas voulu changer. REM lancera le sien en premier. Devenu très techno, partout dans la vie, ça s'entend maintenant dans ses sons. Sur son riche site internet, chaque soir de pleine de lune, PG lance un clip parlant d'une des chanson du disque et quelques infos précieuses pour groupies. Je ne le suis plus, mais maintenant, passé 50 ans, peut-être que je voudrais.

Long Walk Home: Music from the Rabbit-Proof Fence. 2002.

La trame sonore du film de l'australien Phillip Noyce est tout à fait ambiante et nous place en 1931, dans l'histoire vraie de trois jeunes filles arborigènes voulant s'affranchir de leur vie de misère. Synthétiseurs et synth/rock. Hanté et émouvant. Comme le film qu'il épouse. 

Scratch My Back. 2010

Bob Ezrin est de retour à la production. Peter co-produit aussi. Avec des arrangements de John Metcalfe, PG s'inspire d'Arvo Pärt et de Steve Reich. L'album est composé de 12 morceaux qui sont des reprises de pièces de David Bowie, Paul Simon, Elbow, Bon Iver, Talking Heads, Lou Reed,  Arcade Fire, The Magnetic Field, Randy Newman, Regina Spektor, Neil Young et Radiohead. Très intéressantes relectures. La série Stranger Things, lors de la finale de la première saison, a fait de sa reprise de Bowie, la trame sonore de sa scène finale. 

New Blood. 2011. 

Reprenant le travail avec le même arrangeur, John Metcalfe, Gabriel choisit cette fois de faire des relectures de ses propres morceaux. Si le meilleur n'était pas derrière lui, il le démontrait mal.  Nouveau sang, son plus neuf, passé revisité.

Peter, papa de 2 filles qui travaillent avec lui et de deux garçons, plus jeunes, a fêté ses 73 ans, lundi dernier. 

Il nous promet un nouvel album pour cette année, presque déjà prêt.

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