jeudi 25 octobre 2018

Honduras Blues

En 1502, Christophe Colomb, arrive à Trujillo, en Amérique Centrale.

Une sévère tempête fait rage sur les eaux lors de leur arrivée et Christophe, de son vrai nom Cristòbal Colòn, clame, après avoir survécu à la tempête, en langue espagnole, "Gracias a dios, salimos de estas honduras!" (grâce à dieu, nous sommes sortis de ces eaux profondes). Le cap à l'extrémité orientale du Honduras prendra le nom de Gracias a dios et le pays devient alors le Honduras.

En 1821, il proclame son indépendance tout en faisant partie de l'empire mexicain d'Iturbide. Mais 17 ans plus tard, il fait maintenant partie des Provinces Unies d'Amérique Centrale. En 1839, le Honduras devient un État souverain.

Les politiques néolibérales favorisent le commerce international et les investissements débutent vers 1870. Les intérêts étrangers se manifestent dans les années à venir avec, notamment, l'exportation des fruits tropicaux, des bananes et dans la construction de chemins de fer. En 1888, un projet de chemin de fer en cours, liant la côte des Caraïbes à la capitale , Tegucipalga, tombe à sec quand l'argent ne suffit plus. La ligne doit s'arrêter à San Pedro Sula. Cette ville se développe alors comme la seconde plus importante au pays.

Depuis l'indépendance, près de 330 petites rebellions internes ou des guerres civiles ont miné le pays et fait changer les régimes politiques à bon rythme. La stabilité populaire s'en est trouvée fort affectée.

Vers la fin du 19ème siècle, afin de stimuler l'économie, le Honduras exempte de nombreuses compagnies des États-Unis d'impôts et offre même des terres aux gens des États-Unis voulant venir y faire pousser des fruits. Les bananes sont la vache à lait du pays jusque dans les années 30. Mais la gestion de la présence des États-Unis est déficientes et les retours d'argent se font surtout...aux États-Unis (ou ailleurs) mais l'argent revient peu au Honduras. Sinon chez quelques éléments corrompus.
Des troupes des États-Unis, "venus mettre de l'ordre dans le désordre local", se pointent en 1903, 1907, 1911, 1912, 1919, 1924 et 1925.

En 1904, l'auteur O.Henry, qui y vit au moins 6 mois, invente le terme république de banane pour parler d'un pays dirigé par une petite ploutocratie autoritaire mise en place, aidée par de grandes multinationales de l'agroalimentaire. Par extension, l'expression est utilisée pour qualifier, de manière polémique ou satirique, toute forme de régime politique considéré comme dictatorial et corrompu.
Jusqu'à la réforme sur l'immigration, en 1939, des anglophones des Caraïbes, notamment la Jamaïque et le Belize, introduisent une population d'origine africaine (Retenez le terme africain, noir). Le Honduras se joint aux alliés après l'attaque sur Pearl Harbor en 1941 et signe la déclaration des Nations Unies en compagnie de 15 autres gouvernements, moins d'un mois plus tard.

Des crises constitutionnelles sont une plaie pour le pays dans les années 40. Une réforme dans les années 50, permettant aux travailleurs de s'organiser entre eux, provoque une grève générale qui paralysera le nord du pays pendant plus de deux mois.

En 1960, la partie nord de ce qui était la Mosquito Coast est transférée du Nicaragua au Honduras par la Cour Internationale de Justice. Trois ans plus tard, un coup militaire fait tomber le président élu démocratiquement Ramòn Villeda Morales. En 1969, le Honduras et le Salvador sont en guerre dans ce qu'on appellera la guerra del futbol (ou la guerre des cent heures). On a appelé la guerre ainsi car le Honduras et le Salvador, par le plus grand des hasards s'affrontaient aussi en Coupe du Monde en match préliminaire.

Après la guerre d'une semaine, plus de 130 000 réfugiés illégaux du Salvador furent expulsés du Honduras.

En 1974, l'ouragan Fifi détruit une large partie du Honduras. En 1979 et 1980, le pays retrouve un certain équilibre civil. On réécrit la constitution et on se vote un gouvernement libéral plein d'ambitieux programmes sociaux. Dans ces même années 80, les États-Unis de Ronald Reagan en font des partenaires fantômes des contras.La CIA les soutiennent fermement dans les assassinats extra-judiciaux.

En 1998, l'ouragan Mitch détruit entre 70 et 80% de ce qui faisait la richesse du pays. On estime les pertes à 3 milliards US$.

Dix ans plus tard, des inondations détruisent la moitié des réseaux routiers. Une crise constitutionnelle fait rage l'année suivante et le gouvernement du pays et moins accepté internationalement. La corruption est si lourde que le citoyen moyen en arrive à tenter de survivre avec moins de 2$ par jour de nos jours.

Les gens veulent mieux. Ils choisissent massivement l'exode. Ils sont près de 5000 à marcher en direction des États-Unis depuis 4 jours.

Donald Trump, "grand appréciateur de l'africain, noir" a martelé que ces gens n'entreraient jamais chez lui et qu'ils seraient illégaux.

Plusieurs autres les pensent réfugiés.

"Make America great gain?" ça tombe pourtant bien, le Honduras c'est l'Amérique Centrale.

Une chose est claire, il ne fait pas bon être Hondurien en ce moment. Ils se sentent on ne peut plus rien.

Honduras: eaux profondes.

Ça ressemble à des noyés ignorés par des sauveteurs.

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