1977.
Grosse année.
Charlie Chaplin allait y mourir. Elvis Presley allait y mourir. Québec en sports allait briller avec ses Expos, ses Alouettes, ses Nordiques et ses Canadiens et sur la scène internationale allait commencer un petit diable de conducteur de Berthierville en Formule 1.
J'avais 5 ans. 2 soeurs, 2 parents, 2 chats, 2 chiens.
À New York, ce sera l'été le plus chaud de son histoire. David Berkowitz sèmera la terreur dans une extension de sa folie en tuant gratuitement au moins 6 fois sous le pseudonyme de Fils de Sam. "C'est le chien du voisin qui me disait de tuer des jeunes femmes" se défendra-t-il avant de recevoir 6 sentences de prison à vie. Les 13 et 14 juillet, une importante panne d'électricité allait coûter plus de 115 millions à une ville en campagne d'élection, une ville de plus en plus appauvrie par la mauvaise gestion et au seuil de la faillitte. 31 districts allaient être touchés par la panne de courant, 134 commerces seront pillés, 550 policiers seront blessés, 50 Pontiacs seront volées d'un concessionnaire (principalement utilisées pour transporter du matériel volé d'un endroit à un autre) et 25 incendies faisaient toujours rage au petit matin.
1977 faisait aussi cohabiter sur les ondes radios, le rock, le soul, le punk et le disco.
Grouillait alors dans le Bronx et ailleurs, une communauté noire qui commençait à peine à avoir une voix sociale intéressante. Ou du moins qui se la rendait intéressante.
Rien n'aurait dû m'attirer vers la série télé de Netflix The Get Down.
Voilà une série qui traite des origines du rap, un genre musical que je n'aime pas du tout. Ironiquement, j'écoutais justement, au début du visionnement, probablement ce qu'il y a de plus blanc et de plus froid comme musique! .
De plus j'ai le réalisateur Baz Luhrmann en horreur. Je n'aime littéralement rien de ce qu'il touche. la comédie musicale, ses montages( une coupe à la milliseconde) sa direction, ses choix. sa mise-en-scène plaquée, ses viols de textes traduits en images vulgaires avec des trames sonores inadéquates...
The Get Down aurait donc dû facilement se ranger dans le tiroir du "passons à un autre appel".
Mais le chroniqueur Hugo Dumas a détesté.
Ce qui m'a confirmé que j'aimerais probablement,
détestant passionnément tout ce qui plait à Dumas.
Puis j'avais trouvé agréable Stranger Things, série aussi produite par Netflix.
Et 13 millions par épisode, seulement 6 épisodes d'une heure (une heure 32 le premier, Baz l'a monté, il ne sait pas monter...) ça me plaisait.
J'ai donc plongé. Et ce fût sans regrets.
Voilà une série tenue par de tout nouveaux visages, les plus connus étant Jimmy Smits, Giancarlo Esposito et Jaden Smith, et qui nous offre une plongée rarement explorée sur petit comme sur grand écran. Celui de l'affirmation par la création dans la communauté noire, sans moyens des années 70.
Le décor est spectaculaire. Certaines scènes offrent un paysage tout simplement post-apocalyptique. Des incendies et des pompiers les chassant sont aussi récurrents qu'un avion passant dans le ciel. De vraies images d'archives de New York en 1977 viennent se mêler à de fausses de manière si habile qu'il devient presqu'impossible de distinguer le vrai du faux. J'ai compris à l'avant-dernier épisode que celui que je prenais pour le vrai Ed Koch, était en fait un acteur le personnifiant.
La musique y est phénoménale, croisant tous les styles qui faisaient rage à cette époque. Beaucoup d'argent y a été investi et on se surprend à taper du pieds ou encore à taper des mains sur certains "clap drum". La série est aussi très drôle et portée par des acteurs enfants/adolescents formidables.
Grandmaster Flash, Kurtis Blow et Nas ont tous trois produit un "boot camp" de trois jours pour toute la production avant le tournage afin de les initier au monde du hip hop. Le personnage de Grandmaster Flash est aussi à l'écran et incarné par Mamoudou Athie. Nas prête sa voix au personnage principal, version adulte, qui nous narre en intro le contexte de chaque épisode passé ou à venir.
La tapisserie sonore et visuelle est parfaite. On fait référence au blackout de 1977 mais pas au fils de Sam. On intègre un peu de ce qui se passait pour vrai à New York en 1977, mais on romance aussi beaucoup. On a laissé beaucoup d'espace pour une seconde saison, ce qui a aussi eu le feu vert.
Je serais menteur de prétendre que ça m'a fait aimer le hip hop, mais ça me le rend foutument rendu sympathique.
Cruauté, humour et musique se côtoient dans un genre que je n'aime généralement pas: le rap
Au travers de médiums que j'aime: une série télé inspirée.
Dans ce qui m'agace dans le rap c'est entre autre le côté prêchi-prêcha. Les textes me paraissent toujours assez faibles (et la mélodie musicale rare) dans un genre qui, au contraire, a tout pour le mettre en valeur. Il semble toujours que le chanteur/la chanteuse se sentent obligés de nous offrir de multiples conseils de vie.
La série y rend justice puisque les titres des 6 épisodes sont en fait un conseil de vie.
Je n'en ai qu'un à vous donner, Vous voulez écouter de la bonne télé?
Voir du blanc en absolue minorité?
Rire? Danser?
Tapez vous The Get Down sur Netflix.
Vous ne devriez pas le regretterez.
Vous serez de bonne humeur et vous ne comprendrez pas par où ça vous est venu.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire