mardi 7 février 2017

Sonnambulismo

J'ai reçu en cadeau La Strada de Federico Fellini.
Je possède maintenant 3 films de l'italien. La Dolce Vita et 8 1/2, je les revisite ponctuellement.

Je sais que d'avoir (ré)écouté La Strada me donnera envie de revoir La Dolce Vita et 8 1/2.

J'ai aussi reçu La Notte de Michelangelo Antonioni. Ce qui m'a été encore plus savoureux. Je l'ai (ré)écouté pour la 4ème fois. Sur une semaine. En l'entrecoupant pour mieux le digérer. Le laisser s'imprégner dans mes veines, jour après jour. Chapitre par chapitre. Comme une vitamine. J'adore ce film de 1961 sous tous ses angles. Je vous parlerai de cette passion plus en détails un jour, mais pour l'instant, disons simplement que le fait que l'action se déroule en un seul 24 heures, cette plongée dans l'incommunicabilité et cette photographie formidable, qui peuple mes fonds d'écrans sans arrêt, me place dans un état de grâce absolu.

Un somnambulisme esthétique et aérien qui m'habite ensuite pendant plusieurs jours.

Le parc est plein de silence fabriqué de sons.

Je ne sais pas si c'est parce que je vis dans une ville surpeuplée d'italiens, mais j'ai une réelle inclinaison vers les films italiens. Et de toute les époques. Inconsciemment, j'ai aussi écouté sur Netflix, Youth, le dernier film de Paolo Sorrentino, dont je vous ai déjà dit beaucoup de bien (dans la 2ème partie ici). J'avais adoré Il Divo, un peu moins This Must Be The Place, absolument capoté sur La Grande Belleza, et ai bien aimé Youth, même si je ne le trouvais pas aussi complet que Il Divo ou La Grande Belleza. Puis, je pense avoir compris pourquoi. Dans les deux films beaucoup plus aimés, les intérêts financiers de production sont majoritairement italiens. Et l'action se déroule là-bas. Tandis que dans les deux autres, les investissements de productions sont des États-Unis pour This Must Be The Place et principalement des États-Unis, de la France, d'Angleterre et de la Suisse pour Youth. 

Comme quoi, quand on a son propre pays dans sa cour (et près du coeur), on est souvent plus inspiré. Peut-être. Je ne saurais le dire avec trop d'assurances.
Antonioni a fait son plus fameux film avec des investissement principalement britanniques. Si Antonioni et Fellini sont des arts scellés dans le temps (parce que les auteurs sont décédés) Sorrentino est une oeuvre en plein essor. Et déjà, il couvre des sujets étonnamment matures. La corruption en communion avec l'Église en Italie. La star des années 80 en mode regrets. L'écrivain d'un seul grand livre en quête de sens. Un vieux chef d'orchestre et un vieux réalisateur sur le rapport au temps.

Dans les films de Sorrentino, il y a toujours ces quelques moments qui sont parfaitement à cheval entre le rêve et la réalité. Dans La Grande Belleza, on baigne dans de nombreux clin d'oeil aux films de Fellini qui ne lésinait pas sur le surréalisme et le rêve. Il existe aussi un animalier pour les films de Sorrentino. Au moins un chat important dans Il Divo. Au moins une girafe dans La Grande Belleza. Au moins un troupeau de zébus et des cygnes dans This Must Be The Place.  Des vaches et un Diego Maradona grotesque et presqu'animal dans Youth.

Ça donne l'impression que l'on vient d'atterrir dans le monde du rêve.
Ce qu'est le cinéma après tout.

Et l'effet de somnambulisme est saisissant.
J'y communie dans l'allégresse.
Après avoir très lentement écouté La Notte, savouré extrêmement doucement, comme on voudrait étirer le meilleur des vins, je suis allé me chercher à la bibli (et ce n'était pas du tout ce que j'allais y faire) les deux autres segments de sa trilogie sur l'incommunicabilité, sujet nettement actuel encore en cette ère de réseaux prétendus sociaux, L'Avventura, tourné et 1960, et L'Eclisse, tourné en 1963. J'ai jusqu'au 25 février pour écouter l'un et l'autre. que j'achèterai surement un jour. Puisque j'ai déjà vu le premier 2 fois et l'autre aussi. Je me connais, je vais surement réécouter à moyen terme Il Grido (le Cri) que je n'ai vu qu'une seule fois et qui m'avait alors laissé un vif effet. Le souvenir de son contenu m'est diffus.

La Strada, Youth, La Notte. Ce trio de film italiens que j'ai écouté récemment me plongeront dans La Dolce Vita, 8 1/2, Il Grido, L'Avventura, L'Eclisse, La Grande Belleza. Je le réécouterai pour le 4ème fois en un peu plus d'un an, celui-là.

Parce que tout ça me place dans un état de grâce formidable.
Un somnambulisme pour mauvais dormeur. Mais grand rêveur.

Ça m'amuse parce que je n'ai pourtant rien d'italien, sinon le quartier.

Ces films me rapprochent, dans ce monde laid, de ce qu'on pourrait peut-être appeler
la grande beauté.

Et bien que d'hier, me font croire encore en demain.




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