dimanche 12 février 2017

Le Choix Des Mots

La radio de Québec fait son examen de conscience en ce moment. Ont-ils les mains pleines de sang suite à l'attentat terroriste du 30 janvier dernier? Un peu. Mais ils n'ont absolument pas tous les torts.

On est jamais forcé de les écouter les raisonnements de bottine. Les lecteurs de cd et les bluetooths ont été inventés dans les voitures pour ça. Mais il est vrai qu'à entendre toujours la même musique (je métaphorise ici) on donne souvent le ton. Et le ton à Québec, depuis longtemps d'ailleurs, est conservateur trempé dans la droite.

Les complexes d'antan se sont décomplexés et un peu comme les jaloux de la petite école secondaire médisaient sur les plus populaires d'entre nous, les porte-voix d'une certaine radio à Québec ont ouvert des vannes qui avaient beaucoup de raisons de rester fermées. Le choix des mots, le flot des raisonnements n'aura pas toujours été cohérent au micro de certaines stations et l'effet de groupe aura étouffé un certain jugement par moment.

Mais ça arrive partout, ça. Le choix des mots n'est pas toujours fortuits partout.

Toute la semaine dernière, je vous avais prévenu, j'ai lu de choses qui m'ont donné la nausée. En commençant par Phillipe Couillard qui cherchait à trouver la ligne qui le rendrait célèbre dans le monde et qui n'a pas fait mieux que l'usé "...il y aura un avant et un après...". (je vomis un peu dans ma bouche ici).Il y a aussi eu des écarts langagiers qui, heureusement, sont observés maintenant sous une nouvelle loupe plus scrupuleuse par les autorités morales.

Mais c'est quoi une autorité morale? Celles du Québécois et du musulman pratiquant l'islam, même si on tente de les marier, sont absolument différentes. L'islam prend racine dans la religion. Nous avons fait une croix sur la religion il y a longtemps. Nous sommes libérés de ses chaînes. Leurs prisons morales ne sont pas les nôtres. Nous nous sommes créé de nouvelles prisons idéologiques toutefois. Comme cette idée qu'un bon musulman est un musulman ailleurs que chez nous. Ou mort. Cette prison là est beaucoup plus grave et dangereuse que celle qui fait pratiquer l'islamiste tranquille dans sa mosquée.

Le déséquilibré tireur était un terroriste. On a eu beaucoup de difficultés à le qualifier ainsi dans les médias. Parce qu'il était blanc? parce qu'il a tué des musulmans? J.K. Rowling, auteure entre autre des Harry Potter, pour qui mon admiration ne cesse de grandir, a même corrigé sur le net la une du Daily Mail qui parlait d'un loup solitaire, ce qui était beaucoup trop d'honneur pour un loser.

On a pas cessé d'utiliser le mot orphelin en parlant des 17 enfants touchés par la perte de leur père. Ça m'a agacé chaque fois puisque de conception générale ( et erronée), un orphelin a perdu ses 2 parents. Et j'y voyais l'un de mes plus-grand-empêcheurs-de-me-faire-un-ami-musulman revenir me chatouiller. La femme a une considération assez nulle chez ses gens. Je me disais qu'il fallait préciser de père, je sais, c'est têteux, mais le mot, c'est aussi mon métier.

Et je me trompais. Un orphelin, dans le bon usage, a perdu son père et/ou sa mère.

Et/ou.
Au choix.
Il y a bien 17 orphelins.

Un mauvais choix de mots, ce fût ceux de Hussein Guillet.

L'imam a eu des propos malhabiles en parlant de la 7ème victime et en nommant le terroriste. La 7ème victime c'est plutôt sa famille. Vous saviez qu'il a un frère jumeau ce tueur? qu'il a probablement attenté à sa propre vie dès le lendemain de la tuerie? Qu'il a été admis aux urgences et qu'on ne craint plus pour sa vie? Que deux parents pleurent deux anciens bébés cutes et adorés et doivent rêver (cauchemarder?) de retour dans le temps? Qu'on ne ferme pas les valves de l'amour pour son enfant facilement comme ça?

Ça aussi c'est un drame immense. Et qui sera étouffé. Je ne sais pas comment j'en survivrais si mon fils était l'auteur de tout ça et que ça soeur tenterait de supprimer sa vie dès le lendemain.

Dans tout ce qui se déroule, dans tout ce que je vous parle, je ne vous parle que de choix.
La vie adulte n'est que ponctuée de choix.

Le choix de quitter son pays, le choix de pratiquer une religion, le choix de se marier et de faire des enfants, le choix d'accueillir quiconque sous son temple.

Le choix des mots aussi.

Ce que la radio de Québec se doit de mieux faire dans les jours, semaines, mois, années à venir.

Mais que nous devons tous faire aussi.

Car une radio, ça se ferme. Et des idées, des lignes de pensées, ça peut naître dans de meilleures couvées.






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