mardi 14 novembre 2017

Liban Blues

Shareef don't like it.
Rock the Casbah
Rock the Casbah.
- J.S/M.J. 


Le Liban vit une saga à l'égard de son Premier Ministre Saad Hariri depuis quelques temps.

Celui-ci a abruptement annoncé sa démission le 4 novembre dernier après avoir été convoqué à Riyadh en Arabie Saoudite, citant une crainte pour sa vie. Il a aussi condamné le Hezbollah et l'Iran pour s'être mêlé des affaire libanaise depuis quelques temps.
Toujours en Arabie Saoudite, il s'est tapi dans le silence, même à propose de son futur et de celui de son parti. Pendant 8 jours, le mystère était total. Ce qui a fait naître toute sortes de théories conspirationistes.

Au bout d'une dizaine de jours, on en pouvait plus, les journaux ont titré "OTAGE!" sous la photo de Saad Hariri, suggérant une mainmise de l'Arabie Saoudite qui contraindrait Hariri de dire des choses qu'il ne veut pas dire.

Au Liban, la disparition d'Hariri a unifié l'inunifiable. Tous les partis d'oppositions ont resserrés les rangs et se sont mis à table ensemble. Le président chrétien, Michel Aoun, a rejeté la démission d'Hariri à moins qu'il ne vienne l'annoncer en personne au Liban. Le leader du Hezbollah, un chiite (Hariri est sunnite) a déclaré la démission illégale et inconstitutionnelle parce que faite dans la coercition, selon lui . Les membres de 18 sectes libanaises ont exprimé leurs doutes sur la présence d'Hariri en sol d'Arabie Saoudite. Le marathon du dimanche est finalement devenu une manifestation réclamant la "libération" d'Hariri. Des milliers de coureurs ont brandi des pancartes disant en somme "nous t'attendons!" ou "nous courons pour toi!". (Hariri est un ancien marathonien).

Trump y a aussi mis sa patte d'éléphant. Pendant son séjour en Asie, il a pris un instant afin de dire qu'Hariri était un partenaire fiable pour les États-Unis. Ce qui, comme toujours avec cet abruti, a mis un peu d'huile sur le feu en suggérant que l'Arabie Saoudite était au coeur de tous les problèmes, menaçant toujours la région. Un allusion certaine au Hezbollah.

Le mystère persiste car la démission d'Hariri survient au moment même où le jeune prince Mohammed bin Salman, en Arabie Saoudite, élimine peu à peu ses ennemis locaux et ses opposants. Dans le processus, la monarchie autocratique a mené une campagne contre l'Iran religieuse qui était revivifié dans la région. L'Arabie Saoudite est l'endroit où est né l'Islam et reste la gardien des sites sacrés de l'Islam à la Mecque et à Medina qui sont le noyau du monde sunnite. l'Iran a la plus large population mondiale chiite.

Mais, encore une fois, Hariri est sunnite. Il représente un compromis entre son peuple et l'Arabie Saoudite. Hariri n'est Premier Ministre que depuis un an. Après deux ans de crise où le pays fonctionnait sans président.

En 2016, Hariri, un allié sunnite de l'Arabie Saoudite, où il est même né, et où on son père a fait fortune dans la construction, est devenu Premier Ministre de l'Iran. Michel Aoun, un chrétien maronite, ancien général d'armée et allié de l'Hezbollah, est pour sa part devenu président. L'Hezbollah chiite, comme par le passé, a gagné la majorité de sièges au parlement. Hariri a navigué habilement au travers de cette morale opposition depuis un an.

Mais la realpolitik Moyenorientale lui a peut-être coûté son emploi. Convoqué en Arabie Saoudite, on a pas aimé sa facilité à frayer avec les chiites, et on l'a accueilli avec un ordre de démission. On l'a empêché de revenir à Beyrouth et ses communications étaient restreintes. Son téléphone lui a aussi été confisqué. Hariri est devenu un allié inconfortable pour l'Arabie Saoudite. Et l'Arabie Saoudite, un milieu soudainement hostile à son leadership.

Hariri a offert une entrevue peu convaincante où il se disait libre et expliquait son silence par l'envie que les gens réfléchissent et absorbent la nouvelle de sa démission. Ce qui paraissait lourdement scripté. Les traits d'Hariri étaient ceux d'un homme très fatigué, voir éprouvé. Rien pour rassurer.

Le père d'Hariri, Rafiq, lui-même ancien Premier Ministre, a aussi été assassiné en 2005 dans l'explosion de sa voiture.

"Je sais ce qui est arrivé à mon père, je ne veux pas de la même chose pour ma famille" a dit Hariri dans l'entrevue qui sonnait faux. La journaliste a aussi remarqué qu'Hariri, un amoureux de la technologie qui ne séparait jamais de sa Applewatch, que celle-ci n'était plus à son poignet.

"Où est elle?" lui a-t-elle demandé.
"Oh! elle est ici, elle est quelque part..." a vaguement répondu Hariri.

Presque au bord des larmes, Hariri a aussi dit mystrérieusement
"nous sommes au coeur de la tempête"

Certaines stations télé libanaise ont refusé de diffuser l'entrevue, sentant le poids d'un diktat Saoudien derrière tout ça.

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