samedi 18 avril 2020

Ne Pas S'en Faire & S'en Faire

J'entendais à la radio avant-hier quelque chose d'horrible. De si horrible que j'en avais presque les larmes aux yeux.

Une jeune femme de Montréal se faisait découvrir un cancer du sein le 5 mars dernier. Le médecin, lorsque la panique Covid a embrayé, lui a même dit que confinement pas confinement, il se débrouillerait pour faire quelque chose très vite car on parlait d'un stade 3, et que la situation ne devait pas devenir plus critique.
Puis, silence. La jeune fille a donc relancé vivement. On l'a reçue, pas le même médecin. On a confirmé que la métastase avait grossi, on a jamais voulu dire de combien. On ne lui a pas donné de date de retour non plus. On est déjà creux en avril. Elle est repartie simplement en sachant que son stade 3 avait empiré.

Elle est dévastée et c'est le cas de le dire, rongée de l'intérieur. Elle a été platement abandonnée. Elle ne dort plus, vit des épisodes de panique, et tout ce que vous pouvez imaginer d'anxiogène. Elle est passée de "il faut faire quelque chose avant qu'il ne soit trop tard" à...

...à quoi?
trop tard?
Elle se pose la question. Tant de questions.

Elle a de nombreuses raisons de s'en faire en ce moment.
Le chaos hospitalier menace de franchement exploser. (plus là-dessus, demain).

Dans la catégorie de ceux payés pour que l'on ne s'en fasse pas trop:
Fabien Cloutier, Marie-Soleil Dion et l'équipe autour de Ça Va Bien Aller sur TVA.
M'étant fait couper mes heures de travail, je suis arrivé plus tôt qu'à l'habitude depuis les deux dernières semaines. Je suis souvent tombé sur cette émission, visiblement conçue en toute hâte afin de battre de vitesse quiconque aurait voulu breveter le terme "ça va bien aller". C'est une enseignante des Laurentides qui aurait parti l'arc-en-ciel et le mouvement avec son groupe Facebook et elle ne demande pas une cenne pour. En fait, oui, elle dit que si vous voulez donner de l'argent, elle vous redirige vers une oeuvre de bienfaisance de son choix. Peu importe, je voulais vous parler de Fab et Marie-So.

Leur première émission m'avait laissé froid. J'aime bien Cloutier dont j'ai découvert la série Léo cette année. Il semble même que le camion pick-up bleu qu'il conduit dans la série soit le sien puisqu'il ouvre toutes ses émissions assis dans le derrière du même pick-up. Face à nous. J'avais décroché à leur première assez tôt, suite au sketch de Marie Soleil Dion fixant son bidet pour faire sa part pour l'environnement, en plus de ne plus avoir à acheter du papier de toilette, jamais. Le sketch n'était pas assez drôle pour qu'on croit que sa misère à installer la chose sur son bol ne soit fausse, ce qu'elle était. Le sketch désservait le geste écologique d'avoir un bidet en laissant croire que c'était difficile à installer (it's not) et jamais on a laissé croire vraiment que son sketch n'était qu'une fiction (it was). On aurait pu croire tout ce qui était à l'image. (Ça ne coulait nulle part chez elle).

Mais c'était leur première émission, je leur ai accordé les maladresses de la première. Toutefois, le reste de la semaine m'agaçait vivement aussi et je ne savais pas pourquoi. Puis, j'ai trouvé. Dans le monde d'avant la Covid-19, je détestais les entrevues en Facetime ou en Zoom, ou peu importe le support choisi, je trouvais que ça faisait toujours de la très mauvaise télé. Esthétiquement. Par la force des choses, cette émission n'est que du Facetime. Et on nous parle directement à la caméra. On nous parle encore de cette Covid qui nous empeste toute la journée. Et on nous infantilise comme Legault ne cesse de le faire en parlant sans cesse de "NOS" ainés.

NOOOOOOOOOOOOOOOOOOON!

Ça suffit les recommandations! l'émission en est tout plein. Et quand elle ne nous conseille pas quelque chose, elle nage dans la complaisance des personnalités de chez nous que l'on découvre chez elles et largement narcissiques. Bref j'ai été plus agressé qu'agréablement distrait par cette émission qui m'est déjà trop tombée sous les yeux. Après une seule semaine. Jeudi, on montrait 4 jeunes, confinés ensemble, collés les uns sur les autres. (plus là-dessus, plus bas). Aux États-Unis, l'acteur John Krasinski a pris une initiative dans le genre qui m'a fait rire et pleurer. Avec zéro moyen. Sur le net. Tellement bien. 

Si au moins on prenait le temps de dire à Boomer Legault ou à Juju Ducon qu'il ne s'agit pas de NOS aînés, qu'ils ne s'agit JAMAIS de NOS aînés, QUE LES AÎNÉS S'APPARTIENNENT À EUX TOUT SEUL. Ils sont assez grands. Cette bienveillance me tue. C'est mon enfant, mon chien, mon chat, parce que je les possède où je les ai créé. Les aînés NOUS ont créé. On est plus leurs qu'ils sont nôtres. Ça doit être insultant pour bien des aînés cette formule.  Mais je m'en fais trop pour rien depuis quelques temps.

Trouvant tout ce qui gravite autour de la Covid plus irritant qu'utile dans ma vie.
Je suis chanceux de pouvoir continuer à travailler. Chanceux que nous soyons 4 sur 4  chez nous de jugés essentiels.

Dans la catégorie "s'en faire": ces entrées par effraction de la police chez les gens pour surprendre des rassemblements. Une jeune fille de Montréal a eu la peur de sa vie alors qu'elle recevait trois ami(e)s chez elle, quand la police est entrée de force s'en s'annoncer. Et leur a collé 1456$ de punition abusive.
(...)
On a eu 4 voitures dans notre entrée toute la semaine passée. Celle de mon fils, celle de sa blonde, celle de l'amoureuse et la mienne. Si il avait fallu qu'on entre par effraction, police pas police, le bâton de baseball aurait frappé le premier coup sur de la saison qui n'aura pas lieue sur la poire du contrevenant.  Légitime défense. Invasion de nos cages implique défense de lion.

Vous ne pouvez pas nous faire paniquer de manière égale tout le monde.
(plus là-dessus demain aussi)

C'est un choix de s'inquiéter et ça en est un autre de ne pas trop s'en faire.
Ce n'est pas toujours de l'inconscience. De la simple différence.

Hâte au jour on aura vraiment appris à vivre avec la différence.
Comme on pense déjà le faire.
Ce qui n'est pas vrai.

Ne vous en faites plus. Ça va bien aller.

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