1968. Dennis Wilson vit les plus belles années de sa vie.
Batteur des Beach Boys, jeune riche, frère du génie qui le rend riche, il a la chance d'être celui que les journalistes ne pourchassent pas.
Il couche avec le plus grand nombre de filles possible dans l'esprit de peace & love qui baigne sur la côte ouest des États-Unis.
Un jour, en conduisant sa décapotable à Malibu, il prend sur le pouce deux jeunes femmes. Un peu plus tard le même jour il les les revoit encore en train de faire du pouce. Cette fois, au lieu des les reconduire là où elles voulaient aller, il les ramène chez lui.
Cete décision changera sa vie.
Laissant les deux jeunes filles chez lui afin qu'elles s'amusent dans sa luxueuse maison, il se rend à une session d'enregistrement des Beach Boys. À son retour, c'est une douzaine de personnes qui habitaient maintenant sa maison. Il est 3 h du matin et c'est Charles Manson qui l'accueille dans le stationnement. Comme des coquerelles dans un mauvais restaurant, les inconnus affluent chez Dennis Wilson. Puisque la plupart des nouveaux invités sont d'abord et avant tout de jolies jeunes femmes, Wilson est fasciné. Il les fait vivre à ses dépens, dans sa maison, pendant un certain temps par la suite.
D'abord impressionné par Manson qui rêve de vivre de la musique et qui lui montre ses chansons, Wilson lui fait rencontrer Terry Melcher un producteur et ami des Beach Boys. C'est la maison de Melcher que Manson visera un an plus tard avant de lancer sa série d'assassinat qui met fin brutalement au mouvement hippie.
Wilson et Manson se font des sessions d'enregistrements dans le studio maison de Dennis Wilson. Une seule chanson de Manson, retravaillée, survivra de ses sessions. C'est Dennis qui la chantera.
Dennis Wilson découvre progressivement que Manson est très imprévisible, violent, voire dangereux. Afin de s'en débarasser, il lui laisse la maison, à lui et ses disciples, et va s'installer ailleurs. Choqué, Manson donne à la femme de ménage de Wilson une enveloppe contenant une cartouche de fusil et un message cripté à donner à Dennis Wilson. La femme de ménage le fait parvenir à Wilson qui, se sentant menacé, n'entre plus jamais en contact avec Manson.
Quand les horribles meurtres du clan Manson ont lieu l'été suivant, Wilson est totalement ravagé. Il se sent directement responsable de l'introduction de Charles Manson dans le monde de la musique et se considère comme le détonateur de ses affreux et crapuleux meurtres.
Sa consommation d'alcool, de barbituriques et de drogue de toute sorte augmente considérablement. Le "beau" frère Wilson, le seul des Beach Boys a avoir réèllement fait du surf, celui que les filles préféraient, s'enlaidit. Il devient lui même agressif si on aborde le sujet de sa relation avec Manson.
Les Beach Boys ne sont plus l'ombre de ce qu'ils ont déjà été au cours des années 70.
Wilson joue aux côtés de James Taylor et Warren Oates dans un film qui connait un bon succès en salle puis enregistre de la musique sur toute la période des années 70. Il lance son premier album solo en 1977.
Marié en 1966 et père d'une fille et d'un fils, puis père de deux autres fils d'une autre femme au début des années 70; remarié deux autres fois à une autre femme, en 1976 puis à la même deux ans plus tard; dans une relation avec Christine McVie de Fleetwood Mac de 1979 à 1981 qui compose une chanson inspirée de lui en 1982, sa vie amoureuse est toujours très active.
Là où il est encore plus actif c'est dans sa passion pour l'alcool et la cocaine. Sa relation avec les autres membres du groupe devient tordue. Il est invité aux sessions d'enregistrements mais on le met à la porte plus souvent qu'autrement. Trop stone. Il passe de clinique de réhabilitation en clinique de désintoxication.
Toujours sans succès.
Ses excès le rendent pauvre. Il ne peut plus faire les versements sur le yacht qu'il s'était payé à la Marina Del Rey. Ce yacht était sa grande fierté. Un jour sur la coque, il dira que l'ocean est sa patrie et qu'il voudrait y être entérré.
En 1982 il entame une relation amoureuse avec la fille illégitime de Mick Love des Beach Boys. Ceci bien entendu met le feu aux poudres entre lui et Love. Il a un fils de cette relation.
Fin décembre 1983, Dennis fête à la marina où son yacht a été saisi, faute de paiements. Il y trouve un ami qui y possède aussi une embarcation nautique. Il boit toute la journée en sa compagnie et y passe la nuit. Le lendemain matin, il se lève et dès 9 heures le matin, il enchaine les shooters et carbure à l'alcool toute la journée. Les compagnons de brosse naviguent une bonne partie de la journée puis on arrête vers 15h00 le bateau là où Wilson y tenait le sien, il n'y a pas si longtemps.
Wilson choisit de se tirer à l'eau pour y nager. C'est décembre, l'eau est glacée, mais ses amis savent que Wilson est assez fou pour le faire. Il plonge vêtu de son jean. Il revient à la surface avec à la main une vieille photo d'une de ses anciennes femmes qu'il a repêché du fond de l'eau. Wilson prétend qu'il avait tiré beaucoup de choses à l'eau il y a longtemps (lors d'une soirée bien arossée, on devinera) et qu'il retourne 12 pieds au fond y chercher d'autres "trésors".
À la troisième plongée il ne remonte plus.
Ses amis croient d'abord à une blague, ce serait son genre, mais Dennis Wilson est bel et bien noyé.
Son corps est repêché en soirée.
Le beau Beach Boy, parti faire du surf sous-marin, ira surfer les nuages.
4 commentaires:
Bel article pour un artiste d'une sensibilité extrême, à l'univers musical et émotionnel d'une richesse infinie et inépuisable. Un hommage à un talent si sous-estimé qui avait encore tant de choses à dire, à écrire, à exprimer.
Les nuages ont de la chance, eux, maintenant. Car le plus beau des Beach Boys ne doit sans doute pas manquer l'opportunité d'embellir l'univers céleste dans lequel ils doivent se plaire à s'élever. Comme une vague prête à être surfée...
God bless you Dennis
ce que ne dit pas l'article (au demeurant intéressant), c'est à quel point "pacific ocean blue" est un chef-d'œuvre, et que l'on peut découvrir depuis peu les morceaux tirés de l'album inachevé "bambu", eux-aussi d'une beauté et mélancolie sidérantes... et qu'avec les Beach Boys, il signa une quinzaine de compositions dont certaines dignes de son frère Brian comme "forever", "little bird","be with me" et autres "it's about time"...
Merci des bons mots
(et pour le complément d'infos:)
Les mauvaises rencontres....
je n'avais encore jamais vu sa maison ;)
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