dimanche 19 février 2017

Hipster Jones

Je suis tombé par hasard sur un top ten des 10 films les plus hipster selon Che Patroki. À ma grande surprise, j'ai réalisé que de ces 10 films, non seulement j'en avais vu (et beaucoup aimé) 7, mais qu'ils m'avaient tant séduit que j'en avais aussi acheté 6, et que je les avais vu et revu plusieurs fois.

Inside Llewyn Davis (vu 3 ou 4 fois en 1 an)
500 Days of Summer (vu 3 fois)
Eternal Sunshine of the Spotless Mind (vu 1 fois)
The Royal Tannenbaums (vu 2 fois)
Juno (vu 1 fois)
Lost In Translation (vu 1 fois)

J'ai aussi vu (et aimé) Garden State.

Les autres films du top ten étaient Frances Ha, Her et Submarine. Je compte voir probablement les deux premiers et ne tournerai très surement pas le dos au dernier qui me rappelle un film que j'ai adoré* (et acheté aussi) plus jeune.

Moi qui me pensait emo, un peu douche, mais tellement simple dans l'intensément analytique sentimental, émotif et inquiet bien que brutalement confiant, intello/down to earth je serais donc aussi hipster.
aaaaaaaaaah...ces étiquettes...

Un hipster est un terme anglo-étatsunien apparu d'abord dans les années 40 pour identifier un phénomène nouveau, les amateurs de jazz, plus particulièrement les amateurs de be-bop et bientôt du cool jazz de Miles. Les premiers à se faire étiquetter de la sorte étaient généralement de jeunes blancs, s'habillant "tendance" et qui fréquentaient des lieux où se produisaient des musiciens afro-Étatsuniens ou latinos, nouvellement appréciés. On y dansait là dessus, ce qui, aujourd'hui, serait très drôle à voir, car c'est assez dur d'imaginer un style de danse s'accordant à des rythmes parfois fort all over the place.
Ce qui plaçait tous ses gens sous le même parapluie social était le style de vie noctambule, mais surtout le rejet de la banalité et du monde traditionnel qu'incarnaient davantage les squares, des gens plus modestes, conservateurs et axés sur la poursuite d'une carrière, la fondation d'une famille et la quête de l'argent. Les squares étaient considérés comme coincés, rétrogrades, cherchant la sécurité dans l'acquiescement politique sans discernement, par opposition aux hipsters  qui adoptaient "la cool attitude".

Kerouac, Corso, Ginsberg, Burroughs et la beat generation en sont entre autre nés.

Avoir vécu à cette époque, j'aurais été lourdement attiré par le mouvement puisque de nos jours, je fréquente, autant en littérature qu'en musique, cette époque musicale (jazz plus que crooner) avec beaucoup de passion. (C'est la faute à Woody)

Depuis le début des années 2000, le terme hipster est utilisé pour désigner celui ou celle qui n'a pas adopté les mêmes habitudes de consommation que les autres, ni les mêmes références socio-culturelles. Le hipster des années 2000 se démarque encore par sa tenue vestimentaire, mais aussi par sa coupe de cheveux parfois stylée, quelque fois sa barbe, une attitude anti-conformiste, subversive et un intérêt marqué pour la musique de tous genre. On prête aux hipsters de nos jours une grande indépendance.

Ce qui est tout à fait moi, oui.

De l'horoscope mieux emballé.

Moi qui aime assez peu les étiquettes et me considère beaucoup plus complexe que la simple épithète hipster, me faisait donc à l'idée que bon, c'était comme ça.. J'ai donc en moi beaucoup de hipster. J'étais fou de joie, enfin moi! je dansais comme la fille ici, ayant enfin compris ma vie.

J'ai même fait un test à la con sur le net et on m'a qualifié, au résultat final, de Brainy Hipster, c'est-à-dire, hipster, qui ne le savait pas, s'en moque et ne voudrait pas vraiment se faire qualifier ainsi.

Ce qui est aussi totalement vrai. C'est fou comme on me connait mieux que moi-même! J'EXISTE!

Cette attitude anti-conformiste fait en sorte que je fête assez peu la St-Valentin. Même en amour. J'aime ma blonde ce jour-là, mais tous les autres jours de l'année encore plus. Je fais toujours un petit quelque chose, mais c'est tellement attendu de payer trop cher cette journée au nom de l'amour que je ne plie pas complètement au jeu de cet passion trop ponctuelle. Not for me, merci**. On s'est fait une fondue au fromage, suivie d'une fondue au chocolat. J'ai même poussé l'odieux ce jour-là, jusqu'à écouter (sans elle et tout seul, tôt le matin) un film d'Antonioni au titre parfaitement scandaleux quand on est en couple. Ce n'était pourtant qu'un plate hasard. Mais la suite allait aussi être teintée...

En allant m'entraîner (toujours tôt le matin), j'ai remarqué qu'il y avait plus de jeunes femmes qu'à l'habitude. Comme si quelques célibataires s'étaient dites: "Bon! je dois corriger mon célibat! Je dois me remettre en forme!". Deux d'entre elles me regardaient beaucoup au travers des miroirs et tentaient de faire un contact visuel avec moi. L'une de ces deux-là était une ancienne collègue de l'entrepôt du Vieux-Port. Elle s'est approchée de moi, mais je lui ai parlé en premier.

"Salut...t'es tu revenue habiter dans le coin?" (je savais que sa mère habitait près de chez nous, mais qu'elle habitait, elle, beaucoup plus au sud, à Montréal)

"Oui...ben...je suis retournée habiter chez ma mère pis j'ai pris un abonnement ici...tu suis les cours offerts gratuitement?"

"Nonon, j'essaie seulement de me donner une heure d'entrainement par jour quand je le peux"

"Ça parait, t'as l'air en forme, ça va bien tes contrats de traduction?"

"Ça pourrait toujours aller mieux, C'est un gagne-pain qui me fait acheter du pain cheap"

Après avoir jasé platement de l'entrepôt,  je ne savais trop quoi lui dire, je me suis surpris à échapper une des lignes les plus triviales des rencontres potentiellement amoureuse au monde.
C'était dit en totale innocence, sans arrières-pensées mais ça sonnait complètement corny. Je me suis entendu dire la phrase:

"Tu viens ici souvent?"

Elle a rosi, a souri, comme si je lui donnais rendez-vous, a baissé les yeux et m'a dit quand à peu près dans la semaine elle se trouvait au gym. Laissant derrière un parfum de flirt non intentionnel de ma part, qui semblait plus direct de la sienne.

L'absolue mauvaise interprétation.

Il m'a beaucoup semblé en tout cas.

Mais si j'ai bien compris, c'est aussi le propre du hipster d'être toujours dans un imbroglio relationnel quelque part.

Particulièrement entre homme et femme.

Je suis vraiment hispter.


*Il manque au clip, son meilleur moment, la réplique de Robin Williams suivant celle de celui qui dit qu'il exerce son droit de ne pas marcher, Williams lui répond: "Vous venez exactement d'illustrer mon point: nager contre le courant!". le clip aurait dû s'y arrêter.

** Vous faites toujours l'amour à 22h24 vous? zêtes plates, moi j'essaie de surprendre en tout temps,


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