vendredi 19 février 2016

Brooklyn, PQ

Holà cette météo!
Faisait -28 ce soir-là.

Vous souffrez? Pas moi, vous le savez. Mon sang d'indien m'a toujours appris à "faire avec". Nos conditions d'adaptation sont franches et dures à comprendre.

Avec Monkee qui passait la soirée avec sa blonde, nous étions tous les trois, l'amoureuse, Punkee et moi à flirter avec l'idée d'aller voir un film.

Il est déjà fort difficile de se négocier un film à 4, à 3, on baissait un peu le niveau de trouble.

Si mon fils y avait été, on aurait tiré fort pour The Boy.
Si ce n'était que de l'amoureuse et moi on serait allé voir Zoolander II.
On pensait que la présence de Justin Bieber donnerait le goût à la petite, mais non.
Si ce n'était que de Punkee, peut-être Le Petit Prince.
On s'est demandé, avec ce froid, si aller voir 2h46 d'extrémisme météo dans The Revenant, serait approprié. Mais je travaillais dans la nuit et les heures de diffusion devenaient compliquées.

Aller au cinéma en famille, c'est TOUJOURS compliqué.
Mais j'étais prêt à faire des concessions familiales. C'est l'amoureuse qui a finalement tranché.

On a opté pour la solution suivante, après écoute de plusieurs bandes annonces pour mesdames (parce que moi, en film, je sais toujours ce que je veux, bande-annonce, pas bande-annonce):

-Les filles vont voir The Choice ("un vrai film de filles"- L'amoureuse)
-Moi: Brooklyn.

Fair enough. Les deux films commençaient à la même heure de toute manière et se terminaient aussi à la même heure.

Premier avertissement qui aurait dû me sonner des cloches: Je suis de loin le plus jeune des spectateurs sur place. Je le souffrirai tout le film alors que les commentaires les plus crétins seront lancés à tout moment comme si ces gens étaient seuls dans leur salon.

"Oh non! elle 'est méchante!"
"Oh! y aurait pas dû dire ça!"
"Ah ben, tu parles d'une affaire!"

En choisissant d'aller voir ce film je réunissais plusieurs passions.

New York, l'Irlande, Saoirse Ronan, Nick Hornby, Montréal.

New York parce que j'ai TOUJOURS aimé cette ville, et depuis que je l'ai visitée, voudrait y habiter. Presque tous mes héros sont originaires, sont passés, où on habité NY.

L'Irlande parce que j'en suis (de longue souche) issu. Bien que le film se déroule entre 1951 et 1952, et que l'histoire de ma famille ait plus eût lieue autour de 1887, j'avais le feeling que j'allais voir un peu l'histoire de mon arrière-arrière grand-mère. Celle-ci était arrivée en bateau à Grosse-Isle, y avait été placée en quarantaine, et avait finalement fait craquer un jeune docteur qui les soignait, ce qui avait non seulement lancé une tradition de médecin dans la famille Jones, mais aussi été fort pratique pour elle pour obtenir sa citoyenneté.

Saoirse Ronan est tout simplement époustouflante. Je l'ai d'abord adoré dans Atonement où elle volait toutes les scènes dans lesquelles elle jouait, alors qu'elle n'avait que 12 ans. L'intensité qu'elle déployait dans un rôle pivot de la narration de cet excellent film lui avait d'ailleurs valu une nomination aux Oscars. Je n'étais donc pas seul à avoir été épaté par sa présence à l'écran. Elle était aussi tout simplement EXTRAORDINAIRE dans l'excellent (et troublant) film The Lovely Bones, et sa présence dans le très réussi Grand Budapest Hôtel, me laissait croire qu'elle se trompait peu en général dans ses choix. Elle sera encore aux Oscars cette année pour sa participation dans Brooklyn.

Nick Hornby est l'auteur des livres High Fidelity, About a Boy et The Polysyllabic Spree que j'avais tous lu et aimé pour leur candeur et leur lucidité. Deux de ces livres ont d'ailleurs été adaptés en film avec succès. Hornby est aussi l'auteur du scénario de An Education que j'ai tant aimé que j'en ai acheté le film. Il a aussi adapté le dernier film de Jean-Marc Vallée avec Reese Whiterspoon sur la vie de Cheryl Strayed. Son troisième scénario, c'est l'adaptation du livre de Colm Tòbin: Brooklyn. Il est lui aussi nommé aux Oscars cette année pour ses efforts sur ce film.

Brooklyn avait un potentiel important. En cette époque de grande migration, on y abordait l'exil, l'arrachement à la famille, l'immigration, le rapport social en nouveaux territoires, la mal du pays, l'engagement en tous genre...

Bon, je n'ai jamais vécu autre chose que de simples transferts de codes régionaux, mais j'ai tout de même fait deux écoles primaires, trois secondaires et 4 universités, et dû cumuler une vingtaine de job depuis; je ne sais peut-être pas ce que c'est que de se déraciner et prendre pays, mais je sais ce que c'est que d'avoir à se replanter ailleurs. Le sujet (irlandais de surcroît) m'intéressait beaucoup.

Qu'est-ce que que je fûs déçu.

Rarement vu un film où le manque de budget semblait si criant. Les choix de réalisations étaient pour la plupart très malheureux. À au moins une dizaine de reprises je me surprenais à souhaitais que telle scène ce fût tournée différemment, que tel choix de mise-en-scène eût été différent, que cette direction d'acteur eût été fait autrement, que la caméra ne bouge pas autant 100% inutilement. Ce film aurait pu être teeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeellement bon. Mais non. Il était très didactique. poussiéreux. Malhabile. L'humour affreusement installé avec ses gros sabots vieillots. Je trouve que j'ai fait un meilleur choix de photos ici que le réalisateur a fait de bons choix dans son film. Presque toutes les scènes de résidences sont ratées. Archi faible en créativité visuelle.

Comme si un groupe de marketeux de marde s'était dit "Public-cible: conservateur, ne les choquons pas trop, allons-y classique."

Pwoooooooooooooooooooooooooooooooche!

Et tout ça tourné par celui qui avait tourné l'excellent True Detective pour la télé.

De plus, le manque de budget a forcé la production à tourner à Montréal 85% de son film. J'adore Montréal. Vraiment. Mais je suis supposé voir Brooklyn. Et tout le film, je voyais la rue St-André, le Vieux-Port, l'Église du Vieux-Port, papa Bougon dans les figurants. cette actrice de publicité de pharmacie dans la famille italienne, Jessica Paré, tristement une des pire actrice sur terre. donc lorsque peu dirigée, pire encore.

Et comme j'étais dans un cinéma qui ne diffusait qu'en français, j'ai perdu tous les accents qui m'auraient charmé au préalable. Les accents italiens comme irlandais. En plus de me taper des "Ça craint" et autres expressions qui ne font aucun sens chez nous.

'Manqué mon rendez-vous.

Les filles ont aimé leur film de filles.

Pas aimé mon film âgiste.

Qui aurait pû être si approprié.

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