lundi 11 juillet 2016

Abbas KiarostAMI

Je ne connaissais Abbas Kiarostami que d'un seul film.

Un film formidable.

Un homme choisit de se suicider. Il part à la recherche de quelqu'un pour l'enterrer. En banlieue de Téhéran, il rencontre une séries de candidats, dont un soldat, un séminariste, un taxidermiste. Chacun discutera de l'offre. Discours poétiques, sociaux et poétiques au menu. L'un d'eux accepte la tâche, mais pousse l'homme à réfléchir à sa décision.

Le Goût de la Cerise est un grand film sur la vie.

Cannes lui a donné sa Palme d'Or en 1997.

Abbas était d'abord peintre. Ce qui lui a donné un regard différent sur la vie très jeune et qui l'amène à l'Université de Téhéran en Beaux-Arts. Il finance ses études en travaillant comme policier de circulation.

Gradué. il design des posters et des publicités. Il tourne entre 1962 et 1966 pas moins de 150 publicités télé. Il illustre aussi des livres pour enfants.

Son premier court-métrage fait fureur. Son second fait de même. Il tourne ensuite 53 minutes, toujours avec des enfants, et attire l'attention positivement par son regard intelligent sur la vie. The Traveler, qui suit, est très simple, et formidable. Un garçon doit comploter afin de se frayer un passage à un match de soccer à Téhéran. Kiorastami filmera toujours du réalisme dans un style complexe et nouveau et privilégie la quête à quoi que ce soit d'autre. Les moyens de transports, omniprésents dans ses films, la symbolisant.

Dans ses films, en apparence très simples, comme cette histoire de trois adolescents en conflit sur le choix de costume à porter à un mariage en 1976.   Derrières les intrigues de Kiarostami se cachent beaucoup d'humanité.

En 1977, il tourne son premier long métrage. Un film qui sera banni deux ans plus tard car il prédit la révolution.

La révolution d'Iran de 1979 qui secoue encore le monde aujourd'hui, ébranle la plupart de ses contemporains. Lui aussi, assurément. Mais il choisit de rester en Iran. Contrairement à presque tous les cinéastes iraniens.

Il jugera que ce sera la meilleure décision de sa vie.

Il  choisit de tourner prudemment quelques courts-métrages à nouveau. La reconnaissance internationale arrive en 1987.  Le film, et les deux nouveaux se déroulant aussi dans la village de Koker, sont hautement reconnus en France, aux Pays-Bas, en Suède, en Allemagne et en Finlande.

Son film Close-Up, qui étudie l'usurpation et les comportements menant à se faire passer pour autre que soi, attire l'attention de Martin Scorcese, Quentin Tarantino, Werner Herzog, Nanni Moretti et Jean-Luc Godard.

Les années 90 sont merveilleuses pour Kiarostami, salué partout dans le monde pour son talent.

Il gagne de nombreux prix internationaux, écrit et scénarise, publie prend et expose des photos, tourne, Il termine la décennie en force.

En 2000, le San Francisco Film Festival lui remet le Akira Kurosawa Prize parce qu'ils le considèrent comme LA référence irannienne dans le monde du cinéma mondial. Abbas étonne en refusant le prix le redistribuant au cinéaste qu'il considère lui même la référence irannienne, le vétéran Berhooz Vossoughi.

Abbas Kiarostami réalisera plus de 40 films, court-métrage et documentaire.

Kiarostami a fait de la conduite automobile sa vraie raison d'être: un endroit de réflexion, d'observations et de dialogues. Où les frissons sont souvent plus grands que la simple recherche d'adrénaline.

Il sera le premier cinéaste iranien à tourner hors de l'Iran. En Toscane avec Juliette Binoche qui gagnera la palme de la meilleure actrice pour son film à Cannes, et au Japon pour son dernier film.

Il est décédé aujourd'hui la semaine dernière

Abbas Kiarostami aura été un cinéaste des trois dernières lettres de son nom.

Un cinéaste ami.

Qui aura su Iraniser son art avec intelligence.
Sans se faire de l'occident une opposition naturelle.

J'ai sous la main, 3 de ses films. Ten, Close-Up  et Copie Conforme.

Cette semaine je bois un peu d'humanité et de poésie iranienne.

Aucun commentaire: