mercredi 30 mai 2018

Les Yeux Bleus de la Paix

Depuis octobre dernier, depuis #MeToo, l'influence des réseaux sociaux est majeure. De simple mots clics, de simple photos, de simple propos bien placés au bon moment peuvent littéralement changer le monde.

Vous connaissez l'histoire de #Chai Wala?

Jiah Ali, jeune femme d'Islamabad, circule sur les lieux du marché de l'endroit et y est fascinée par la beauté des yeux d'un jeune vendeur de thé de 18 ans, très concentré sur son travail. Jiah Ali est une habituée de la beauté, elle la voit souvent, elle est photographe de mariage, de profession. Mais là, le 16 octobre 2016, elle est flabbergastée par le charme de ce jeune homme et le croque en image sur son appareil, qu'elle a toujours sur elle pour vampiriser ce qui se passe autour.

Revenue chez elle, elle reste si charmée par la photo et le regard bleu du jeune homme, Arshad Khan, 18 ans, ancien vendeur de fruits, maintenant vendeur de thé, qu'elle publie la photo sur son compte Instagram avec le #Chai Wala (vendeur de thé) et le commentaire à double sens "hot tea".

La photo devient instantanément virale, 12 000 "J'aime" en très peu de temps et 24 heures plus tard, le vendeur de thé devient un phénomène. Tout le Pakistan en parle. Partout.
Il faut savoir qu'au même moment, de graves tensions diplomatiques provoquent des conflits entre le pays voisin, l'Inde, et le Pakistan, dans la région du Cachemire. L'Inde et la Pakistan partagent la même passion du thé, et le même type d'intérêt (mondial) pour les réseaux sociaux. La photo fait donc aussitôt sensation là-bas aussi. Il fera sensation jusqu'à un autre royaume du thé: Londres, Angleterre.

"Ses yeux..."
"Trouvé le plus bel homme sur terre, plus besoin de chercher"
"J'arrive au Pakistan" dira une autre.

Dans l'heure où la photo a été mise en ligne, entre 40 et 50 femmes sont venus le voir au marché de thé, a affirmé  Arshad Khan.

Très confus, et un peu étourdi du vertige d'une attention nouvelle qu'il n'avait pas demandé, mais excité tout de même, on lui a fait signer un contrat de mannequin. Il aurait eu plusieurs offres.

Jiha Ali est restée fort étonnée elle-même de toute l'attention que sa photo, toute simple, voulant simplement capturer la beauté de la vie, a généré.

Certains internautes, faisant référence aux tensions entre l'Inde et le Pakistan ont posé la question:

"C'est vraiment face à ça que vous seriez hostiles?"

D'autre diront que des bombes de l'Inde visant le Pakistan seraient futiles car la bombe atomique, c'est lui.

L'espace d'un instant d'automne, Arshad Kahn s'est retrouvé ambassadeur de la paix car, effectivement, depuis, les tensions entre les deux peuples sont moins vives. On parle même de ce moment comme de la trêve du thé dans les cercles politiques et à la télévision.

Arshad a pris la balle au bond et en a remis en disant que son plus beau rêve, serait de tendre la main à son frère indien. Il a tâté un peu du film (en Angleterre) et du mannequinat, mais ça venait en conflit avec les valeurs familiales. Il a, depuis, enligné sa carrière autour du journalisme culturel.

Comme quoi, la beauté peut sauver le monde.

Et les réseaux sociaux peuvent parfois être lumineux.

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