lundi 5 avril 2010

La nouvelle de ma mort était quelque peu exagérée...


Quand j'étais à la petite école primaire il y avait un élève de la classe, Brubaker Chicoine, qui un matin, envahi par une pulsion démesurée, avait choisi de nous attendre sur le trottoir devant l'école à notre arrivée.

En sortant de la voiture paternelle, Brubaker me saisissait le bras et me disait tout énervé:

"Hey Jones, la mère à Tremblay 'est morte!"

Ça m'a marqué pour la vie.

Pas la mort de la mère à Tremblay qui était soi, une nouvelle choquante pour l'élève de 4ème-5ème ou 6ème année que j'étais alors mais plutôt le comportement de Brubaker Chicoine.

Je n'arrivais pas à comprendre son intérêt à venir nous dire cela à toute vitesse et je le méprisais, je l'avoue, légèrement. Surtout que le Tremblay en question n'étais pas du tout un ami proche de Chicoine.

En vieillissant, ce trait de caractère s'est développé en un certain mépris pour les chaînes de nouvelles qui tiennent absolument à nous livrer la nouvelle le plus rapidement possible. Une station particulièrement mochetonne du Québec se targue même du slogan "Toujours premier sur la nouvelle". Avec la multiplication des chaînes de nouvelles en continu, à vouloir sortir la nouvelle avant les autres, il devient inévitable que la compétition entre station provoque des dérapages.

La fameuse soirée des élections où Radio-Canada avait annoncé la défaite trop vite de Jean Charest dans son comté pendant que TVA faisait les gorges chaudes sur leur hum..."rigueur"... était d'un ridicule qui avait très peu à voir avec le résultat au bout du compte.

Quand la nouvelle est suffisamment importante, elle se rend aux intéressés. Il n'y a pas de presse. Les intéressés(le public) ne s'attendent pas à recevoir la nouvelle avec urgence mais plutôt avec précision.

Je n'écoute d'ailleurs jamais les résultats en direct le soir même d'élection car c'est du garrochage de n'importe quoi. Une chicane de serveurs avant le dépôt du menu à la table.

Quand Patricia Paquin avait annoncé "l'assassinat" de Dédé Fortin il y avait de quoi se planter la tête dans le sable pour dix jours.
Quand on a annoncé la mort de Gordon Lightfoot et que celui-ci a dû arrêter sa voiture pour trouver un téléphone et appeler à la radio afin de souligner que sa mort se portait plutôt mal mais que sa vie allait pas pire, plusieurs personnes ont dû rougir de honte.

Le coupable dans ce dernier cas? Twitter.

Twitter dont je n'ai toujours pas compris l'utilité encore.

Savoir les choses plus vite? N'importe comment oui.
Être en réseau avec Madonna et Ashton Kuschner? pour faire semblant d'être son ami?
Entendre des personnalités publiques dirent "les vraies affaires" sans filtre? Est-ce vraiment pratique pour l'employeur de ses gens?

Savoir que Cassivi a une personalité intolérante sur Twitter sert-il le critique cinéma de la Cyberpresse?

Cette illusion d'être fabuleusement populaire avec plein d'amis cybernétiques alors qu'au fond vous pourriez être le plus grand asocial de la terre ne me plaît pas beaucoup non plus.

J'ai le feeling que l'on a ouvert une nouveau tiroir de la connerie. Un tiroir dans lequel on peut y glisser des infos aussi imbéciles que cette nouvelle d'un magazine des États-Unis qui place Joanie Rochette comme la 39ème personnalité sportive la plus influente du premier trimestre de 2010 (!?!).

J'ai aussi l'impression que tapisser la toile de son purin, ce que les blogs(dont le mien) font déjà à profusion, est maintenant plus facile.

Brubaker Chicoine a grandi et vous savez où il travaille aujourd'hui? Je vous le donne en mille: il est journaliste à la télé...

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