samedi 7 septembre 2019

Les Enfants

En vous parlant de Barbet Schroeder dernièrement, ça m'a donné envie de revoir General Idi Amin Dada: a Self Portrait.

Fascinant document qui se colle à la dictature et nous émerveille autant qu'il nous dégoûte et terrifie.

Idi Amin Dada, dans le même moule que Robert Mugabe, qui vient de mourir, a été président de l'Ouganda de 1971 à 1979. Il est mort en août 2003, à 78 ans, lâchement protégé par des riches intérêts Arabes qu'il a toujours racistement soutenu. Son règne a été marqué par une forte progression d'assassinats dans les groupes ethniques qui l'agaçaient et chez les dissidents politiques ou les incompétents.

Dans le docu de Schroeder (guidé par Dada), on voit un de ceux que Dada jugeait incompétent et qui ne survivra pas au film. Deux semaines plus tard, son corps est retrouvé dans le Nil.

Le film est fascinant car il nous montre un enfant et les jeux qu'il s'est construit chez les adultes.

Un enfant jouant au grand. Lourd de bullshit. Tout ce qu'il raconte, comme un enfant inconscient de l'image qu'il projette, est sujet à être mis en doute. Il utilise même quelques discours identiques à ceux de Donald Trump en parlant de région d'Afrique " où il y a le plus de crocodiles au monde".  C'est d'ailleurs un important moment du film où il s'agit de l'une des deux seules fois où il semble avoir peur. Il suggère à quelques reprises à l'équipe de tournage, qu'il dirige comme un enfant dirige son royaume imaginaire, qui se rapproche un peu trop à son goût des crocodiles et d'un éléphant, de changer d'itinéraire.
La seconde fois où il a peur est quand il fait face à une horde d'étudiants africains en médecine, donc tous plus intelligents que lui. Le dernier 20 secondes du film est fascinant. Un plan muet du regard apeuré de Dada face à ses étudiants. La peur domine les cerveaux d'enfants.

Dada règlera le problème de cette inconsciente humiliation en se donnant le titre de docteur lui-même. Sans preuve d'étude à ce niveau. Il se déclarera aussi Maréchal et Président à vie.

Sur une petite heure et 30 minutes, on comprend qu'un enfant est en contrôle de son pays. Nourri par la peur et la redistribuant en double. Il y a cette fascinante séquence où on improvise une course à la nage dans une piscine (sur le large!) entre plusieurs hommes relativement en forme et le gros Dada. Celui-ci, pendant la course, charge ses deux poursuivants afin de les noyer et de gagner en trichant. Difficile de faire plus enfantin. Je soupçonne aussi que les concurrents ont choisi de vivre et de perdre ce défi, comme on le fait encore avec Poutine, en Russie, de nos jours.

Son règne a été caractérisé par des graves abus des droits humains, par la répression politique, la persécution ethnique, le népotisme rampant, la corruption comme mode de vie, par de lourdes erreurs de gestion économique par ignorance. Les observateurs internationaux des droits humains ont estimé entre 100 000 et 500 000 morts ougandaises ou étrangères sur son sol, sous son règne.

Quand il tente d'annexer par la force la Tanzanie en 1978, il se frotte à plus fort que lui (dans le film il prétend avoir une marine (ce qui est faux) et les exercices militaires montrés sont grossiers et infantiles) et perdant le combat,il est forcé de s'exiler en Libye, chez son bon ami Khadafi, puis en riche Arabie Saoudite.

Brutal enfant.
Comme Mugabe.
Les maturités d'enfant se répètent dans le monde à l'heure actuelle.

Boko Haram a infiltré le gouvernement tchadien et le domine.
Rodrigo Duterte, aux Philippines, afin de vaincre la criminalité autour du commerce de la drogue, a légalisé le droit de quiconque de tirer à bout portant, celui ou celle soupçonné(e) de ce commerce illicite. Duquel son gouvernement bénéficie avec un aveuglement volontaire.
Jair Bolsonaro, au Brésil veut assouplir les règles sur le contrôle des armes à feu, afin que le peuple puisse se procurer plus facilement des armes et "se défendre". Les pires jugements ou terribles gestionnaires de leur colère assassinant probablement dans le futur celui qui l'aura coupé dans le trafic.
Donald Trump nous offre ses quotidiennes preuves d'immaturité toutes les 4 heures.
Matteo Silvani veut se débarrasser des "délinquants", ceux qu'on appelle ici les immigrants.
Vladimir Poutine est indescriptiblement risible.
Alexandre Loukachenko placé en Biélorussie par Poutine est au pouvoir depuis 1994, volant le pouvoir, gagnant le pouvoir avec plus de 80% des votes 4 fois, même si il emprisonne ou fait disparaître les indépendantistes de son pays.
Kim Jong-Un joue à celui qui fera le plus de bruit et réduit son peuple à la perpétuelle humiliation civile.
Nicolas Maduro, au Vénézuela, a profité de l'inattention internationale pour se hisser au pouvoir de manière extrêmement douteuse. Il tronque des résultats d'élection quand vient le temps de l'élire au pouvoir pour vrai.
Au Congo, Denis Sassou-Nguesso est au pouvoir depuis plus de 20 ans. Comme l'était l'ancien maire Vaillancourt...
11 autres dictatures sévissent sur le continent africain, parmi elles, L'Érythrée d'Issaias Afewerki, au pouvoir depuis 24 ans, qui a supprimé tous les médias indépendants et ses opposants politiques en plus de construire mais surtout remplir 314 camps de détention de "criminels" dont les crimes restent toujours à prouver.
La corruption n'est pas un crime chez nous, Canada!
Le Turkménistan, L'Ouzbékistan, le Kazakhstan et le Tadjikistan, en Asie Centrale, ont des leaders constamment "réélus" avec plus de 90% du soutien populaire et fonctionnent à l'autocratie et au népotisme.
La sale Chine nous ordonne de ne pas leur donner de leçons et nous demande d'apprendre de nos "erreurs".

Les tempéraments d'enfants sont désormais partout au pouvoir sur ce globe.

Mêmes cerveaux
Alors je ne me surprend plus quand je lis qu'un ministre brésilien dit de Brigitte Macron, épouse du Président français, qu'elle est moche.

Ce qui m'étonne c'est qu'on le rapporte dans les journaux.
Qu'est-ce que le niveau de conversation a baissé...

Je nous pensais entre grands adultes.

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