Dans les années 30, la concentration de terre entre les mains de plusieurs propriétaires favorise un large mouvement paysan. L'allégeance de ce mouvement est largement communiste.
En avril 1948, le principal meneur de la gauche colombienne et sympathisant des paysans est assassiné. La fracture sociale est si importante en Colombie que ce seront 12 ans de guerre civile que connaîtra le pays. Elle fera entre 100 000 et 300 000 victimes civiles.
Dans les années 50, le (violent) régime politique est conservateur et réprime à la fois la démocratie, à la fois les mouvements communistes. L'armée, suivant le pouls du peuple, fait tomber le gouvernement en 1953. Le gouvernement sera militaire et on offre l'amnistie à tous les groupes de résistances, les bandits comme les guérillos, en échange de leurs armes. Ce que tout le monde fait, sauf les paysans communistes. Ceux-ci veulent que le gouvernement fasse écho aux revendications sociales de leur leader assassiné en 1948. Ils cessent leurs attaques contre l'armée du gouvernement, tant que celle-ci lui permet de réorganiser le partage des terres entre communistes.
Mais sous apparence de "justice sociale" se cache la dictature de Gustavo Rojas Pinilla. La seule dictature militaire qu'ait connu la Colombie au XXème siècle. Pinilla lance des attaques contre les paysans communistes. Répétées. Mais il y a des dissidents parmi les rangs militaires. L'Église, les étudiants, les syndicats, les banques et les industries s'opposent à la dictature de Pinilla qui est forcé de céder le pouvoir à un gouvernement de transition équilibré entre conservateurs et libéraux.
Mais les zones éloignées s'autosuffisent et s'autodéfendent.
L'attaque de la République de Marquetalia devient le jour de fondation des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (les FARC) en 1964. L'armée forcera les résistants à se retrancher dans les montagnes. Ils sont quelques 250 guerillos de la FARC contre quelques 2000 soldats de l'armée même si la propagande parle de 16 000 combattants de l'armée contre 48 guerillos (pour les faire paraître plus héroïques). Trois ans plus tard, les troupes des FARC sont presque anéanties et rayées de la Colombie. Mais la création de républiques indépendantes favorise la renaissance du mouvement et dès la 5ème conférence des FARC, on créé un État-Major qui comprendra le chef historique Manuel Marulanda.
Leader actif du mouvement révolutionnaire, Il vivra plus de 40 ans dans la clandestinité dans la jungle, échappant toujours à ceux qui voudraient le capturer. Et comme il est communiste, les États-Unis travaillent aussi contre lui. Ce sont plutôt ses guerillos, sous son autorité qui eux-même capturent et séquestrent, principalement des politiciens, des militaires, mais aussi des civils. Les États-Unis tricotent un lien entre Marulanda et la drogue pour justifier qu'ils cherchent aussi le capturer. Il dérange à ce point. Il bâtit une véritable armée dont les effectifs, à leur meilleur, auront jusqu'à 18 000 hommes prêts à se battre. C'est sous son influence que sera kidnappée Ingrid Betancourt.
Dans les années 80, les enlèvements, demandes de rançon et le trafic de drogue leur assure une certaine fortune. Marulanda n'est peut-être pas si propre. Mais quand l'argent vient de la drogue, il ne veut pas savoir. Tant qu'ils ont des fonds.
Dans les années 90, des rapprochements avec le Parti Communiste Colombien et le gouvernement de Belisario Betancourt tournent court. Dans un contexte défavorable aux luttes marxistes, plusieurs de ces mouvements rendent les armes. Mais pas les FARC.
Après les attaques de septembre 2001 à New York, les FARC augmentent les enlèvements de politiciens. Ils sont aussitôt placés sur la liste officielle des organisations terroristes des États-Unis, du Canada, de la Nouvelle-Zélande et de l'Union Européenne (en 2005, pour l'UE).
Marulanda décède en 2006 et ses FARC sont affaiblis.
La semaine dernière se concluait un accord historique, Un accord de paix visant à mettre en oeuvre une démobilisation définitive des FARC.
Les FARC, selon les Nations-Unies, seraient responsables de 12% des assassinats de civils perpétrés pendant le conflit entre 1964 et 2016. ainsi que de 80% des morts paramilitaires. Les forces gouvernementales seraient responsables des 8 % de morts restant de cette guerre civile.
Reste à voir comment les FARC (et le gouvernement) se comporteront.
En 1991, ils avaient aussi signé un accord de paix...
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