jeudi 2 février 2017

John Vincent Hurt (1940-2017)

Je vous parle de Donald Trump et du triste état du monde depuis 5 jours.
Changeons nous le mal de place.

John Hurt est passé dans l'autre monde le 25 janvier dernier. L'acteur britannique aux yeux légèrement bridés était atteint du cancer du pancréas, il avait 77 ans. Revisitons son talent en 30 films.

1962 The Wild & The Willing.
John a 22 ans. Il commence au cinéma (il avait fait du théâtre, en fera toute sa vie) dans le rôle du discret co-locataire de chambre de Harry, un étudiant universitaire, incarné par Ian McShane, qui en était aussi à son tout premier film.

1966 A Man For All Seasons. Formidable film sur Thomas More, oscarisé de nombreuses fois et dans lequel Hurt joue Richard Rich, le troublé chancelier du roi Edouard VI d'Angleterre et très ambivalent dans ses allégeances face à Thomas More. Rich sera aux commandes de plusieurs tortures entre 1547 et 1552.

1971 10 Rillington Place.
Dramatisation des crimes de John Christie (incarné par un dérangeant Richard Attenborough) Hurt y joue le mari illettré (et futur père) dans un couple aménageant dans l'appartement de la dernière victime de Christie. Hurt sera nommé pour un BAFTA dans la catégorie du meilleur rôle secondaire.

1976 I, Claudius.
Hurt jouera 129 fois au cinéma ou à la télé. Il sera Caligula dans la série télé britannique de Robert Graves.

1978 Midnight Express.
L'histoire vraie, mais brutale, de Billy Hayes, coincé avec 2 kg de Hashish en Turquie en 1977 et de son traitement en prison. Hurt y joue Max, un accro de l'héroïne et partenaire de cellule turc. Il gagnera un Golden Globe pour sa performance dans un rôle secondaire et un BAFTA pour le même film. Il sera aussi nommé aux Oscars dans la catégorie.

1979 Alien.
Hurt y joue Kane dans le seul film de la franchise qui aurait dû exister: le film original. Kane est l'hôte de la créature. Mémorable. Quand la science fiction éveillait tous les sens.

1980 The Elephant Man.
On ne lui verra pas le visage, mais il sera, à nouveau, extrêmement intrigant dans la peau de John Merrick, cas médecinal de l'époque victorienne qui devint phénomène de foire. Sous la direction de mon bien-aimé David Lynch. Hurt sera nommé aux Oscars pour sa performance.

1984 Nineteen Eighty-Four.
Livre phénoménal de George Orwell qui trouve encore des échos aujourd'hui, Hurt y joue Winston Smith dans mon film préféré dans lequel il a joué. Smith est victime d'un régime totalitaire contrôlant/dirigeant la pensée et duquel il tente de s'échapper avec l'aide d'un mouvement rebelle underground.

1989 Scandal.
Autre film tiré d'un fait réel. Le scandale Profumo. Hurt incarne le docteur Stephen Ward. Sacrifié pour le gouvernement MacMillan de 1963.

1990 The Field.
Formidable film évoquant une corde sensible chez moi, puisque mes ancêtres devaient avoir leur gueule. Hurt y joue un pilier de bar, meilleur ami de McCabe, incarné par Richard Harris.

1993 Even Cowgirls Gets The Blues.
Certains excellents livres ne devraient jamais se transformer en films. L'effort de Gus van Sant d'adapter le livre de 1976 de Tom Robbins est plutôt raté. Mais courez lire le livre. Hurt y incarne la comtesse, un gourou de produit d'hygiène féminine homosexuel.

1995 Rob Roy.
Dans la peau du Marquis de Montrose, dans l'histoire du chef de clan et héros écossais des highland écossais, qui avait lutté contre la corruption bourgeoise au 18ème siècle.

1995 Dead Man.
Premier effort sous la direction de Jim Jarmush. dans la peau de John Scholfield, dans le "horse movie" racontant l'histoire de multiples William Blake.

1997 Love & Death On Long Island.
Récompensé d'un prix spécial pour sa performance à Chicago et nommé pour le meilleur rôle au British Independant Films Awards, son rôle est celui d'un écrivain, se refusant à tout ce qui est moderne, obsédé par un acteur pour adolescent, et donc forcé de s'intéresser à la vie moderne si il veut un jour le rencontrer, ce qu'il fera.

1997 Contact.
Narrativement, je n'ai pas été impressionné par The Arrival. Parce que j'avais vu Contact en 1997 qui couvrait le même sujet, mais avec une plus large part de mystère et un meilleur casting. Dont John Hurt dans le rôle d'un excentrique milliardaire reclus finançant les projets de décryptage de "messages potentiels" du ciel. (Mais the Arrival était techniquement meilleur, photos, effets spéciaux, son, mise en scène)

2001 Captain Corelli's Mandolin.
Hurt y joue le père d'une fille trop belle pour les yeux des soldats italiens, installés stratégiquement en Grèce en 1943, durant la Seconde Grande Guerre.

2001 Harry Potter & The Philosopher's Stone.
Dans la peau de Garrick Ollivander, propriétaire de Ollivanders, magasin vendant de fameuses baguettes magiques.

2003 Owning Mahowny.
Merveilleux film canadien (donc largement sous estimé) racontant l'histoire vraie de Dan Mahowny, un employé de banque torontois qui, en 1982, a escroqué 10 millions à sa banque afin de subvenir à sa dépendance au jeu. Hurt y joue un propriétaire de casino amoral qui s'en fait un grand ami, puisqu'il remplit les coffres pour lui.

2003 Dogville.
John Hurt avait une voix très recherchée. On l'a utilisée pour des jeux vidéos et ici, Lars Von Trier en fera son narrateur pour le premier segment de sa trilogie Land of Opportunities.

2005 Manderlay.
2 ans plus tard, Von Trier reprend la voix de Hurt pour le second volet de sa trilogie (incomplète de nos jours).

2005 The Proposition.
Western scénarisé par le musicien australien Nick Cave, Hurt y joue un vieil alcoolique, rôle pour lequel il sera nommé dans la catégorie du meilleur acteur de soutien en Australie.

2005 V For Vendetta.
Hurt y incarne le haut chancelier de cette dérangeante société dystopienne. Ironique inversement de son rôle dans 1984.

2006 Perfume: The Story of a Murderer.
On utilise à nouveau la voix de Hurt pour faire la narration du très bon livre de 1985 de Patrick Süskind, dont l'action se déroule dans la France du 18ème siècle et sous la direction du brillant Tom Twyker.

2008 Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull.
Hurt y joue "Ox", vieil ami du fils d'Indiana.

2009 An Englishmen in New York.
Quentin Crisp est l'inspiration derrière l'adorable chanson de Sting. Crisp est aussi du vidéo. Hurt est Crisp en film.  Il avait aussi incarné l'auteur en 1975, pour la télé,

2010 Harry Potter & the Deathly Hallows Part I.
Encore dans le rôle d'Ollivander.

2011 Harry Potter & the Deathly Hallows Part II.
Toujours dans les souliers d'Ollivander

2011 Tinker Taylor Soldier Spy.
Film extraordinaire et comme le monde ne l'est pas, il n'a jamais été reconnu comme tel. Film d'espionnage au casting parfait tiré d'une nouvelle de John Le Carré de 1974. Hurt y joue Control, tête dirigeante de la division du "Cirque" du service d'intelligence.

2013 Only Lovers Left Alive.
Nouvelle collaboration avec Jim Jarmush dans la peau de Christopher Marlowe, qui a falsifié sa mort en 1593. Gothico cool. Trop de vérités sur les vampires finiront par m'exposer,..


2016 Jackie.
On dit de Nathalie Portman en Jackie Kennedy qu'elle est fantastique. Le film est en salle depuis le 29 janvier chez nous. Et Hurt y joue le père Richard McSorley.

Thanks John for all those years.






Aucun commentaire: