mercredi 29 novembre 2017

Épicène Société

Ahlalalalalalère...

Québec Solidaire...

Manon Massé était de toute les tribunes hier pour expliquer son idée de rebaptiser le ministère du patrimoine parce que ce mot serait trop "genré". Qu'il est tiré de pater (père) et de munio (munir).

En latin.

Je le répète. En latin.
UNE LANGUE MORTE.

Si on regarde les définitions, (oui, les) du mot patrimoine, on peut y lire:

-Bien qu'on tient en héritage de ses ascendants.

-Ce qui est considéré comme un bien propre, une richesse.

-Ce qui est considéré comme l'héritage commun d'un groupe.

-Ensemble de bien, droits et obligations ayant une valeur économique dont une personne peut être titulaire ou tenue.

-Ensemble des éléments aliénables et transmissibles qui sont la propriété, à un moment donné, d'une personne, d'une famille, d'une entreprise ou d'une collectivité publique.  

Vous y avez lu une allusion paternelle? Vous saviez que ce mot était tiré en partie du latin pour père?
Vous connaissiez le latin? Vous travaillez dans le domaine du mot et de ses racines?

Non. Pour la plupart, non. Pour la grande majorité non.

Si vous ne saviez pas que ce mot avait un suffixe tiré du latin pater, vous n'aviez pas de raison de croire que patrimoine était "genré". (Genré n'est pas un mot accepté dans les traductions non plus, du moins, pas sans les guillemets ou l'italique pour bien souligner que ce mot est très neuf et plutôt familier).

Donc, la croisade de Manon est un grand coup de vent. Un pet.

Si patrimoine est si genré, et que personne ou presque ne le sait, que dire de la maternelle pour les jeunes enfants? Ce mot est affreusement sexiste de nos jours lorsqu'automatiquement lié la maman. Et l'adjectif? La langue maternelle. Est-ce injuste? Bien sur que non. Métropole vient de Mater pour ville-mère. Et alors?

Vous aimez votre margarine blanche ou jaune?

C'est un débat qui devrait être aussi vivant que le latin. C'est une bataille futile.

En France, on se bat depuis plusieurs mois à propos de l'écriture inclusive, qui annulerait peu à peu les genres et rendrait les mots, les adjectifs plus neutres. Ou autrement féminin.

Tout comme interlocuteur devient interlocutrice, on réclame d'appeler une auteure, une autrice.
Christ que non.
Et après? chercheur/cherchrice?
Auteure ne laisse aucune doute sur le sexe de la personne.
J'ai entendu autrice dans la bouche de Lili Boisvert à la radio l'autre tantôt et le disque dur de ma tête à longuement grincé. Je n'ai même pas écouté la suite j'étais freiné à autrice.
Wach! AuteurE existe. Pourquoi changer? Vous ne trouvez pas la langue française déjà assez compliquée?
Ce n'est pas en la compliquant, en la rendant illisible et laide à l'oreille, qu'on obtiendra un progrès de la condition féminine. La condition féminine n'a rien à voir avec tout ça, et je crois que c'est une très mauvaise idée. La langue française est belle par sa clarté, sa limpidité, ce serait vraiment dommage de penser à la compliquer davantage qu'elle ne l'est déjà.

Aussi dommage que de lire Bernard Pivot dire que Colette est un bien meilleur écrivain qu'une écrivaine.

Croyez-moi, je travaille dans le mot et ce n'est pas tous les jours la joie des sapins. On se bat pour ne pas parler de sponsorisation et de baskets. On est 7 millions contre 60.

L'écriture inclusive propose en ce moment de grandes réformes techniques. Des réinventions lourdes.

Au lieu de "Ils font du cinéma" si il y a des hommes et des femmes impliqués, on dirait plutôt "Elles et ils font du cinéma". Lourd.
Au lieu de "Les hommes et les femmes sont beaux", on accorderait avec le mot le plus proche de l'adjectif, ce qui donnerait, "Les hommes et les femmes sont belles". Lourd.
Au lieu "des candidats pour un poste", on dirait plutôt "des candidat-e/ candidat-e-s". Très lourd.

Les droits de l'Homme deviendrait Les droits humains et La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen deviendrait La Déclaration des Droits Humains et du/de la citoyen-ne.

Calever que c'est lourd.

Les Français-es, en ce moment, en France, sont divisé-e-s sur la question.

Illisible non?

Je suis le premier avocat de l'égalité des femmes partout dans le monde. Mais ce type de bataille langagière est de la bouillie pour les chats.  Du délire.
Et n'a rien à voir avec le respect des femmes en général.

Un jour, les Hommes et les Femmes, avec des lettres majuscules égales, seront tous épicènes.

Comme les Hommes et les Femmes sont habiles. (mot épicène).

Mais ce type de bataille, ne l'est pas, selon moi.

Le français est déjà assez compliqué comme ça.


Aucun commentaire: