lundi 1 février 2016

L'Écho du Harcèlement

Il fût une époque dont je ne me rappelle plus la couleur où quand le téléphone sonnait, ça nous plaisait.

C'était un(e) ami(e), un(e) amoureux/euse, un parent, un être aimé et aimable qui nous contactait.

Puis, vous avez grandi et acheté une maison...

Drrrrrrrrrrrrrrring!

"Oui?"
"Bonjour M,Hunter..."

Mon prénom est aussi un nom de famille. Et il est rare.
90% des gens prononcent ou bien mon nom de famille à la fançaise. ce qui donne quelque chose proche de la couleur "jaune". L'autre 10% pense tout simplement que Hunter est mon nom de famille. Personne ne pogne mon nom du premier coup. Personne qui ne me connaisse déjà.

J'offre toujours d'abord le silence à celui ou celle qui ose me déranger chez moi. C'est un privilège que de briser le rythme de quiconque dans l'isolation de son chez soi. Il est donc important pour celui ou celle qui brise ce rythme, de faire valoir la raison pour laquelle, il/elle le fait. Je sais que pour ma part, c'est immanquable, chaque fois que j'appelle quelqu'un, je lui demande toujours au départ de la conversation si je dérange cette personne ou si c'est un bon moment pour parler.

Pas de politesse du genre, pour cet appel. l'inconnu enchaîne aussitôt.

"Mr Hunter je suis Liliput Heinz et je travaille pour la compagnie de toiture..."

Je vous épargne le reste. Notre # est bien dans le répertoire anti-harcèlement, mais ça ne change rien. On nous sollicite sans cesse quand même. La phrase que je dis le plus fréquemment au téléphone depuis plus de 10 ans est "...je ne suis pas intéressé". Ce que j'ai fait aussi cette fois-là. Mais ces gens ont rappelé pour la même chose deux jours plus tard. Brisant mon dodo d'après-midi! Je fais quoi? j'appelle la police? On est répertorié dans la liste anti-sollicitation. Je me suis contenté de raccrocher en plein milieu du laïus de la personne qui me parlait. Quand on m'a rappelé une troisième fois sur le sujet, j'ai dû être plus clair.

"je ne suis pas intéressé et ne le serai jamais. ne me rappeler plus jamais, merci."

Même chose à la porte. On a sonné à ma porte l'autre tantôt pour me proposer un différent forfait internet/télé/téléphone. J'ai fait parler le gars. Je lui ai parlé de mon contrat actuel. Un contrat béton, négocié de ma part comme un chien des rues il y a plusieurs années et que personne ne peut accoter. Je dirais même que cette compagnie envoie ses valets de pisse me proposer autre chose pour enfin me faire briser ce forfait dont les seuls mots "...si vous me l'enlevez, je changerai de compagnie..." les font retraiter dans leurs envies.

Je suis nettement contre le chantage, mais encore plus contre le harcèlement par la sollicitation. Je ne fais que jouer leur jeu et appliquer leurs règles à la con. Le gars à la porte a concédé que mon plan actuel serait difficile à accoter et que même si il le faisait, sa compagnie ne ferait pas d'argent avec moi. Mais pas du tout. Il est reparti la queue entre les deux jambes.

Mais on a renvoyé un autre dadet une semaine plus tard. Un homme plus âgé. Arabe. Pendant que je préparais le souper d'une main, lisait de l'autre et écoutait les nouvelles d'une oreille. Il me dérangeait de toute les manières possible. Pour quelque chose auquel j'avais déjà répondu il y a une semaine.

L'échange fut vite fait.

"Bonsoir monsieur Jaune..."

J'ouvre la porte, mais qu'`à moitié. comme si j'étais nu derrière. Mon corps penche même vers l'intérieur de la maison comme si je revenais vers la cuisinière. Je veux qu'il comprenne que je suis investi partout sauf à cette porte.

"...Vous allez bien?..."

"Que voulez vous?" (C'est hostile je sais, c'est volontaire)

"Nous installons la fibre optique dans votre quartier, vous êtes avec Plugyourbutt pour la télévision, l'internet... (il me défile le plan que j'avais déjà donné au twat qui m'avait parlé la semaine d'avant)...bonne compagnie que Plugyourbutt...mais vous payez cher..."

"Vous n'en savez rien, j'y travaille, je ne paie rien, pas intéressé et occupé, ne revenez plus svp, merci..."

Je lui referme la porte au nez.

C'est sauvage je le sais, mais j'assume, Et de plus, ce n'est pas plus sauvage que de se faire agresser une seconde fois sur le même sujet en deux semaines. Les filles savent de quoi je parle. Un gars qui se fait dire non dans ses avances, n'est pas plus charmant la seconde fois. Dégage, vermine!

Mais voilà que je vois son ombre sur ma galerie y rester quelques 20 longues secondes. C'est long en chien 20 secondes devant ma porte. Je suis soudainement inquiet. Pourrait-il choisir d'aiguiser la pointe d'un stylo ou d'une clé sur ma voiture en quittant mon entrée?

Je monte les escaliers au pas de course pour me rendre à la chambre et me plante le nez dans la fenêtre où on peut y voir l'entrée. Il finit par partir. Je le regarde longuement traîner sa misère jusqu'au voisin. Mon plat a collé.

Pas cool de s'inquiéter d'étrangers non sollicités dans vos entrées.

Ces gens sont de collants insectes. Pendant que je décolle le plat qui cuisinait, le téléphone resonne, je ne répond pas. Je ne répond presque plus au téléphone. Appeler sur l'heure du souper, c'est indécent de toute manière. J'ai bien fait, le # était 1-227-593-4871. Je ne connais personne de ces codes régionaux. 9 fois sur 10, c'est une machine qui me parle et me félicite pour un prix que j'aurais gagné, à un concours auquel je ne participe jamais, ou encore me préviens que je suis en danger, que mon ordinateur ou mon compte en banque est en danger.

Je ne mords jamais. On me dit tout ça en anglais. C'est bien mal connaitre ma maisonnée.

L'autre tantôt c'était un être humain, un asiatique me semble-t-il d'après l'accent. qui m'urgeait de comprendre, d'une voix paniquée que mon ordi était en très sérieux danger.

...en anglais...

J'ai explosé de rire. Il a raccroché aussitôt. c'était peine perdue.

Ce jour-là, 6 des 7 appels du jour étaient pour mettre la main sur mon portefeuille.

Où se vendent les cannes de chasse-moustiques pour ce type d'agression?

Il fût une époque où la sonnerie du téléphone avait un potentiel d'agréabilité.

No more.

C'est comme la boite aux lettres. Autrefois coffre à lettres d'amis ou d'amoureuses anonymes ou connues, aujourd'hui. dompe à recyclage ou à factures coûteuses.

La sonnerie du téléphone est aujourd'hui synonyme d'harcèlement pour nous.



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