mardi 7 avril 2020

Cinema Paradiso**********************Lost Highway de David Lynch

Chaque mois, dans les 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans les 10 derniers) et comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle de l'une de mes trois grandes passions: le cinéma.

J'y ai travaillé, en suis sorti, mais on ne sort pas le cinéma du Jones comme ça.

J'aime un film pour son audace, son esthétique, sa musique, sa direction artistique, ses interprètes, sa réalisation, souvent tout ça. J'aime un film par ses choix que je respecte et admire.

Un film est un voyage à peu de frais. J'aime tous les choix (ou presque) de David Lynch.
J'aurais pu vous parler de 7 de ses 10 films, ici. Je me suis arrêté sur celui-ci.

Son plus maîtrisé avec Mullholland Drive.

LOST HIGHWAY de DAVID LYNCH

Le 7ème film de M.Lynch traite de jalousie et d'identité. J'ai toujours été intéressé par la jalousie car elle m'habite très peu, en partie parce que je reste convaincu qu'une grande partie du mal terrestre est issu de la jalousie.

Fred est un joueur de saxophone qui a assassiné sa femme. Par jalousie. Jalousie étant incarnée par l'homme mystère qui prétend connaître Fred et qui se présente à lui chaque fois que la jalousie le guide vers la folie. Ironiquement, ce personnage est incarné par Robert  Blake, dont ce sera le dernier rôle à ce jour, lui-même accusé du meurtre de sa femme au civil (mais innocenté quoiqu'amené au seuil de la faillite personnelle).  La jalousie se montre d'ailleurs aux côtés de Mr.Eddy quand Peter le cocufie.
Mais qui est Peter?
Une fois en prison, Fred se métamorphose en jeune homme de 24 ans appelé Peter, mécanicien, différent de qui Fred était, mais dont le nouvel univers lui fera croiser le chemin de la même femme que Fred a assassiné.
Mais en blonde alors qu'elle était brune avec Fred.

Comme le film traite de jalousie, c'est relativement un portrait d'horreur. Très tôt dans le film, vers la 24ème minute,  Fred, en compagnie de sa femme vivante, et avec deux policiers à qui ils ont expliqué recevoir des cassettes vidéos montrant des images de leur propre maison et de l'intérieur de celle-ci, parfois filmant Fred et sa femme en train de dormir, dira ne pas aimer les images de caméras vidéos préférant se rappeler des choses comme lui s'en souvient et non comment ça s'est vraiment passé.

Tout le film se trouve là.

Il n'y a pas métamorphose. Il y a vie fantasmée tel que Fred aime se la rappeler. Un moment bleuté, en prison, nous projette dans le fantasme et nous présente Peter et sa jeune compagne dans une vie rêvée de beau mécanicien, sexuellement habile, frayant avec les durs, tout ce que Fred n'est pas. D'ailleurs, quand Peter couche avec celle qui était la femme de Fred, celle-ci lui murmure à l'oreille qu'il ne l'aura jamais. Ceci démoli tant moralement Peter, que l'on revient à Fred.

La distribution de Johanna Ray est parfaite. Patrica Arquette, Bill Pullman, Balthazar Getty, Robert Loggia y sont parfaits. La cinématographie de Peter Deming est aussi formidablement bien teintée. La musique, supervisée et parfois composée par Angelo Badalamenti épouse parfaitement toutes les scènes qu'elles veut marquer. Ce seront les derniers rôles de Blake (à ce jour), de Jack Nance, décédé en décembre 1996, deux semaines avant la sortie du film, et de Richard Pryor, malade pendant le tournage de multiples formes de sclérose et décédant en 2005 d'une troisième crise cardiaque, à 65 ans.

Incroyablement, dans cette balada por el lado oscuro del camino, il y a de l'humour. Lynch arrive toujours à glisser de l'humour à de drôles de moments dans ses films.

La mort d'un amant en fin de film finit par être comique.
David signe le film avec Barry Gifford, le même dont il avait adapté le livre Wild At Heart, 7 ans plus tôt.
L'anecdote de quelqu'un appelant pour simplement dire que "Dick Laurent is dead" puis raccrochant, est arrivée pour vrai à Lynch vers 4h00 du matin sans qu'il ne comprenne pourquoi puisqu'il ne connait pas de Dick Laurent et l'aversion des caméras personnelles et son explication sont aussi celles de Lynch.

Cette fugue psychogénique peut être désorientante, mais le titre vous en avertissait.

Lynch aime explorer les autoroutes mentales égarées.

C'est ce qui le rend si fascinant.

Et avec Bowie et Reed à la trame sonore, il me gagnait tellement facilement.

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