Le prénom David est d'origine hébraïque et signifie "aimé" ou "bien aimé".
Deux de ces David sont très bien aimés de ma part. Je sacrifie quelques amours de leurs oeuvres pour en arriver à seulement 4. Le chanteur et le décédé réalisateur. Les deux autres sont bien aimé au moins 4 fois magiques. Mes 4 As personnels de 4 David artistiques.
Bowie:
Low (1977)
Commencé au Château d'Hérouxville et premier élément de la dite trilogie "Berlinoise" (parce qu'aussi enregistré à Berlin) David avait pris le double pari osé de faire un album anti commercial, à son goût, et sans promotion. Un album qu'on avait refusé parce que la moitié des chansons étaient instrumentales. Bowie a d'ailleurs gardé cette lettre de refus et l'a fait laminer. On l'a accepté contre un video. Ce sont des territoires texturés cérébraux qui s'ouvrent sur des paysages sonores qui en font mon album préféré à vie tout artiste confondu.
Station to Station (1976)
Tournant majeur dans la carrière de David, pont parfait entre les expérimentations des albums suivants, l'avant-gardisme et le rock'n roll folk soul du passé. Il y a même un morceau qui avait été composé pour Elvis qui a refusé de chanter de la musique composée par un androgyne qui chatouillait son ignorance. Première présence d'Iggy Pop avec Bowie sur un de ses disques et reprise réussie d'un morceau de Dmitri Tiomkin & Ned Washington. Une chanson qui avait 30 ans cette année-là, mais dont la livraison ici me reste immortellement gravée au coeur.
1. Outside (1995)
Alors que les efforts de David se sont dirigés ailleurs entre 1980 et 1993, sans avoir le même éclat que dans les années 70, j'avais un peu inconsciemment laissé tomber mes attentes et le fréquentait musicalement comme on le ferait avec un ami. D'autant plus que Bowie marié depuis 2 ans, l'expérience, Robert Charlebois, Bob Dylan, Jim Kerr, John Lennon etc. me montrait qu'une fois mariés, (outre Tom Waits mais certains le débattraient) les créateurs artistiques souvent, fanent. Cet album concept me plait énormément. Avec autant d'avant-gardisme que de traditionnel funk, de pop, d'électro et de rock. J'adore.
The Rise & Fall of Ziggy Stardust & The Spiders From Mars (1972)
Comme je l'ai dit plus haut, j'aurais pu en mettre davantage pour lui. J'ai mes journées chiens de diamants, jeune Américain, hunky dory, héroïques ou mentalement égaré, même mes journées mondes vendus. Mais les meilleurs moments de mon adolescence ont eut comme trame sonore cet album lancé l'année de ma naissance et dont le personnage est né sur scène dans la semaine où je suis né. Peut-être expliquant une telle connectivité...You're not alone.
Fincher:Seven (1995)
Réalisateur des États-Unis dont je peux ne vraiment pas aimer certains films, au moins 4 fois j'ai adoré au point d'avoir acheté 4. Les éclairages de ce film, qui était son second long métrage étaient assez parfaits. Le ton, le jeu, la fin, l'histoire d'Andrew Kevin Walker, la distribution des rôles, la trame sonore, la mise en scène, la richesse des personnages, y a beaucoup à aimer de ce film inspiré des 7 pêchés capitaux.
Fight Club (1999)
The Curious Case of Benjamin Button (2008)
L'adaptation de la nouvelle de Phillip K.Dick est si bien faite qu'elle a été nommée 13 fois aux Oscars de l'époque. Avec une cinématographie magique de Claudio Miranda, encore une distribution parfaite, et une série d'effets spéciaux réussie au service de la narration, on y raconte l'histoire dystopique d'une bébé qui nait "vieux", et rajeunit en accéléré, redevenant bébé, le cycle d'une vie où tout le monde s'en trouve désorienté, surtout Daisy. Tourné en partie à Montréal, avec, comme souvent avec Fincher, de splendides éclairages.
The Social Network (2010)
Exercice de scénarisation habile d'Aaron Sorkin, et de montage (d'Angus Wall & Kirk Baxter) qui font de cette histoire de la naissance de Facebook, un thriller beaucoup plus intéressant qu'on aurait pu le croire. Encore une fois, les effets spéciaux (les jumeaux qui n'en étaient pas) sont mis au service de l'histoire et pour ça, j'aurai toujours du respect pour Fincher. Autre distribution hors pair.
Gilmour:
Confortably Numb (1979)
Le guitariste de Pink Floyd s'est toujours reproché de n'écrire que quelques riffs sur plusieurs mois quand il voyait son collègue Roger Waters continuellement créer presque tous les jours, quelques fois plusieurs fois pas jour. Cette collaboration à deux sera la dernière agréable entre Roger & David. Le premier veut quelque chose d'orchestral, le second, des arrangements plus acoustiques. On fera le compromis d'un peu des deux. Gilmour compose la pièce après avoir été traité pour des crampes d'estomac, en tournée, en 1977. Tentant de décrire son état. Bob Ezrin en aura des frissons en lisant les paroles. La chanson est l'une de leur plus populaire et le solo, régulièrement placé comme l'un des meilleurs de tous les temps.
Time (1973)
Parlant de temps. C'est Alan Parsons qui venait d'enregistrer toute une série d'horloges dans une boutique antique qui leur donne l'idée d'intégrer à leur chanson qui parle du temps et de l'enregistrer dans cette boutique. Waters en compose les paroles, David chantera les couplets, Rick Wright la sorte de refrain avec 4 choristes féminines. La guitare de David prend plusieurs formes et c'est très agréable. Aussi psychédélique que rock. Les 4 composent le morceau, voilà pourquoi aussi, l'intro à la batterie de Nick Mason est si intéressante. On brille égale.
Money (1973)
Roger Waters compose cette critique du capitalisme. David la chante aussi. Ayant la voix plus bluesy. Sa guitare accélère le rythme à mi-chemin. Waters accompagne d'une base bluesy aussi. La signature temporelle est assez atypique. Gilmour y enregistrera trois solos dont il fera ensuite un collage. Mais dans la version pour les radios, où ce sera un hit majeur, c'est principalement le solo de guitare dont on coupera des parties au montage du single. Il reste d'un doigté fameux.
Mother (1979)
10 des 25 chansons de The Wall sont écrites (3 le seront de lui seulement) ou co-écrites par David. Dont celle-ci. Encore une fois, la signature temporelle est particulière. Elle est si difficile, et le calendrier d'enregistrement était si compressé à l'époque que Nick Mason a cédé sa place à Jeff Porcaro, batteur pour Steely Dan, et futur batteur de la formation Toto. Roger Waters chante la dernière ligne, après encore du très beau travail à l'acoustique et à l'électrique de David.
Lynch:Mullholland Drive (2001)
Surréaliste néo-noir film aérien du maitre de la logique disloquée, seul Lynch savait tourné du rêve. Voilà un film qui nous habite longtemps après le visionnement, comme beaucoup de ses films, ses oeuvres, pour moi. Il semble constamment danser sur les consciences et filmer nos corridors mentaux. Casse-tête formidable logé dans le Hollywood aussi froid que chaud, aussi noir que coloré, aussi organisé que torturé. Chef d'oeuvre à tous les niveaux en ce qui me concerne.
Blue Velvet (1985)
Quand un film est d'une durée de 2h50 et que vous ne trouvez jamais le temps long, c'est que le voyage vous parait bon. La banlieue était une hantise pour moi quand j'étais jeune et je me demande si ce film n'y a pas été pour quelque chose. Ce film dont les idées sont venues à Lynch petit à petit, entre 1973 et 1983, trempe dans le gothique à la Edgar Allen Poe modernisé. Le symbolisme et le complexe d'Oedipe y est exploré, le voyeurisme, l'équilibre incertain entre la présentation banlieusarde et ce qui se cache dans les garde-robes de chaque salon. La musique, personnage toujours important de ses films, de Roy Orbison y brille. Bobby Vinton aussi, bien entendu.The Lost Highway (1997)
Barry Gifford y va de sa seconde contribution avec David, après Wild at Heart, dix ans plus tôt. On y parle perception de soi. Corridors mentaux. Design comportementaux. Fantasmes obtus. Y a des présences hantées de Richard Pryor et Robert Blake. Patricia Arquette y est expressionniste. Bill Pullman est dupliqué. On navigue en territoire Hitchcock, mais aussi en terrain Abel Ferrera. David suggérera que c'est aussi un hommage au classique littéraire d'Ambrose Bierce, en 1890, An Occurence at Owl Creek Bridge. Trent Reznor supervise la trame sonore.Twin Peaks, seasons I, II, III (1990, 2017)
À 53 ans, je tente de faire la paix avec les années 90 qui, culturellement m'ont souvent désenchantés. Ça inclus aussi la télé. Qu'il a pourtant révolutionné avec sa série co-créée avec Mark Frost. On veut peindre les États-Unis à partir d'un village, de manière "Dickensienne". Avec humour autant qu'avec mystère et drame. Inspiré du meurtre irrésolu de 1908 d'Hazel Irene Drew, qui avait peut-être une double vie, on tricotera deux saisons "du Lynch à la télévision". Du culte. on fera un film pour dénouer l'intrigue et en 2017, on reprend les talents pour en faire une 3e et dernière saison, formidable de surréalisme aussi. Et touchant pas mal tous les thèmes "Lynchiens" comme l'identité et les parts d'ombres.Et toujours avec un souci musical hors du commun.
Sans bouger, je peux voyager des milliers de kilomètres avec ces 4 David.
Amusant de constater après coup que David Bowie a fait de la musique utilisée par Fincher et par Lynch en plus de jouer dans Twin Peaks. Et qu'il a fait une version d'Arnold Layne de Pink Floyd que Gilmour a inclus sur son DVD de tournée, Remember the Night, en 2007.
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